[Portrait] Christophe, des soins et du coeur

Publié le 03/11/2020

Directeur adjoint d’une résidence pour personnes âgées dépendantes, Christophe Vincent Titeca est aussi un syndicaliste aux multiples casquettes : élu au CSE de groupe, défenseur syndical, suppléant au Conseil de la CPAM de Paris… Portrait de ce trentenaire au CV déjà bien fourni.

Eyragues. C’est dans cette ville provençale d’à peine 5 000 âmes qu’a grandi Christophe. Son père, cuisinier d’origine italienne, et sa mère, serveuse native de Guadeloupe, y tiennent un restaurant familial. Où il rentre encore… toutes les deux semaines ! « J’ai grandi dans le restaurant, où je faisais mes devoirs, en étant élevé aussi par ma grand-mère dont je suis très proche », précise le jeune homme.

De la biologie à la gérontologie

Après deux ans d’études de biologie, Christophe bifurque vers un Institut universitaire professionnalisé (IUP) et s’intéresse aux problématiques d’habitat, d’urbanisme et d’environnement. Son diplôme d’ingénieur-maître obtenu, il poursuit sur sa lancée avec un master d’ingénierie des systèmes de santé des pays tropicaux. Un master durant lequel il décroche un stage au service santé de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, où il travaille sur un programme de prévention et de dépistage de maladies auprès de primo-migrants. Après quoi, Christophe rempile pour un second master en action gérontologique et ingénierie sociale. Dans le cadre de son mémoire, il s’engage comme bénévole dans une association réunissant des personnes âgées homosexuelles. « C’était un réseau de solidarité pour ces personnes dont les liens étaient distendus avec leurs familles », explique celui qui a fait de la lutte contre toutes les discriminations un combat.

Premiers engagements

Le temps des études est aussi l’époque des premiers engagements. Dans le cadre d’un projet de solidarité internationale, il s’envole pour un séjour de trois mois au Cameroun. « Nous sommes partis pour participer à l’évaluation d’un projet de création de latrines dans un village en partenariat avec une association locale, resitue-t-il. Un premier voyage très formateur, où l’on a finalement plus appris que transmis. » Pour payer ses études, à 22 ans, celui qui s’intéresse de près aux alternatives à la maison de retraite exerce le boulot d’auxiliaire de vie à domicile aux côtés d’une personne aveugle et atteinte de démence. « Un métier pénible, reconnaît-il. Les contrats se font de gré à gré et l’on se retrouve souvent isolé ».

Après six ans à la fac de Marseille, l’étudiant multi-diplômé arrive en région parisienne, où il effectue d’abord des remplacements dans des résidences pour personnes âgées autonomes. Avant de se voir confier en 2012 le poste de directeur de l’une d’entre elles. Des premières années enrichissantes, mais « dures en termes de conditions de travail », témoigne le manager, alors à la tête d’une petite équipe de 8 salariés. De quoi le pousser à être candidat aux élections professionnelles, d’abord sans étiquette puis avec la CFDT, dont il se sent proche. « Notre groupe associatif a fait ce choix innovant de permettre à nos 127 directeurs (salariés) de pouvoir être candidats aux élections, explique-t-il. Beaucoup de cadres souhaiteraient s’investir syndicalement, mais sans savoir toujours comment ». Et si les salariés étaient méfiants au départ, ils l’ont très vite soutenu. Comme le confirment les dernières élections, qui ont vu la CFDT devenir numéro 1. Après que son association ait fusionné avec d’autres pour former le groupe Arpavie, il devient directeur adjoint d’un EHPAD en 2017.

L’année suivante, en feuilletant une publication CFDT, il découvre le mandat de défenseur syndical et profite du renouvellement en cours pour proposer ses services. « Une super expérience, qui m’a amené à plaider aux prud’hommes pour défendre deux salariés », raconte-t-il. Depuis le début d’année, Christophe est aussi suppléant au Conseil de la Caisse primaire d’assurance maladie de Paris, où il étudie les dossiers d’usagers en difficulté. « Je connaissais très peu le paritarisme, notamment territorial, mais c’est intéressant de voir cet aspect du syndicalisme », souligne-t-il. Ravi de pouvoir conjuguer travail de terrain et mission dans une instance interprofessionnelle, le militant de 33 ans se verrait bien aujourd’hui… reprendre des études ! Dans le domaine de la santé comme dans le syndicalisme, Christophe n’a pas fini d’étancher sa soif de nouveaux apprentissages !