« Duos de demain » : paroles de marraines

Publié le 25/10/2016

Quelques mois après le lancement par France terre d’asile des « Duos de demain », visant à aider à l’intégration des réfugiés, une cinquantaine d’adhérents et militants CFDT se sont déjà engagés dans le dispositif. Témoignages de deux "marraines" : Marie-Paule Brisciano (CFDT Retraités) et Aurore Martin (Syndicat énergie chimie d’Ile-de-France CFDT).

MARIE-PAULE & KADIATOU
« Avec mon mari, nous nous étions renseignés sur ce que nous pourrions faire pour les réfugiés. Et quand j’ai vu cette initiative, je me suis dit : Marie Paule Duos de demain‘Enfin du concret !’ », rembobine Marie-Paule Brisciano, enthousiaste enseignante à la retraite. Cette adhérente CFDT est l’une des premières à avoir formé un duo. Sa ‘filleule’, Kadiatou, 38 ans, est arrivée en France en 2012 en provenance du Mali. « Elle a rejoint son mari et ce n’est qu’en 2015 qu’elle a obtenu ses papiers et pu bénéficier d’un hébergement via France terre d’asile » explique-t-elle.


Depuis juillet, Kadiatou habite un logement social en Essonne avec son mari Babakar et leurs deux filles, Rokia, 1 ans, et Oumo, 3 ans, qui vient d’entrer à l’école. « Pour elle, qui parle à peine le français, comme pour sa mère, l’école est le meilleur moyen de s’intégrer, soutient Marie-Paule. Kadiatou a vécu un déracinement, qui fut d’autant plus difficile qu’elle a laissé sa fille de 17 ans au pays », souffle-t-elle. Marie-Paule l’assure en tout cas : l’une et l’autre sont ravies de leur rencontre. Et elles ont déjà partagé nombre d’activités : balade à Paris-Plages, visite de la grande galerie de l'Évolution, atelier de pâtisserie etc. « Pour elle, il est important de se sentir comme tout le monde, souligne-t-elle. Et maintenant que l’une de ses filles est à l’école, Kadiatou envisage de travailler comme employée de cantine et de se former. » Un chemin au cours duquel elle pourra compter sur son attachante marraine.

AURORE & NASSOUR
Représentante CFDT au sein d’Engie, Aurore Martin est engagée dans plusieurs collectifs d’aide aux migrants. Quand elle apprend que France terre d’asile et la CFDT s’associent, à travers les « Duos de demain », pour mobiliser la société civile, elle n’hésite pas une seconde. « La proposition de départ est minimaliste, estime-t-elle, puisque l’on est tenus de se voir qu’une fois par mois. Mais c’est très bien ainsi car chacun peut faire selon ses possibilités ». Avec son mari, d’origine somalienne, elle décide de s’investir à 200% ! Sa rencontre avec son binôme – 24 ans et originaire du Darfour – a lieu en juin. « Depuis ses 11 ans, Nassour a vécu dans des camps de réfugiés. Où il a connu et vu les pires horreurs : famine, violences, viols… » pose-t-elle d’emblée, avec gravité.

Très vite, elle rencontre aussi
Aurore Duos de demainson meilleur ami, Abdelrazik, et le prend sous son aile. Lui n’avait pas de papiers et se trouvait en pleine procédure de régularisation accélérée. Le jeune homme portait en lui l’angoisse de nombre de migrants.  Qu’Aurore résume ainsi : « Est-ce que j’ai assez souffert dans ma vie pour avoir le précieux tampon ? » Il l’obtiendra finalement.

Aussi, pour aider Nassour à panser ses plaies, elle l’oriente vers un psychologue arabophone. « Il a d’abord fallu lui expliquer ce qu’était un psy, souligne-t-elle. Je lui ai dit : ‘C’est comme si tu avais un sac rempli de pierres et qu’il fallait t’en décharger’.». Au fil de leurs rencontres, Nassour et Aurore vont nouer une relation qui dépasse le simple cadre des Duos. « Il est tous les week-end à la maison, confie-t-elle. Il y dort bien. Il a même la clé désormais et peut venir quand il veut avec Abdelrazik ».

Ensemble, ils ont également eu l’occasion de voyager.  « Nous sommes allés un week-end chez ma fille à Rouen et un autre à Poitiers chez mes parents, où nous avons visité le Futuroscope et participé à un mariage. L’air de la campagne est source d’apaisement pour eux », commente-t-elle. Aurore les a par ailleurs accompagnés à un concert de musique afro-jazz, au cinéma ou encore chez un apiculteur. Elleprojette aussi une activité autour de la rivière car Nassour, ancien agriculteur, adore pêcher. Et comme Aurore est autant engagée dans la vie que dans son entreprise, elle a aussi organisé une réunion avec ses collègues pour faire connaître les Duos. « 10 d’entre eux ont demandé à s’engager ! », se félicite la militante, débordante d’énergie.