[Portrait] Dominique, militante logement depuis… 20 ans !

Publié le 28/05/2015

L’interprofessionnel, Dominique Ramsi a baigné dedans dès ses premiers pas en entreprise. Sa mission, qu’elle mène sans relâche depuis 20 ans, consiste à représenter la CFDT et les salariés au sein d’Action Logement et de ses filiales. Rencontre avec une mandatée aussi énergique que déterminée.

« Entre 6 et 10 ans, j’ai vécu en Afrique du Sud. Mes parents nous y ont emmenés, malgré l’apartheid, car le pays avait un grand besoin de main d’oeuvre », se souvient Dominique. À son retour en France, dans son Pays Basque natal, elle maîtrise ainsi mieux l’anglais que le français. Mais se sent rapidement à l’étroit. « Dans ma région, tout le monde est fier d’être basque. Mais moi, je me sentais aussi autre chose… », se remémore-t- elle. Si elle rêve d’enseigner, l’économie notamment, Dominique opte finalement pour des études d’anglais et d’espagnol, après avoir obtenu une bourse. « Ma mère, pourtant très bonne élève, n’a pas eu la possibilité de faire des études parce qu’elle était une fille. J’ai donc choisi ce que j’étais sûre de réussir », explique-t-elle sans ambages. À 24 ans, ses études terminées, elle rejoint l’Île-de-France pour trouver du boulot. Elle donne alors des cours de langue, assure des missions de traduction. Avant d’être embauchée par la filiale d’un organisme financier, où elle travaille toujours comme assistante technique internationale.

Encore beaucoup à apprendre.
Dans l’entreprise, Dominique se syndique rapidement à la CFDT. Non pas par culture familiale, mais parce que « l’organisation était prête à la négociation, sans camper sur des positions dogmatiques », indique-t- elle. Dans la foulée de son adhésion, elle fait partie de la liste CFDT au comité d’entreprise, mais n’est pas élue. Un mal pour un bien. Dominique est finalement mandatée – en 1995 – comme administratrice au GIPEC (organisme du 1 % logement). « Le délégué syndical m’a rapidement expliqué la mission et ne m’a pas vraiment laissé d’option, se rappelle-t-elle, tout sourire, avant d’enchaîner. En arrivant, j’ai été sidérée de ne voir aucune femme parmi les représentants au Conseil d’administration ». Elle siège alors dans des commissions d’attribution, assiste aux CA de différents organismes affiliés à Action Logement (CILGERE, Foncière Logement etc.). Sans jamais prendre d’autres mandats. « J’ai encore beaucoup à apprendre, admet-elle humblement. Le logement est un vaste sujet et, avec le développement du Grand Paris, tout change tellement vite… ». Mère de deux enfants, Dominique partage aujourd’hui son temps entre son entreprise et ses mandats dans le logement. « C’est toujours compliqué d’expliquer notre travail de mandaté – qui peut parfois paraître obscur – car les gens ne s’intéressent à la question que lorsqu’ils ont des difficultés de logement », observe-t-elle.

Faire entendre la voix des salariés
Dans les collecteurs et Entreprises sociales de l’habitat (ESH) où elle représente la CFDT, Dominique se sent pourtant utile et écoutée. « On trouve parfois des gens déconnectés des réalités du marché du logement. Il est donc important de faire entendre la voix des salariés, qui restent les mieux placés pour faire remonter leurs difficultés », développe-t-elle. Elle égrène ensuite les actions concrètes mises en place. « Par exemple, dans l’une de nos filiales HLM, nous achetions beaucoup de logements existants. J’ai râlé et rappelé que notre priorité doit être d’en construire de nouveaux. Nous nous sommes finalement mis d’accord sur un taux de 80 % de construction neuve pour 20 % d’achat de logements existants », relate-t-elle, non sans fierté. Dans les commissions d’attribution, elle plaide aussi pour raccourcir les délais d’attente dans l’attribution des logements pour ne pas les laisser inoccupés trop longtemps. Et avance des pistes : proposer les logements chers et vacants – type F4 - à la collocation. Quitte à revoir le prix des loyers à la baisse, « tant qu’ils ne restent pas vides »… Ce mandat apporte donc beaucoup à Dominique. « Ça m’a appris à synthétiser toutes sortes de rapports et documents, en même temps que ça m’a permis de faire de belles rencontres », résume-t-elle. Et après 20 ans à militer dans les instances du logement, cette mandaté pugnace nourrit toujours un même espoir : que plus de femmes s’engagent à ses côtés !