Transitions collectives : des plateformes pour anticiper la mutation des bassins d’emploi

Publié le 19/03/2021

Alors que la crise secoue notre modèle économique et social, le gouvernement a créé fin 2020 un dispositif de transitions professionnelles collectives permettant d’organiser, dans chaque bassin d’emploi, les passerelles entre les entreprises en difficulté et celles qui ont des besoins en recrutement. En Île-de-France, dix territoires – dont Roissy – sont intéressés par le dispositif

Crédit : Alain Leduc / ADP

En juillet dernier, lors du démarrage du plan de relance, la CFDT a rappelé la nécessité de disposer d’un outil pour organiser les transitions professionnelles de manière collective. « Depuis longtemps, nous appelons de nos voeux la création de maisons de l’emploi et de sécurisation des parcours professionnels réunissant acteurs de l’emploi et de la formation et financeurs, rappelle Géraldine Cornette, secrétaire régionale CFDT. En somme, c’est l’idée de développer une Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) territoriale, comme il en existe dans d’autres régions ».


Jusqu’à 24 mois de formation financée


Innovant, le dispositif de transitions collectives – ou ‘TransCo’– doit permettre aux salariés d’une entreprise dont l’emploi est menacé de se positionner sur un métier porteur localement. Et ce, sans avoir à passer par la case chômage. « L’objectif du dispositif n’est pas d’amortir l’impact des plans sociaux et des licenciements en période de crise. Il a été pensé comme un outil permettant d’anticiper la mutation des emplois et des métiers sur un territoire, précise Géraldine Cornette. Dans le cadre d’une reconversion, les salariés pourront ainsi obtenir le financement de formations longues, jusqu’à 24 mois, tout en conservant leurs garanties contractuelles », poursuit-elle.

Concrètement, une entreprise qui voit son activité décliner ou disparaître peut négocier un accord de Gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP) pour permettre aux salariés volontaires d’intégrer, via une plateforme de mise en relation, une entreprise recruteuse d’un même territoire. Si la CFDT soutient le développement du dispositif, elle insiste sur l’importance de définir un périmètre territorial cohérent pour ces plateformes. « Le maillage des bassins d’emplois doit être fin si l’on veut faciliter l’accompagnement des salariés, défend Géraldine Cornette. C’est pourquoi la CFDT appelle à la constitution de plateformes souples et opérationnelles. Nous devrons aussi être attentifs à ce que le dispositif profite aux salariés des petites entreprises et des sous-traitants ».

Roissy dans les starting-blocks


Pour l’heure, l’appel à manifestation d’intérêt lancé par le gouvernement a retenu l’attention de dix groupements dans la région. Plusieurs projets sont déjà sur les rails, comme dans la zone aéroportuaire de Roissy, où le groupement Paris CDG Alliance – déjà constitué (ex GIP « emploi Roissy ») – a lancé les démarches pour se doter d’une plateforme labellisée ‘TransCo’. La CFDT n’intègrera pas la gouvernance de cette plateforme, mais a déjà commencé à collaborer avec le groupement. « Nous nous sommes engagés à faire connaître le dispositif de transitions professionnelles collectives aux salariés, précise Raphaël Breton, secrétaire général de la CFDT de l’Est francilien (93/77). C’est d’autant plus urgent que l’aéroport tourne à 20 % de ses capacités en ce moment. Nous avons donc commencé à informer nos équipes syndicales implantées dans les entreprises du territoire. L’enjeu, c’est de sécuriser un maximum de salariés en les préparant mieux aux métiers de demain. La CFDT s’est ainsi engagée à faire la promotion du Conseil en évolution professionnelle (CEP), rendu obligatoire dans le cadre d’une transition professionnelle collective. On estime qu’entre 2 000 et 3 000 salariés pourraient être concernés chaque année ». 

 

À l‘instar du Grand Roissy-Le Bourget, le groupement territorial Grand Orly Seine-Bièvre a également fait part de son intérêt pour ce dispositif de transition collective.