Représentativité dans le privé : la CFDT conforte sa 1ère place en Île-de-France

Publié le 06/06/2017

C’était espéré. C’est désormais officiel : la CFDT est devenue la première organisation syndicale représentative dans les entreprises du secteur privé. En Île-de-France, elle obtient 24,06 % des suffrages et conforte sa première place acquise en 2013, creusant même un écart de plus de deux points avec la CGT (21,89 %). Éclairages de quelques équipes sur les forces du syndicalisme CFDT.

Crédit photo : © Hamilton / Réa

La Direction générale du travail a publié fin avril les résultats régionaux de la représentativité dans l’ensemble des entreprises du secteur privé – y compris les très petites entreprises – et des chambres d’agriculture. Sur 1 684 915 votes valablement exprimés en Île-de-France (+141 000 par rapport à 2013), 405 308 salariés ont fait confiance à la CFDT (+34 000). Au final, la CFDT engrange donc près d’un quart des voix supplémentaires de ce scrutin. Un constat plus dur pour la CGT qui, si elle reste à peu près stable en nombre de voix dans la région, recule de 1,89 point par rapport à 2013. L’écart entre la CFDT et la CGT, qui n’ était que de 0,26 point lors de la dernière mesure d’audience, atteint désormais 2,17 points. Autre résultat régional significatif : la CFE-CGC devient la troisième organisation représentative (14,28 % ; +0,94 point), au détriment de Force ouvrière (13,95 % ; - 0,56 point).
résultats représentativité 2017 IDF« C’est une belle victoire car nous confortons notre première place acquise en 2013, souligne Philippe Lengrand, secrétaire général de la CFDT Île-de-France. Le mérite en revient d’abord aux équipes, qui se sont démenées dans les entreprises et sont parvenues à montrer que notre type de syndicalisme – qui  s’engage dans les négociations, porte des propositions et obtient des résultats concrets – est en phase avec les attentes des salariés ».

Nous allons voir régulièrement les salariés pour prendre leurs avis, connaître leurs préoccupations
La clé, c’est la proximité !
De fait, la proximité au quotidien avec les salariés est une condition indispensable pour inspirer confiance et les mobiliser lors des élections. « Être identifié et facilement joignable, organiser des réunions ou des permanences, lancer une enquête consultative ou encore avoir une communication papier et numérique… La proximité peut se décliner de multiples façons, selon la taille de l’entreprise, son implantation géographique ou même son organisation », résume Brigitte Rizzo, secrétaire régionale en charge des pratiques syndicales.

Chez Level 3, entreprise américaine de télécommunications qui emploie 56 salariés en France, la proximité, pour l'équipe CFDT, est surtout synonyme d’échanges directs. « Nous allons voir régulièrement les salariés pour prendre leurs avis, connaître leurs préoccupations et leur transmettre des informations, assure Abdela Lasri, délégué syndical (Syndicat des télécoms prestataires Île-de-France). Car rien ne vaut un échange direct. Les salariés n’ont pas toujours le temps de lire les mails qu’on envoie ou les tracts qu’on donne, qui sont des moyens de communication nécessaires mais pas suffisants », soutient-il. Une formule qui semble avoir fait ses preuves puisque la CFDT a atteint un score de… 95 % aux dernières élections professionnelles.

nous avons organisé des réunions d’information ciblées pour les différentes catégories de salariés
Du côté de la section CFDT d’Arpavie, groupe associatif issu de la fusion de trois associations d’hébergement de personnes âgées qui emploie 2 800 salariés au sein de ses 125 établissements (dont 80 % en Île-de-France), l’accent est mis sur les réunions. « Dans tous les établissements, nous avons organisé des réunions d’information ciblées pour les différentes catégories de salariés, explique Christophe Vincent-Titeca, délégué syndical central. À partir des retours que l’on a, nous section cfdt arpavieavons produit des revendications propres à chacun des métiers présents dans nos établissements : de la lingère aux psychomotriciens, en passant par les infirmiers, agents techniques ou responsables d’établissement. Nos candidats sont représentatifs de toutes les professions ». La proximité chez Arpavie passe aussi par l’usage de moyens de communication numériques. « Pour diffuser les informations entre candidats, nous avons lancé un groupe de discussion instantanée sur WhatsApp, ce qui a permis de créer une véritable dynamique de groupe et d’obtenir la première place aux élections, avec 34 % », se félicite Christophe Vincent-Titeca.
 
On pourrait multiplier ainsi les exemples. Chez Monoprix, la CFDT a développé fortement ses implantations au cours des dernières années. Résultat ? Elle est devenue la première organisation syndicale de l’entreprise aux dernières élections, passant de 26,5 % à 39,7 % des voix. « Les militants CFDT ont beaucoup travaillé depuis 4 ans, en circulant dans les magasins où nous étions mais aussi dans ceux où nous n’étions pas », explique ainsi Patricia Virfolet, déléguée syndicale centrale (Syndicat interdépartemental du commerce).

Des revendications au plus proche du terrain
Grâce à sa proximité avec les salariés, la CFDT Monoprix a su construire des revendications au plus proche de leurs réalités de travail. « Nous avons par exemple négocié un accord sur les conditions de travail qui a permis d’obtenir des outils ergonomiques pour réduire les gestes pénibles au quotidien, témoigne Patricia Virfolet. Nous avons aussi signé un accord handicap qui prévoit des embauches de personnes en situation de handicap et des adaptations de postes et avons renécfdt level 3gocié un accord sur l’intéressement, que la CGT n’a pas signé… ».

Chez Level 3, les revendications de l’équipe CFDT ont également été élaborées en lien étroit avec les salariés. Parmi les chantiers récents, la CFDT a ainsi réussi à faire plier la direction sur son projet de remplacement des open spaces par des ‘bureaux agiles’, nouvelle organisation de travail où le premier arrivé s’installe sur le bureau de son choix. « C’est un projet qui coûtait cher et qui déstabilisait une organisation… qui fonctionne bien ! argue Abdela Lasri. Nous discutons aussi pour avoir une plus grande souplesse dans la récupération des heures sup’ et des congés de fractionnement et négocions par ailleurs un accord de participation ». 

avoir un réseau d’adhérents est une véritable force au moment de mener campagne pour les élections professionnelles
Avec l’appui des adhérents, dont de nombreux nouveaux qui ont mené campagne, l’équipe CFDT d’Arpavie a également forgé des revendications au plus proche des attentes des salariés. « Toute notre campagne a été construite autour de la transparence et de l’information, en particulier pour répondre aux angoisses générées par la fusion, déclare Christophe Vincent-Titeca. Côté revendications, nous avons demandé des temps de partage entre les équipes médicales, la possibilité de créer des groupes de parole et d’échange de pratiques. Car aujourd’hui, quand un salarié rencontre une difficulté, les directions font souvent appel à un psychologue pour une ou deux séances. Mais il n’y a pas de travail sur la durée ! ». Si la proximité et la construction de revendications en phase avec les attentes des salariés sont indispensables pour progresser aux élections, un autre élément l’est tout autant : la force du réseau d’adhérents ! « On déconnecte souvent la représentativité du développement syndical. C’est une erreur : avoir un réseau d’adhérents est une véritable force au moment de mener campagne pour les élections professionnelles, juge Brigitte Rizzo. Ils sont un formidable relais dans l’entreprise, à condition de leur donner un rôle à jouer dans la campagne ».

En pièce-jointe ou dans le lien ci-dessous, retrouvez notre dossier complet avec des interviews supplémentaires d'équipes CFDT (EDS Labrenne Propreté, INA, Technip France).

• Avec un score de 91,3 %, la CFDT est représentative, au niveau national, dans 418 des 458 branches professionnelles. Elle se place devant la CGT (89,5 %), FO (76,2 %), la CFE-CGC (65,9 %), la CFTC (44,3 %) et l'UNSA (18,8 %).

• Conséquence aussi de la mesure d’audience de la représentativité : la CFDT voit son nombre de conseillers prud’homaux passer de 1 607 à 2 348 pour la mandature 2018-2021. En Île-de-France, elle progresse de 52 sièges pour atteindre 353 sièges.