[Portrait] Fabrice, à l’école de l’éducation populaire

Publié le 23/03/2021

Fabrice Dorin est président CFDT de la Caisse d’allocations familiales (CAF) des Hauts-de-Seine. Un mandat que l’ancien animateur socio-culturel, devenu directeur d’une maison de quartier à Montrouge, appréhende avec une fine connaissance des réalités de terrain et des valeurs solidement chevillées au corps.

Fabrice grandit à Antony, au sud de Paris, où il fréquente dès l’adolescence une association qui permet aux jeunes d’autofinancer leurs vacances. « En échange de coups de main que je rendais, j’ai pu participer à plusieurs séjours itinérants à l’étranger », se remémore-t-il.


D’animateur à directeur


À 17 ans, BAFA en poche, Fabrice travaille dans des centres de loisirs et des colonies pendant ses vacances. Après un DEUG d’économie, il s’oriente vers un cursus en sciences de l’éducation, tout en continuant à travailler dans l’animation. Quelques années plus tard, fort d’une expérience déjà enrichissante, Fabrice s’intéresse aux fonctions de directeur. « J’avais envie d’avoir plus de liberté pour mettre en place mes projets », explique-t-il. Au cours de sa formation, il est sensibilisé à la pédagogie active du mouvement d’éducation populaire des CEMEA. « J’ai pris conscience que l’animation est un puissant levier de transmission de valeurs », note-t-il, avec son sens de la synthèse. Il décide alors de s’impliquer dans la formation d’animateurs en encadrant des stages BAFA et est embauché comme fonctionnaire territorial par la mairie de Montrouge dans une structure pour adolescents.

Un conflit révélateur

En 2008, tout juste trentenaire, le jeune papa dirige une structure qui accueille les enfants et les jeunes du quartier et leur propose des activités culturelles, sportives ainsi qu’un dispositif d’accompagnement à la scolarité. C’est à cette époque qu’il rencontre la CFDT : « Tout est parti d’un conflit entre un collègue, gardien de gymnase avec qui je travaillais, et son chef. Alors qu’il avait une prothèse de hanche, le gardien avait été affecté sur trois sites éloignés et s’est retrouvé en grande difficulté. Une décision incohérente, arbitraire et injuste, face à laquelle je me suis dit qu’il fallait agir ».

Fabrice se rapproche de la CFDT, syndicat minoritaire à la mairie, où il a un bon ami. Hasard du calendrier, c’est le moment des élections professionnelles. Fabrice s’investit alors dans la section de cette collectivité de 1 300 agents. « On allait beaucoup sur le terrain, dans tous les services », souligne-t-il. Et s’il est rentré à la CFDT « un peu par hasard », Fabrice réalise vite qu’il a frappé à la bonne porte. « À la CFDT, pour négocier, on prend en considération les contraintes de notre interlocuteur afin de proposer des solutions concrètes, cohérentes et adaptées aux situations », défend-il. Avec une liste représentative des nombreux services de la ville, la CFDT remporte largement les élections.

En tant que représentant du personnel, Fabrice met sur la table de nombreuses problématiques. « La fonction publique territoriale regroupe de nombreux métiers, autant de collectifs de travail et d’organisations de services à découvrir et comprendre. Les enjeux sont bien sûr collectifs mais, rappelle-t-il, les victoires dont on est le plus fier sont souvent individuelles, lorsque le soutien et l’accompagnement d’un collègue porte ses fruits ».

La CAF, un rôle d’amortisseur des inégalités sociales

Élu secrétaire général adjoint du syndicat Interco 92 en 2010 et proche de l’Union départementale, il est mandaté en 2015 comme administrateur à la CAF des Hauts-de-Seine, organisme de Sécurité Sociale de la branche famille. « Je connaissais bien les dispositifs et les prestations de la CAF. Il y a une forme de complémentarité entre mon activité professionnelle et ce mandat interprofessionnel », observe-t-il. Devenu président du conseil d’administration de la CAF 92 en 2017, il endosse alors une nouvelle fonction de représentation. « Quand on porte le costume-cravate, le regard de certains interlocuteurs change », sourit-il.

Au sein de la CAF, son rôle consiste aussi à faire vivre le paritarisme. « La CAF a un rôle important d’amortisseur social. Dans le 92, nous avons plus de 260 000 allocataires. Le budget annuel de l’organisme représente 1,7 milliard d’euros. Si beaucoup de fonds sont fléchés au niveau national, des marges de manoeuvre existent néanmoins pour mener des actions locales, éclaire-t-il. Et dans le contexte de crise que nous connaissons actuellement, de nombreux défis sont encore à relever. »