Chez Naval Group, la CFDT confirme et conforte sa première place abonné

[Mise à jour du 19 ocobtre 2018] Les premières élections dans le cadre du CSE chez Naval Group ont permis à la CFDT de conforter sa première place.

Une bonne organisation, des outils appropriés, un suivi efficace et un inlassable travail de terrain : tels sont les ingrédients d’une stratégie d’adhésions en positif depuis près de dix ans pour la section CFDT du site lorientais de construction de navires militaires de surface.

Par Didier Blain— Publié le 20/08/2018 à 08h24


[Mise à jour du 19 octobre 2018]

Avec un taux de participation de 74 %, les salariés de Naval Group ont envoyé un signal fort en renouvelant leur confiance à la CFDT avec 31 % des voix. Elle reste ainsi la première organisation syndicale du groupe et obtient 59 sièges sur 175. Ces premières élections des élus au Comité social et économique (CSE) se sont déroulées du 8 au 18 octobre exclusivement par vote électronique et concernait 13 000 salariés sur les 9 établissements de l’entreprise. 


« On n’a malheureusement pas de recette miracle, juste des outils qu’on met en place progressivement », prévient d’emblée Franck Lavoine, le secrétaire de la section CFDT de Naval Group (ex-DCNS) de Lorient pour expliquer les bons chiffres d’adhésion à sa section. Depuis 2009, la CFDT réalise entre 20 et 30 adhésions par an. Résultat : un solde positif de 10 à 20 adhérents selon les années. « Nous n’avons eu aucun départ pour désaccord politique, précise Arnaud Kerzerho, élu CFDT au comité d’entreprise. Il y a quelques départs vers d’autres entreprises et des départs en retraite. À ces derniers nous proposons de rejoindre l’UTR [union territoriale des retraités]. »


N’oublier personne
Afin de n’oublier personne dans ses démarches de proximité, la section a affiché dans son local un grand tableau de l’ensemble des services du site de Naval Group Lorient. Chaque fois que l’un des membres de la section y intervient, il coche la case avec la date de son passage. Cela permet de visualiser très rapidement le travail effectué… et ce qui reste à faire.

L’Afterwork du vivre-ensemble
Offrir un verre dans un café proche du lieu de travail aux adhérents cadres sur le site : telle est la proposition de la section avec l’Afterwork (« après le travail »). Pour ceux qui n’ont guère de temps dans la journée de travail pour s’informer, échanger, faire connaissance avec des collègues d’autres services, c’est l’idéal. La section profite de l’occasion pour proposer à des sympathisants de participer dans le but d’en faire de futurs adhérents ou aux adhérents de s’impliquer davantage dans la vie de l’équipe CFDT.

Des décisions partagées
Dans un souci de proximité, les responsables de la section essaient d’associer le plus souvent possible le bureau de section, voire l’ensemble des adhérents. Dès qu’une décision le nécessite, les responsables convoquent les adhérents ou le bureau. De même pour argumenter sur la non-mise en œuvre par la direction d’un accord sur la QVT, l’équipe CFDT a lancé une enquête. Elle fera une restitution aux salariés et s’appuiera sur les réponses quand viendra le moment d’interpeller la direction.

Sur ce vaste et impressionnant site lorientais où plus de 2 000 salariés Naval Group et un millier de sous-traitants et d’intérimaires travaillent à la construction navale militaire, plusieurs dizaines de métiers cohabitent et sont regroupés dans une quinzaine de secteurs d’activité. Dans le local CFDT, l’équipe a dressé un grand tableau de ces secteurs qu’elle coche chaque fois que l’un des permanents y intervient. « Il s’agit de n’oublier personne, explique Franck Lavoine. On tient des petites réunions pendant les pauses au cours desquelles on donne de l’information sur ce qui s’est dit dans les IRP [instances représentatives du personnel]. On fait aussi systématiquement des comptes rendus de ces instances. Ça coule de source selon nous mais il semblerait que ce ne soit pas le cas pour d’autres organisations syndicales. Résultat : des adhérents d’autres organisations viennent dans nos réunions. On ne sait jamais ce qui se passe dans le secret des urnes… »

Pendant longtemps, le site a connu une sectorisation syndicale forte : la production à la CGT, les bureaux d’études à la CFDT, etc. « Depuis 2010, à la faveur d’une réorganisation complète des services, on a osé aller à la rencontre des salariés qui n’étaient pas de nos “fiefs”, raconte Arnaud Kerzerho. Au départ, l’accueil n’était pas toujours chaleureux mais, avec le temps, les gens se sont mis à nous parler franchement et ils ont compris qu’on leur apportait des informations qu’ils n’avaient pas. Et ça se traduit dans les résultats électoraux. »

Trois organisations syndicales dans un mouchoir de poche

Aujourd’hui, la CFDT est deuxième organisation syndicale sur le site à 27,37 %, dans un mouchoir de poche avec l’Unsa (28,5 %) et la CGT (27,19 %). « Notre objectif est de devenir la première organisation aux élections professionnelles d’octobre 2018. On aimerait prendre le comité social et économique. C’est un point de contact important avec l’ensemble des salariés », reconnaît Christophe Danet, le secrétaire du CHSCT, permanent CFDT et monsieur « juridique et retraite » de la section. Christophe contribue largement au succès de la section avec son point info-retraite. « Je prends tout le monde, les adhérents, mais aussi les salariés non adhérents. Tous repartent avec un bulletin d’adhésion… même s’ils ont 60 ans et ne sont plus là que pour deux ans, je prends », sourit-il. Christophe quittera bientôt la permanence CFDT de Naval Group pour se « reconnecter » avec le travail. Sandrine Rivoallan, trésorière du syndicat et permanente, et deux autres militants reprendront la compétence retraite.

Autre clé de la réussite de la section, l’enquête qualité de vie au travail (QVT). « On a signé un accord QVT pour l’ensemble du groupe. La direction tarde à le mettre en œuvre, constate Franck Lavoine. En avril, on a lancé une enquête inspirée d’une proposition de la Confédération, avec des questions fermées et, à ce jour, nous avons obtenu près de 200 réponses. Nous nous appuierons dessus pour interpeller la direction sur des points précis soulevés par les réponses. On fera également un dépouillement en juin pour une restitution par tract à l’ensemble des salariés. Cette enquête et le tract de restitution sont de bons supports pour aller au contact des personnes. »

La section CFDT défend l’idée d’être au plus près des souhaits des salariés et l’applique à de nombreuses décisions. « Selon l’importance de la question à traiter, on fait appel au bureau de section, soit une…

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