[portrait] Luc, l'humilité militante

Publié le 16/12/2021 (mis à jour le 02/03/2022)

Infirmier à l’hôpital de Saint-Denis, Luc Michel est un militant « référence » sur les questions touchant à la formation professionnelle. Pour Solidaires, il retrace le fil d’une histoire syndicale qui a débuté il y a près de 40 ans.

Issu d’une fratrie de 5 enfants, Luc grandit à Bobigny, avant de rejoindre Eaubonne à 14 ans. « J’avais l’habitude de la vie de cité, où il y avait de la solidarité. Ce changement fut donc difficile à vivre », se souvient-il. Au lycée, le jeune homme redouble deux fois avant d’obtenir son Bac à 20 ans. « J’étais plus intéressé par les filles à cet âge », glisse-t-il, le regard malicieux. C’est aussi l’époque du scoutisme pour Luc, élevé par des parents « catholiques de gauche ». « J’étais devenu chef scout, mais avec des copains, on a fini par se faire virer par le curé de droite », se marre-t-il.

Militant avant d’être adhérent

Après une première année de médecine en 1977 où il rencontrera sa femme (future médecin), Luc bifurque vers des études d’infirmier. À la suite de quoi, en 1982, il est recruté à l’hôpital de Saint-Denis. « Je travaillais au départ de nuit au service de chirurgie infantile. Puis au service du moyen séjour pour personnes âgée et en médecine interne. Je n’étais pas très technique, mais j’aimais l’aspect relationnel », relate-t-il. Après la naissance de ses deux enfants, Luc demande des horaires de jour plus stables. C’est « l’époque des premiers IRM » et il hérite d’un poste d’infirmier pour la préparation aux scanners.

Sa rencontre avec la CFDT intervient en 1983. Sensible aux valeurs et pratiques de l’organisation, Luc participe alors à la vie de la section de son établissement. Il y fait remonter les problématiques liées au travail de nuit ou au manque de personnel. « J’ai fini par leur demander – après deux ans – si je pouvais payer ma cotisation, rigole-t-il. J’ai milité avant même d’adhérer ! ».

Au début des années quatre-vingt-dix, alors que son camarade et mentor Michel Durieux part au syndicat Santé Sociaux 93, Luc devient permanent de section et élu au comité technique (CTP/CTE). « Sur la titularisation des contractuels ou les embauches, on arrivait à faire avancer des choses », se remémore-t-il. Cette période est aussi pour lui celle des premières formations syndicales à l’IREFE, l’institut de la CFDT Île-de-France. « J’ai fait pas mal de formation dont un atelier d’écritures. Puis je suis devenu animateur de formation à l’IREFE puis à l’IFRESS pour ma fédération.», rappelle celui qui a contribué par la suite à la création ou la déclinaison de plusieurs formations. Il se rapproche de l’Union régionale mais aussi de sa fédération et de l’Union professionnelle régionale (UPR).

Spécialiste des questions de formation

Luc devient alors mandaté CFDT au sein d’un collecteur de fonds de formation pour la fonction publique hospitalière (ANFH). Un mandat qu’il exerce d’abord sur le périmètre régional, puis au niveau national. « C’était passionnant, souligne-t-il. On contribuait à créer des formations pour l’accueil des personnes âgées, aux urgences et en court séjour ou encore pour la prise en charge psychologique des malades atteints du Sida. Il fallait aussi se battre contre certaines pratiques de ‘copinage’, poursuit-il. Au cours de ces 12 années à l’ANFH, il se forge de solides connaissances sur le monde de la formation professionnelle. Mais si on lui propose à de multiples reprises de hautes responsabilités syndicales, Luc s’évertue bien souvent à décliner. « Cela me vaut le surnom de ‘second couteau’. Mais ça me va bien comme ça », sourit celui qui a quand même siégé au conseil de sa fédération tout en étant le « numéro 2 » de son syndicat pendant de nombreuses années.

Depuis près de 8 ans, Luc représente la CFDT à la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA). « Nous avons un rôle de conseil auprès de l’Agence régionale de santé, explique-t-il. Nous pouvons faire remonter certaines difficultés mais aussi suivre les projets en cours. Récemment, nous avons fait des propositions dans le cadre du plan régional de santé. Ici, on représente tous les usagers. C’est vraiment un mandat utile, qui me sert dans le cadre de mes fonctions syndicales à l’hôpital mais aussi à l’UPR ».

N’allez pas croire pour autant que Luc n’est pas un homme de terrain. « Jusqu’à il y a peu, j’étais de toutes les manifs, glisse-t-il. J’ai même participé au service d’ordre – qui est à mes yeux un grand acte militant – pendant près de 20 ans ! »