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Grève à la maison de retraite « l’Union belge » à Courbevoie : une prime de 500€ pour les soignants

Publié le 10/07/2020

Le 29 juin, après trois mois passés en première ligne, les salariés de l’EHPAD l’Union Belge à Courbevoie (92) ont répondu à l’appel à la grève lancée par la CFDT afin d’obtenir le paiement d’une prime de 500€. Une action coup de poing qui a aussi permis d’engager avec la direction des discussions plus larges autour de la revalorisation des conditions de travail et une meilleure prise en compte des besoins en emploi et formation. Entretien avec Faouzia Lamani, aide-soignante et secrétaire de section CFDT élue au CSE.

Pourquoi la CFDT a-t-elle appelé à la grève ?

Au cœur de la crise, notre direction nous avait promis une prime. Avant de faire machine arrière… Pour la CFDT, majoritaire dans l’EPHAD, c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Nous voulions que la direction respecte son engagement et reconnaisse l’immense travail accompli par les salariés. Certains ont travaillé 7 jours sur 7. Tous ont bousculé leur planning. Au début, nous avons aussi manqué de matériel de protection et pris des risques.  Nous avons eu cinq personnes âgées décédées et plusieurs collègues touchés par le Covid-19.

L’Union belge est une entreprise à but lucratif qui génère de l’argent, avec des tarifs de chambres pouvant aller jusqu’à 5400 € par mois. Dans le même temps, beaucoup de salariés sont payés 1300 € et doivent cumuler parfois plusieurs boulots pour faire face au coût de la vie – et notamment des logements – en Île-de-France.

La prise en charge d’un résident atteint de la maladie d’Alzheimer n’a rien à voir avec celle d’un résident semi-autonome. Et on continue pourtant de nous demander de prendre en charge jusqu'à 10 résidents, avec des cadences de soin infernales.


Face à notre mobilisation, la direction a finalement accepté le paiement d’une prime de 500 € net. La CFDT a également obtenu l’ouverture de discussions pour revaloriser les conditions de travail des salariés et réfléchir aux besoins en emploi et formation. Des questions centrales qui s’inscrivent dans une réflexion plus large sur une meilleure prise en charge des résidents.

Que revendiquez-vous à présent ?

Dans notre établissement, qui compte 56 salariés en équivalent temps plein, les salaires des soignants sont couverts par les dotations de l’Agence régionale de santé (ARS). Mais les calculs de dotations prennent mal en compte les réalités de travail. Par exemple, la prise en charge d’un résident atteint de la maladie d’Alzheimer n’a rien à voir avec celle d’un résident semi-autonome. Et on continue pourtant de nous demander de prendre en charge jusqu'à 10 résidents, avec des cadences de soin infernales. Ce qui revient en fait à bousculer les résidents les plus dépendants. Les économies, c’est une chose. Mais il y a des personnes humaines derrière. Ce sont nos parents et grands-parents quand même.  

Nous demandons le recrutement d'une personne supplémentaire la nuit et d’une personne « volante » en journée

Face à ces réalités, nous demandons le recrutement d’une personne supplémentaire la nuit ainsi que d’une personne « volante » en journée. Nous avons aussi engagé une réflexion autour de la montée en qualifications. Certaines d’entre nous sont auxiliaires de vie depuis 20 ans. Pourquoi ne les accompagne-t-on pas dans l’obtention d’un diplôme d’aide-soignante ? Idem pour les aides-soignantes qui aimeraient passer un diplôme d'infirmière ?

Que vous répond la direction ?

Sur les questions d’emploi et de formation, les discussions n’en sont encore qu’au début. Pour l’heure, l’ARS nous répond que pour obtenir plus de dotations, le personnel soignant doit faire remonter davantage d’informations sur la prise en charge des résidents et les spécificités liées à certaines maladies. Ce à quoi nous avons répondu que pour transmettre ces informations, il nous faudrait davantage d’outils techniques. Un logiciel existe, mais ne fonctionne pas toujours. L’établissement ne compte par ailleurs qu’un seul ordinateur. Nous avons obtenu qu’il y en ait un à chaque étage.  Les salariés pourront aussi être accompagnés dans la prise en main du logiciel.