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Passage de relais à la tête de l’Union régionale : « On peut être fiers du travail réalisé »

Publié le 02/07/2020

Le 22 juin dernier, Diego Melchior, jusqu’alors secrétaire général adjoint, a succédé à Philippe Lengrand à la tête de l’Union régionale interprofessionnelle CFDT Île-de-France. Parcours, bilan, projets… Après ce passage de témoin, les deux responsables se confient.

Avant de parler bilan et projets, pouvez-vous nous dire comment s’est faite votre rencontre avec l’interprofessionnel ?

Philippe : J’ai commencé à militer pour la CFDT à l’agence BNP de Pantin en 1989. Je me retrouvais dans les valeurs de l’organisation – l’émancipation des peuples et la liberté individuelle, le féminisme, la lutte contre le racisme et le fascisme… – et sa culture de la négociation. Jeune militant, je me souviens avoir été impressionné par Nicole Notat ou encore par Joseph Le Corre, secrétaire général de l’Union régionale à l’époque. D’élections en élections, la CFDT BNP progressait. 

Sur le projet immobilier et la réforme de l’interprofessionnel, je suis satisfait du travail accompli (Philippe Lengrand)

Mais j’avais envie de voir d’autres choses et j’ai frappé à la porte de l’interpro’. J’ai représenté mon syndicat au Conseil de l’Union départementale (UD) de Seine-Saint-Denis ; on m’a confié le mandat d’administrateur à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM)… peu de temps avant « novembre-décembre 1995 », le conflit sur le projet de réforme de la Sécurité sociale. Je n’étais pas en responsabilité, je connaissais mal l’organisation, mais j’étais convaincu ! Alors on m’a envoyé défendre les positions de la CFDT. Ça a été une formation accélérée ! Dans la foulée, en avril 1996, je suis devenu secrétaire général de l’UD.

Diego : Pour ma part, cette rencontre a eu lieu en 2006 lors du grand mouvement de jeunes contre le Contrat première embauche (CPE). Alors étudiant à l’institut d’études politiques de Paris, je militais dans un syndicat étudiant, la Confédération étudiante, qui était proche de la CFDT. Nous étions contre l’idée d’une période d’essai de deux ans prévue dans le CPE, qui impliquait une plus grande précarité des jeunes travailleurs. J’ai participé à l’organisation des manifestations, en lien avec l’Union régionale qui nous épaulait. En charge de la région parisienne à partir de 2008, j’ai alors mené, pour la Confédération étudiante, des actions communes avec l’Union régionale sur le logement des jeunes et à destination des étudiants salariés. Après avoir travaillé quelques années dans les ressources humaines puis le conseil, Philippe m’a proposé, en 2013, de rejoindre l’équipe de l’Union régionale.Philippe en quelques dates 

Philippe, après 7 ans à la tête de l’Union régionale, quel bilan tires-tu ? Et toi, Diego, que retiens-tu de ces années en responsabilité ?

Philippe : Sur le projet immobilier et la réforme de l’interprofessionnel, deux chantiers titanesques, j’ai un sentiment de satisfaction devant le travail accompli. Plus encore pour le projet immobilier d’ailleurs que pour la réforme de l’interpro’ qui, à mon avis, peut être encore approfondie… Mais le résultat est là. Le mandat qu’on m’avait donné était très précis et concernait surtout notre fonctionnement interne. Les syndicats nous demandaient de leur apporter davantage d’accompagnement et de formation. En somme, de montrer concrètement à quoi nous servions.

Aujourd’hui, les relations entre l’interpro’ et les équipes sont étroites. L’accompagnement a été renforcé, via notamment le dispositif ARC et la formation. Par ailleurs, nos finances sont saines et ce, malgré les coûts importants engendrés par l’agrandissement et la rénovation totale des deux sites Euryale Dehaynin et Crimée terminés en 2015. On peut être fiers du travail réalisé.

D’un point de vue plus personnel, participer au Bureau national   confédéral – organe directeur de la CFDT – a été une forme d’aboutissement pour l’ancien délégué du personnel que j’étais.

Diego : À mon arrivée, nous avons lancé un important travail sur l’emploi des jeunes, avec l’organisation de forums de l’emploi dans les quartiers à fort taux de chômage. L’objectif était de s’appuyer sur le réseau des délégués syndicaux de la CFDT pour proposer aux jeunes des emplois, des stages et des contrats en alternance. Je suis fier aussi de ce que nous avons accompli sur le handicap en relançant un groupe ressource de militants au service des équipes syndicales et en organisant de nombreuses rencontres de sensibilisation. J’ai eu également cette chance d’être administrateur de l’Agefiph pendant trois ans. C’est un sujet qui me tient à cœur car quand on pense handicap, on pense inclusion et tolérance.

Le développement syndical est la priorité (Diego Melchior)

Quels chantiers vous semblent importants pour l’avenir ?

Philippe : Je pense que l’organisation doit encore évoluer. Nous devons continuer de nous transformer pour lever les freins à l’adhésion et poursuivre le développement syndical. Si nous avons gagné quasiment chaque année des adhérents, nous pouvons faire mieux. Notamment en tant que région capitale… Et face aux évolutions de la société, il va nous falloir démontrer sans relâche notre utilité.

Diego : Le développement syndical est la priorité. Si la CFDT Île-de-France compte déjà 109 000 adhérents, il nous faut encore progresser ! Avec des adhérents présents dans tous les territoires et sur tous les champs professionnels, nous pèserons davantage encore pour faire valoir nos idées… Nous aurons à réfléchir à notre organisation et à notre offre de services, notamment à destination des jeunes, des cadres ou des travailleurs indépendants. Notre objectif sera aussi de renforcer l’accompagnement et la formation syndicale des élus du personnel et des militants. Pour notre région, nous aurons à faire face à de nombreux enjeux dans l’après-crise sanitaire.  La CFDT Île-de-France prendra toute sa place dans la réflexion sur l’avenir et dans le dialogue social, en portant des propositions pour la justice sociale, le développement durable et la démocratie territoriale.

Diego en quelques datesPourquoi ce passage de relais un an avant le congrès ?

Philippe : C’est une décision qui a été longuement mûrie. Je suis dans l’interpro’ depuis 24 ans, à l’Union régionale depuis 17 ans… Je crois qu’il était temps de céder la place. Le contexte a joué aussi puisque j’ai eu l’opportunité de prendre de nouveaux mandats (administrateur à la CAF 93, administrateur au Comité régional d’Action logement, président de la commission emploi-formation au Ceser, NDLR).

Et puis l’équipe est prête et Diego a de nombreuses qualités et connaît bien la maison. Sans faire du jeunisme, je pense qu’il faut que les jeunes prennent davantage de responsabilités au niveau syndical. D’autant plus dans une région jeune comme l’Île-de-France.

Diego : Juste un mot sur Philippe… Il a toujours agi pour la prise de responsabilités des jeunes, des femmes et des personnes issues de la diversité. Dès le début, il m’a fait confiance. Ces trois dernières années, nous avons travaillé ensemble au quotidien pour aboutir à un passage de relais anticipé et bien préparé. Philippe nous laisse une organisation solide, proche de ses équipes et actrice du dialogue social dans notre région.