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[Interview] Mylène Jacquot : " Notre syndicalisme CFDT, ce n’est pas choisir entre tout ou rien "

Publié le 29/10/2018

L’Union des fédérations de fonctionnaires et assimilés (UFFA) coordonne l’action de dix fédérations CFDT où l’on recense des agents du secteur public. À l’approche des élections, Mylène Jacquot, secrétaire générale, fait le point sur la campagne électorale en cours et ses enjeux.

Crédit photo : Philippe Buisson

Comment se déroule la campagne ?
Pour nous, elle a commencé il y a plus de 18 mois, dès janvier 2017, par une phase de bilan de la campagne de 2014. On avait noté que l’organisation des élections à une même date pour l’ensemble des personnels avait permis une mobilisation de toute la CFDT, au-delà des agents du secteur public. Mais des évolutions étaient nécessaires. C’est pourquoi, par exemple, nous mutualisons aujourd’hui davantage nos outils grâce à l’espace collaboratif du site confédéral. Cet espace permet à chacun de partager ses outils : tracts, argumentaires, banque de dessins... C’est du temps et de l’énergie gagnés pour tous !

Aussi, nous organisons régulièrement des temps d’échange avec les fédérations et unions régionales. Car il est important de se voir pour affiner nos messages et croiser les visions professionnelles et interprofessionnelles. Ces rencontres permettent de suivre l’état d’avancement de la constitution des listes, de partager les idées d’actions innovantes ou encore les difficultés observées. Pour l’heure, nous avons de bons retours sur les outils mis à disposition, comme le « Vrai/faux » sur les idées reçues concernant la fonction publique. De manière générale, l’impulsion qui est donnée – en matière de proximité et de développement syndical – va dans le bon sens. Nous espérons avoir des listes là où l’on n’en avait pas en 2014. Car tous les agents doivent pouvoir voter CFDT !

il est essentiel d’aller au contact des agents pour recueillir leur point de vue
Quels sont les enjeux de ces élections pour la CFDT ?
Notre objectif au niveau national est de devenir la première organisation syndicale tous secteurs confondus (privé et public). Mais si ces élections revêtent une importance capitale pour l’ensemble de la CFDT, ce sont avant tout des élections de proximité. C’est pourquoi il est essentiel d’aller au contact des agents pour recueillir leur point de vue. Ce sont quand même eux les mieux placés pour parler de leur travail et faire des propositions ! Cette méthode est en lien étroit avec nos revendications : pleine reconnaissance des missions, juste rémunération, déroulement de carrière valorisant les compétences, respect du calendrier « Parcours professionnels, carrières et rémunérations » (PPCR), etc.

Nous avons par ailleurs la volonté de construire des droits pour tous les agents, qu’ils soient fonctionnaires ou contractuels. La CFDT est une organisation syndicale qui se refuse à penser que la seule solution qui devrait être proposée aux contractuels est de devenir des fonctionnaires titulaires. Certains n’en ont ni l’envie, ni l’intérêt. Dès lors, il nous faut élaborer des revendications qui permettent d’améliorer les droits collectifs des contractuels, de sécuriser leurs parcours et d’en finir avec la fragilité de leur situation.

les questions de logement et de transport sont prégnantes et ont un impact réel sur le travail des agents
Les résultats en Île-de-France feront l’objet d’une attention particulière…
Indéniablement, au vu de son poids en termes d’effectifs et donc de nombre de voix, l’Île-de-France a une grande importance… C’est une région hyper contrastée. Les problématiques sont bien différentes selon que l’on travaille à Paris ou en grande couronne. Mais en général, les questions de logement et de transport sont prégnantes et ont un impact réel sur le travail des agents et sur leurs attentes, notamment en ce qui concerne le télétravail. On a constaté en 2014 une poussée de l’abstention.


Notre rôle, c’est d’améliorer le quotidien des agents et de leur donner les moyens de remplir leurs missions.
Est-ce une crainte pour la CFDT ?
Oui, c’est une crainte partagée par toutes les organisations syndicales. Pour inverser la tendance, notre action doit résolument se placer sur le terrain syndical. Il nous faut aussi valoriser nos résultats. Ce qui ne veut pas dire qu’on perd de vue l’intérêt général. Mais on ne se positionne pas pour ou contre le gouvernement. Notre rôle, c’est d’améliorer le quotidien des agents et de leur donner les moyens de remplir leurs missions. En étant exigeants et non dogmatiques, comme nous avons pu le montrer lors des récentes concertations avec le gouvernement. Notre syndicalisme CFDT, ce n’est pas choisir entre tout ou rien. Car à ce jeu-là, on n’obtient souvent rien...