Hôpital privé du Confluent : Les “gilets blancs” au service des salariés abonné

Alors que la dégradation des conditions de travail et les incertitudes sur l’avenir de l’hôpital privé alimentent les tensions depuis trois ans, la section CFDT mène un travail d’écoute et de proximité. Une présence qui lui a permis de gagner la confiance des agents, de peser sur la direction et d’engranger de bons résultats dans les négociations.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 13/08/2020 à 07h07

image

« Honorer la confiance des salariés et porter haut leur intérêt dans les négociations, lors des consultations et à chacun des rendez-vous que nous aurons, tant avec notre direction locale qu’avec les représentants de Vivalto [le repreneur] au niveau national, voilà notre programme pour les semaines et mois à venir », résume Fabien Hallet. À 33 ans, cet aide-soignant de nuit élu délégué syndical expose ainsi les ambitions de la CFDT pour l’hôpital privé lucratif du Confluent de Nantes. Dans cet établissement de plus de 1 200 salariés, la CFDT a raflé 94,5 % des suffrages aux élections professionnelles de décembre 2019, avec une participation en hausse de 10 points. Elle détient désormais la totalité des sièges au comité social et économique. Ce résultat exceptionnel ne doit rien au hasard. « Depuis des années, nous sommes sur le terrain, notre travail est connu et reconnu par les agents », explique Régine Darrouzes, salariée de l’hôpital depuis vingt ans et fraîchement élue secrétaire du CSE. Adhérente depuis 2004, elle ne compte plus ses visites dans les services et les rencontres, qui se sont multipliées ces trois dernières années. « En 2017, nous avons appris que les médecins [qui sont aussi actionnaires] souhaitaient revendre leurs actions à un investisseur extérieur, pour un montant estimé à 300 millions d’euros. » L’annonce sème le trouble et provoque aussitôt de vives inquiétudes chez les salariés du plus grand hôpital indépendant français. Le manque de visibilité et les craintes que fait peser cette décision sur l’emploi viennent s’ajouter à la fatigue des salariés, épuisés par un déficit chronique d’effectifs. Les rumeurs et le flou, volontairement entretenus par la direction, entraînent inévitablement la dégradation de l’ambiance générale et impactent les conditions de travail.

Une mobilisation massive

Une équipe sur le terrain
« Depuis des années, nous nous rendons dans les services, matin, midi, soir et nuit », explique Régine, la secrétaire CFDT du CSE. Un travail de proximité récompensé par le vote massif des salariés en faveur de la liste CFDT. Autre grande satisfaction pour Régine et Fabien, délégué syndical : un taux de participation en hausse de 10 points par rapport au précédent scrutin.

Une commission spéciale
En novembre 2019, la section obtient la mise en place d’une « commission pouvoir de vivre et pouvoir d’agir » au sein du nouveau comité social et économique. « On va donner la possibilité aux salariés d’agir sur leur quotidien et sur des projets locaux ! », se félicite Fabien.

Le travail en réseau
La section de l’hôpital nantais (le plus gros du groupe Vivalto en nombre de salariés) va travailler en lien avec les équipes CFDT des différents établissements dudit groupe. Ensemble, ils entendent peser sur la direction à l’échelle nationale. La feuille de route de la section est claire : « Honorer la confiance des salariés et porter haut leur intérêt dans les négociations, lors des consultations et à chacun des rendez-vous que nous aurons, tant avec notre direction locale qu’avec les représentants du repreneur [Vivalto] au niveau national. »

« C’était extrêmement tendu. Le mal-être diffusait à tous les étages », résume Régine. La pression sur les agents s’accroît. La CFDT alerte. Réponse de la direction ? La mise en place d’un plan d’efficience, afin de rationaliser l’organisation dans les services et réaliser des économies d’échelle. L’objectif affiché est clair : alléger la masse salariale et ainsi mieux amadouer le repreneur. « On nous disait qu’un salarié ne serait plus remplacé les trois premiers jours de son absence et qu’il faudrait ensuite que les services soient solidaires entre eux. » Inacceptable pour la section. « On nageait en plein délire ! » Afin de répondre aux nombreuses interrogations des salariés, la CFDT enchaîne les temps d’échange. « Alors quand l’annonce de la vente a été officialisée, on a décidé de passer à la vitesse supérieure. » Une grève est déclenchée. La mobilisation est massive. Quelque 700 salariés cessent le travail, les rendez-vous des patients sont reportés, les opérations prévues au bloc annulées. La direction est surprise par l’ampleur du mouvement. La CFDT organise même un pique-nique devant l’établissement et contraint la direction à s’expliquer face aux salariés. C’est la panique à bord, celle-ci craint de voir son image ternie et les candidats à la reprise refroidis. La CFDT profite de ce rapport de force : elle obtient rapidement des garanties sur la sécurisation de l’emploi, l’intégration du treizième mois dans le contrat de travail et le rééquilibrage des effectifs, avec l’embauche de 37 équivalents temps plein. Une première victoire pour les salariés et la section de l’hôpital.

La prime Macron et la prime liée à la vente

L’activité redémarre. Le combat, lui, se poursuit. La CFDT veut faire passer le message. « Maintenant que la vente est officielle, nous demandons que les salariés qui contribuent à l’activité et la bonne santé de l’hôpital soient eux aussi récompensés », assène…

Pour continuer de lire cet article, vous devez être abonné.

s'abonner

Déjà abonné ? Connectez-vous