[Portrait] Diane ou l'énergie militante

Publié le 17/06/2019

Entre scolarité difficile et petits boulots en tout genre… Le parcours de Diane Mezac est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Aujourd’hui militante à La Poste, celle qui anime le groupe Jeunes de l’Union régionale Île-de-France se confie.

« Je n’ai pas forcément les bons mots pour le dire », s’excuse Diane par moments. À l’écouter parler, on en oublierait pourtant presque son jeune âge (28 ans). On en oublierait aussi qu’elle n’a rejoint la CFDT qu’il y a 5 ans. « J’ai adhéré car une collègue CFDT m’a défendue après une erreur sur une tournée », explique l’ancienne factrice. Sans tarder, elle se retrouve sur les listes aux élections professionnelles. « Les militants CFDT de La Poste ont vu que j’étais pleine d’énergie, relève-t-elle. Beaucoup de gens veulent changer les choses, mais peu osent le dire haut et fort ».

Petits boulots et mission locale
Pour elle, cet engagement sonne finalement comme une évidence. « J’ai toujours été tournée vers les autres », souligne celle qui a été élevée à Livry-Gargan (93) par son père et sa grand-mère. À l’école, ses résultats sont en dents de scie. « J’étais une vraie tête de mule, concède-t-elle. J’étais parfois capable – quand j’en avais envie – d’être la première de la classe. Mais je faisais aussi beaucoup de bêtises… » À la maison, la situation se complique alors. Diane arrête les cours avant la 3e et se voit placée en famille d’accueil par l’aide sociale à l’enfance.

S’ensuit une vie de petits boulots : elle vend des fruits et légumes sur les marchés, garde des enfants ou travaille comme serveuse. Épaulée par un conseiller de mission locale – qui l’a suivie durant tout son parcours – elle est incitée à 17 ans à passer son BAFA. Ce qui lui permet de devenir surveillante périscolaire et animatrice de colonies de vacances. Via la mission locale, elle bénéficie aussi des dispositifs d’accompagnement "Civis" (ancêtre de la Garantie Jeunes) et "Permis sport emploi". Diane suit alors un stage dans la Marine. « Ça m’a bien recadrée pour le coup », rigole-t-elle. Et obtient sa certification pour devenir agent de sécurité. Difficile, le métier la démotive au bout de quelques mois… Elle finit par s’inscrire à une formation en alternance pour devenir factrice à La Poste. À 23 ans, elle décroche finalement un CDI au bureau de Drancy.

Son « boulot de syndicaliste »
Petit à petit, Diane fait aussi ses preuves en tant que militante. Côté mandats, elle siège un temps au Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ainsi qu’à la Commission consultative paritaire (CCP), où elle s’occupe des conseils de discipline des contractuels. Dans ce bastion CGT et Sud, la CFDT réussit à imprimer sa marque. « Quand on négocie pour les collègues, on sait sur quoi on peut s’engager. Nous, on ne vend pas du rêve », tacle la jeune militante.

Mais ce que Diane préfère en tant que syndicaliste, c’est aller chercher l’information et la transmettre. « Je me rends compte que beaucoup de collègues n’ont pas accès à l’information sur les dispositifs existants. Ils ne connaissent pas la Garantie Jeunes, le Visa pour l’emploi et le logement (Visale), le 1 % patronal ou même le Compte personnel de formation (CPF), grâce auquel on peut désormais passer le permis ! ». Cet accès aux droits, elle en fait son cheval de bataille. « J’accroche souvent les salariés comme ça, glisse-telle. Je me dis que pour développer le syndicalisme, il faut renseigner les gens sur leurs droits et valoriser davantage ce qu’on obtient ». Une mission qu’elle assume pour ses collègues mais aussi dans le cadre des groupes Jeunes qu’elle anime pour son syndicat, sa fédération et l’union régionale. « Tout est lié », sourit-elle.

Diane sait aussi s’appuyer sur l’interprofessionnel pour montrer l’utilité du syndicalisme CFDT. « Que ce soit à travers les forums de l’emploi des jeunes ou la Work’s Party, l’action de l’interpro nous donne de la crédibilité sur le terrain. J’ai même fait récemment adhérer une amie grâce aux Duos de demain, dispositif de parrainage de réfugiés ! C’est aussi une façon de montrer aux jeunes que le réseau et l’action de la CFDT ne s’arrêtent pas aux portes de l’entreprise ». Son engagement, Diane le poursuit d’ailleurs elle-même sur son temps libre, en participant régulièrement à des maraudes pour la Croix-Rouge. Comme un renvoi d’ascenseur pour celle qui a vécu un temps à la rue. Avant de reprendre en main son destin.