[Portrait] Françoise, démocrate convaincue

Publié le 14/03/2022

Le combat contre le mal-logement est un marqueur fort du parcours militant de Françoise Gaudel, mandatée régionale dans plusieurs organismes d’Action Logement. Cette Parisienne de naissance s’installe en Seine-Saint-Denis en 1973. Trois mois plus tard, elle adhère à la CFDT. Son engagement n’a jamais cessé depuis.

Des premières années de sa vie, Françoise garde un souvenir marqué par des conditions de logement difficiles, ayant vécu d’abord à quatre dans une loge de concierge à Paris, puis dans une maison sans eau, ni égout, ni chauffage dans un village près de Saint-Brieuc, où son père, facteur, est muté au tri de nuit. « Nous allions chercher l’eau à la pompe sur la place », se souvient-elle. Ce n’est que dix ans plus tard que la famille a enfin accès à un HLM. Une expérience qui lui fait comprendre à quel point il est important de défendre des conditions de logement décentes.

Refaire le monde

Françoise a 15 ans en 68. Avec des amis, elle se retrouve vite à refaire le monde jusqu’à tard dans la nuit. « J’ai soutenu les grévistes, rencontré de jeunes étudiants parisiens venus nous aider et avec qui j’ai eu des discussions passionnantes. » Puis elle abandonne ses études et passe un concours de catégorie B de la fonction publique. « Je ne savais pas vraiment ce que c’était, mais je voulais travailler. » Hasard ou destin, le concours la mène au ministère de l’équipement : « Pendant ma formation, j’ai fait un exposé sur les bidonvilles de Marseille. » Son premier poste est en Seine-Saint-Denis, à Bobigny.

Affectée au service de l’urbanisme, la jeune fonctionnaire s’occupe des permis de construire et des aspects réglementaires du bâtiment. Elle adhère immédiatement à la CFDT, car, pour Françoise, le combat politique ne peut faire l’économie de la pratique. « Il est inconcevable de réfléchir à la politique sans essayer de mettre en pratique la transformation de la société. Or, j’ai toujours voulu défendre ceux qui gagnaient moins, aider les plus fragiles. Et la CFDT a été pour moi une évidence. Je m’y sens libre. »

Faire le boulot

Françoise prend très vite des responsabilités : « En septembre 1973, j’étais déjà la secrétaire adjointe du syndicat. Puis j’ai représenté ma section au sein de l’union départementale (UD), où j’ai découvert d’autres expériences militantes. » La défense des droits des travailleurs est pour elle une affaire très concrète : « Quand tu es syndicaliste, tu fais le boulot, qui est à la fois administratif, d’écoute, psychologique, de gestion… Tu ne passes pas ta journée à être pour ou contre ! » Et du temps, Françoise en a peu. « Avec mon mari, militant également, nous avons eu cinq enfants ! C’était un peu bizarre pour certains… À cette époque, on cessait de militer lorsqu’on se mariait, surtout les femmes. Moi, je n’ai jamais renoncé. Cela explique en revanche pourquoi je n’ai pas pu accepter davantage de responsabilités. Une demi-heure de trajet de plus et mon emploi du temps était tout chamboulé. »

Démocrate avant tout

Françoise agit toujours selon ses convictions, en se documentant au préalable. Exemple : la réforme des retraites de 1995. D’abord contre, elle lit, prend part à des rencontres à l’UD. Et change d’avis. « Cela n’a pas été simple, mais je crois aux vertus du dialogue et de l’argumentation. Et puis je suis avant tout une démocrate convaincue. »

 Cette droiture vaut à Françoise de nombreuses sollicitations. À commencer par l’UD, qui lui demande en 2004 de siéger au sein de Logeo, organisme collecteur du 1 %, dont elle sera d’abord vice-présidente puis présidente du comité d’audit. Puis elle est désignée au sein du groupe Action Logement au comité régional d’Île-de-France, dont elle est actuellement vice-présidente, et à la Foncière de transformation immobilière de bureaux. « J’y rencontre des personnes formidables et j’apprends beaucoup de choses. » Des mandats qui lui permettent de faire entendre la voix de la CFDT, d’apporter son expérience dans le domaine du logement et d’envisager de nouvelles pistes de progrès pour l’avenir.