[Portrait] Ingrid, négociatrice tout-terrain !

Publié le 17/12/2020

Cheffe de produits et déléguée syndicale dans une PME industrielle, Ingrid est également mandatée par la CFDT au sein de l’Opérateur de compétences des entreprises de proximité (OPCO-EP). Un engagement au service de la formation professionnelle des salariés des petites et moyennes entreprises. Là où les besoins sont bien souvent les plus criants. Rencontre – en visio – avec cette militante exigeante et rompue à l’art de la négociation

Après des études entrecoupées par un séjour Erasmus à Cambridge et couronnées de plusieurs diplômes (DUT en techniques de construction, licence en langues étrangères appliquées, master en marketing, logistique et achat), Ingrid a enchaîné les expériences professionnelles. Yves Rocher, Procter & Gamble, l’Oréal… Au sein de ces multinationales, la jeune diplômée a l’occasion de développer sa maîtrise des langues, tout en affûtant ses armes dans l’achat/vente. « J’ai de la famille un peu partout sur la planète ; ce qui m’a donné le goût des voyages et l’envie de tr vailler à l’international », confie cette fille de haut-magistrat centrafricain et d’aide-soignante camerounaise.

Des avancées dans sa boîte
En 2006, Ingrid décroche son premier CDI au sein d'une société spécialisée dans l’import/export de matériel de construction. Elle rejoindra la CFDT en 2014. « J’étais à l’époque élue sans étiquette au comité d’entreprise. Mais pour faire bouger les choses, j’avais besoin d’appui », se souvient-elle. On lui conseille alors de se rapprocher de la CFDT. Ce qui lui donne l’opportunité de se former – à la négociation notamment – et d’être accompagnée. « J’ai vu la différence, sourit Ingrid. La CFDT m’a aidée à construire, parfois avec l’éclairage d’experts, de solides revendications », argue-t-elle.

Dans son entreprise, la déléguée syndicale s’active sur tous les terrains. « Nous avons ouvert davantage les métiers technico-commerciaux aux femmes. L’instauration de l’index de l’égalité nous a notamment permis d’avancer sur ce sujet. Nous avons également renforcé l’épargne salariale en améliorant l’accord de participation », souligne Ingrid. Des avancées qui, mises bout à bout, ont contribué à hisser la CFDT au rang de première organisation syndicale dans l’entreprise.

Parallèlement à cet engagement, la jeune syndicaliste – elle a eu 40 ans cette année – est aussi négociatrice pour la fédération CFDT des Services au sein de la branche import/export. Où, là encore, elle peut avoir quelques motifs de fierté. « Nous avons créé en 2018, après négociation, une nouvelle formule de santé premium dans notre régime de branche pour répondre aux besoins des salariés notamment sur les dépenses en optique et dentaire », se félicite-t-elle.

À la découverte du syndicalisme interprofessionnel
Depuis cette année, Ingrid est par ailleurs mandatée CFDT au sein de la délégation francilienne de l’OPCO-EP, qui décline la politique régionale de formation et d’apprentissage dans les secteurs de l’artisanat, des services et des professions libérales. Sa mission consiste à fixer, avec les autres organisations syndicales et patronales, les objectifs de formation et élaborer des budgets, en croisant les perspectives d’emploi par métiers et territoires. « La formation professionnelle est un sujet qui me tient à coeur. Par rapport à mon mandat de branche, le panel d’activités – coiffure, taxis, notariat, pompes funèbres… – est ici bien plus varié », note-t-elle d’abord. Les entreprises de moins de 50 salariés y sont aussi largement majoritaires. « Avec les réformes successives, les dispositifs de formation peuvent sembler illisibles pour les salariés les plus isolés. C’est donc vers eux que notre action se dirige en priorité, assure-t-elle. Dans les très petites entreprises, nous mettons en place des micro-actions de communication pour faire connaître les droits à la formation ».

Pendant le premier confinement, l’OPCO-EP a aussi lancé une enquête auprès des employeurs, salariés et apprentis d’Île-de-France pour cerner leurs besoins et attentes. « Si les employeurs voient parfois la formation comme un simple coût, elle est avant tout pour la CFDT un outil au service des compétences, de l’autonomie et, au fond, de l’émancipation », résume-t-elle. Ce mandat interprofessionnel lui apporte au final une autre corde à son arc : une certaine vision locale du marché du travail, quand son quotidien professionnel est tourné vers les marchés internationaux. « Mais tout se complète », conclut, dans un large sourire, la militante parisienne, capable de mettre ses compétences à profit sur de multiples terrains.