[Dossier] La formation syndicale, un défi pour toute la CFDT

Publié le 18/03/2019

C’est l’une des marques de fabrique de la CFDT : proposer des formations de qualité à ses élus d’entreprise et d’administration, mandatés et autres responsables syndicaux. En permettant la montée en compétences des militants, la formation syndicale contribue aussi au développement syndical et à la représentativité de la CFDT. Un défi d’autant plus grand que, devenue première organisation syndicale française fin 2018, la CFDT porte aujourd’hui une plus grande responsabilité vis-à-vis de tous les travailleurs.

Se former est un acte militant et citoyen qui traduit l’engagement des adhérents, des élus et responsables syndicaux à mieux exercer leur rôle d’animateur de collectifs et de porte-parole des salariés auprès des employeurs et au sein de l’organisation. C’est aussi un acte fort qui montre l’importance qu’on accorde à cette mission de représentant. Se former, enfin, est un gage de sérieux renvoyé aux salariés.

Dans les entreprises, le renforcement des compétences des élus et mandatés est une étape indispensable pour construire un rapport de force et un dialogue social porteurs de résultats. La formation syndicale est donc un atout majeur pour négocier, aller à la rencontre des salariés et recueillir leur avis, proposer une vision différente, parfois alternative à celle de l’employeur. « Une fois formés, les élus peuvent se forger une analyse socio-économique plus claire de la situation de leur entreprise ou administration et peser ainsi sur les choix qui sont faits. C’est l’une des clés de notre efficacité », assure Diego Melchior, secrétaire général adjoint en charge de la formation syndicale.

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Les compétences à acquérir sont nombreuses et il faut également apprendre à fonctionner dans le cadre d’un collectif en s’appuyant sur les règles démocratiques de la CFDT. « La formation permet aux militants de se sentir à l’aise dans leur mandat car on ne devient pas un ‘pro’ de l’action syndicale CFDT comme ça », souligne Valérie Waligora, directrice de l’IREFE, l’institut de formation syndicale de la CFDT Île-de-France.

Les formations proposées par l’IREFE sont basées sur une pédagogie active qui vise – dans l’esprit de l’éducation populaire – à favoriser la participation des adhérents et militants, en s’appuyant sur leur vécu et leur expérience. Les travaux de groupe, jeux de rôles et mises en situation y ont donc une place prépondérante. « Nos formations font la part belle aux pratiques participatives, précise Valérie Waligora. Elles ne sont pas uniquement axées sur les aspects règlementaires, mais aussi sur les pratiques syndicales et particulièrement la négociation. Ce qui n’est pas le cas de certaines formations ‘clé en main’ proposées par les directions ». Rappelons-le : le choix d’un organisme de formation est du ressort des adhérents et des élus et non des employeurs !

L’objectif est aussi que les stagiaires soient en capacité d’aller chercher eux-mêmes, par la suite, les ressources dont ils ont besoin. Un autre atout de la formation interprofessionnelle : la richesse des échanges liée à la diversité des expériences des participants. La formation syndicale telle qu’elle est organisée par l’IREFE s’appuie sur une équipe de formateurs aguerris mais aussi sur un réseau d’animateurs occasionnels, militants dans leur champ professionnel, qui ont été formés à l’animation (voir p.18).

Un parcours de formation pour chacun
Pour faire face à la variété des besoins des élus, mandatés et militants, l’IREFE produit chaque année un catalogue de formations qui intègre les évolutions législatives, les orientations stratégiques de l’Union régionale, mais également les besoins exprimés par les équipes. La logique de parcours prédomine dans l’offre de formation. Ainsi, avec la mise en place du Comité social et économique (CSE), obligatoire d’ici fin 2019, l’institut a profondément bousculé son catalogue de formations 2019 pour construire un véritable « parcours CSE ». En complément de la formation initiale, des formations associées sont proposées : « Porter les réclamations individuelles et collectives des salariés », « Stratégie économique et financière de l’entreprise », « Secrétaire du CSE » et « Trésorier du CSE ». « Cette nouvelle instance unique oblige les élus à investir un très large spectre de sujets, allant des questions économiques et stratégiques à l’organisation et la santé au travail », précise Diego Melchior.

Mieux connaître l’organisation et son histoire
De manière générale, la CFDT Île-de-France porte l’ambition de développer davantage la formation syndicale au cours du mandat. L’Union régionale a donc adopté un document sur la stratégie de formation syndicale qui met en avant ses priorités. La CFDT Île-de-France réunit également régulièrement le réseau des responsables de formation de syndicats. « Nous voulons d’abord démultiplier sur les territoires la formation ‘Découverte de la CFDT’, précise Diego. Avec le fort renouvellement des équipes, certains élus se retrouvent parfois en première ligne face à leur direction et aux autres syndicats sans bien connaître l’histoire, les valeurs et les revendications de la CFDT ».

Au-delà des élus, la formation « Découverte de la CFDT » s’adresse à tous les adhérents CFDT. « Notre objectif est d’améliorer la connaissance de l’organisation », insiste Diego. C’est pourquoi cette formation est désormais proposée systématiquement aux nouveaux adhérents et prise en charge financièrement par l’Union régionale et non plus facturée aux syndicats. « N’oublions pas que se former contribue aussi à obtenir de bons résultats aux élections, tout en attirant de nouveaux adhérents, juge Diego Melchior. C’est un cercle vertueux pour les militants comme pour l’organisation. »


UN DISPOSITIF POUR VALORISER LES PARCOURS MILITANTS - Avec son institut de formation, la CFDT Île-de-France a développé depuis 2015 un dispositif innovant de valorisation des parcours militants, en partenariat avec le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de Paris et l’Agence pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) d’Île-de-France. « L’objectif est d’aider les militants à valoriser les compétences qu’ils ont acquises dans l’exercice de leurs mandats syndicaux, résume Pascale Lukas, responsable de ce dispositif à l’IREFE. Les militants ont l’habitude de penser aux autres, mais beaucoup moins à eux-mêmes », ajoute-t-elle. À travers ce dispositif, certaines compétences – en droit du travail, gestion et management, communication, santé au travail – peuvent ainsi être transposées et éventuellement transférées dans des activités professionnelles. « C’est une démarche qui peut paraître longue car elle nécessite de se poser pour réfléchir à son projet, souligne Pascale Lukas. Une fois qu’on a identifié les blocs de compétences acquises dans un mandat, les militants peuvent décider de valider certains modules dans le cadre d’une formation diplômante ou certifiante qu’ils ont repérée. Ils peuvent aussi faire valoir leurs compétences lors de leur entretien professionnel ou de fin de mandat pour obtenir un nouveau poste ».