55e Congrès de la CFDT Île-de-France : prêts pour construire l'avenir

Publié le 27/10/2017

Les 21 et 22 septembre, l’Union régionale interprofessionnelle CFDT Île-de-France a tenu son 55e congrès à la Maison de la Chimie à Paris. Un temps fort de la vie de la CFDT Île-de-France qui a réuni près de 600 congressistes et permis de tracer le chemin des quatre années à venir. Retour sur ces deux jours de débats et de votes, à l'issue desquels l’interprofessionnel francilien sort renforcé.

Crédit photos : Anne Bruel

Particulièrement intense, le congrès de l’Union régionale s’est déroulé cette année sur deux jours. Deux jours durant lesquels les délégations de syndicats n’avaient pas simplement à s’exprimer sur le rapport d’activité (quitus voté à 86,57 %) et la résolution d’orientation générale (votée à 82,23 %), elles avaient aussi à se prononcer sur le projet d’évolution de l’interprofessionnel francilien (voté à 77,17 %). Déjà détaillée dans Solidaires (juin 2017), cette réforme prévoit la création de quatre unions territoriales interprofessionnelles (UTI) : l’UTI de Paris, l’UTI du Grand-Ouest francilien (92, 95), l’UTI du Grand-Est francilien (77, 93) et l’UTI du Sud-Ouest francilien (78, 91, 94). Ces quatre nouvelles structures politiques viennent prendre le relais des huit unions départementales, dont le rôle évolue quant à lui vers une plus grande proximité avec les salariés, adhérents et militants.

De son côté, la résolution d’orientation générale 2017-2021, intitulée « Une CFDT forte, porteuse de progrès social dans une mégapole mondiale », s’articule autour de trois grandes parties : l’état des lieux de la région et du salariat, les revendications de la CFDT Île-de-France et la capacité du syndicalisme CFDT à obtenir des résultats concrets.

Atouts et faiblesses de la région Île-de-France
Côté constats, il est tout d’abord rappelé que la région – au cœur de la mondialisation – compte de nombreux points forts. « Si l’Île-de-France s’est au cours du temps désindustrialisée, son attractivité repose à présent sur d’autres atouts économiques tels les centres de management, les grandes administrations publiques, les plateformes fluviales, ferroviaires et aéroportuaires, l’industrie du luxe, l’audiovisuel et le cinéma, et le tourisme bien sûr », souligne Diego Melchior, secrétaire régional, qui présentait la résolution. Des pôles de compétitivité voient également le jour et devraient générer à terme des milliers de créations d’emploi et de nouvelles filières métiers.

Quant au Grand Paris, il se structure bien sûr autour des futures lignes de métro du Grand Paris Express mais aussi autour des contrats de développement territorial comme à Saclay, La Plaine-Saint Denis et les Grandes Ardoines, où la CFDT Île-de-France est déjà fortement impliquée. Aussi, plus que dans d’autres régions, des emplois et des métiers disparaissent pendant que d’autres émergent ou vont émerger. On pense ici aux mutations en cours dans les secteurs de la « Silver économie », des biotechnologies, de l’informatique et du numérique, des transports ou encore de la santé.

« Toutes ces évolutions surgissent dans une région Île-de-France partagée par plusieurs lignes de fractures, en particulier en matière d’accès à l’éducation, à l’orientation, à l’emploi, à la formation, au logement ou encore aux services publics », rappelle dans son discours introductif Philippe Lengrand, secrétaire général. Constat est également fait de l’augmentation de la pauvreté dans la région. Ainsi, fin 2013, 10 % des ménages franciliens gagnaient moins de 547 € mensuels. Soit un des niveaux les plus bas des régions de France métropolitaine !

Emploi et sécurisation des parcours
Pour la CFDT Île-de-France, si les mutations en cours ne sont pas sans causer de dégâts, elles sont aussi l’occasion de construire un « modèle de développement économique et humain durable, porteur de progrès social ». Avec un premier défi qui se pose : celui de l’emploi et de la sécurisation des parcours professionnels. À cet égard, l’Union régionale entend développer les actions syndicales innovantes en faveur de l’emploi des jeunes et des seniors comme les forums de l’emploi mis en place pendant la précédente mandature. Elle viendra également en appui aux équipes dans les négociations obligatoires sur la gestion des emplois et des parcours professionnels.

Sur la formation professionnelle, la CFDT Île-de-France renforcera l’appui, l’information et la formation des équipes, relais auprès des salariés, afin de rendre effectifs les droits obtenus ces dernières années comme le Compte personnel de formation (CPF) ou le Conseil en évolution professionnelle (CEP). « Pour nous, l’offre de formation doit être mieux adaptée aux besoins d’emploi des entreprises et aux métiers en tension, ajoute Diego Melchior. Elle doit aussi pouvoir servir à la reconversion des salariés et des demandeurs d’emploi. »

Santé et qualité de vie au travail
Le second défi est celui de la qualité de vie, de la santé et de la sécurité au travail. Sur ce sujet, les résultats de l’enquête « Parlons Travail », à laquelle plus de 36 000 Franciliens ont répondu, sont révélateurs et offrent des pistes claires d'action syndicale. De plus, on constate depuis quelques années une augmentation importante des accidents du travail, des maladies professionnelles et de la pénibilité dans certains secteurs d’activité (BTP et services à la personne notamment). À côté du risque physique, de trop nombreux salariés restent aussi exposés à des risques psychosociaux comme le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout. Des risques causés essentiellement par des « organisations du travail pathogènes et des modèles de management inadaptés », estime Diego Melchior.

Pour la CFDT, la prévention primaire et la prévention de la désinsertion professionnelle doivent, à terme, prendre le pas sur les seules logiques de réparation et les licenciements pour inaptitude. L’Union régionale en appelle aussi à se battre pour que le Compte professionnel de prévention, avancée majeure obtenue par la CFDT, soit un droit effectif pour tous les salariés et agents. Enfin, face au développement des horaires atypiques et du travail du dimanche et en soirée, des contreparties en matière de rémunération, de repos compensateur, de formation professionnelle et d'équilibre vie professionnelle/ personnelle doivent être négociées pour les salariés, y compris au niveau territorial. Les récents droits au télétravail et à la déconnexion sont un premier pas vers une meilleure conciliation des temps de vie. Mais la qualité de vie au travail doit aussi passer par une amélioration du cadre de vie en matière de transports, d’équipements culturels et sportifs, de restauration sur les bassins d’emploi ou encore de mode de garde de la petite enfance.

Des services accessibles et équitables
Ce qui nous amène au troisième défi porté par la CFDT Île-de-France : œuvrer pour des services aux publics accessibles, de qualité et équitables pour tous les Franciliens. Parmi ces services, on pense tout d’abord à la protection sociale, véritable « amortisseur social », notamment en période de crise et pour les plus fragiles. En faciliter l’accès est une nécessité, à l’heure où « le non recours aux prestations sociales et aux soins de première nécessité s’accroît dans une région déjà très inégalitaire », observe Diego Melchior. Grâce à son réseau de mandatés dans les organismes locaux de protection sociale, la CFDT continuera de porter des propositions pour faciliter l’accès aux droits, éviter les ruptures et améliorer l’accès aux soins et aux prestations sociales.

En outre, face aux défis du vieillissement de la population et de la perte d’autonomie, la CFDT prendra, en lien avec les organisations de retraités (URR et UTR), toute sa place dans les nouveaux Conseils départementaux de la citoyenneté et de l’autonomie (CDCA). Et parce que la perte d’autonomie ne concerne pas uniquement les personnes âgées mais également les personnes vulnérables et en situation de handicap, la CFDT Île-de-France continuera de porter des revendications sur le rôle et la place du proche aidant dans l’entreprise, l’administration et la société.

Comment ne pas évoquer par ailleurs l’accès au logement et aux transports, qui conditionnent indéniablement la vie des Franciliens ? Sur ces points, la CFDT Île-de-France juge les difficultés encore importantes. Tout en estimant que « l’effet conjugué de la reprise de la production de logements, notamment sociaux, de la réforme d’Action logement, ainsi que de la montée en puissance des travaux du réseau de transport du Grand Paris Express, devrait permettre une amélioration de la situation dans les années à venir. » L’Union régionale a également réaffirmé sa volonté de renforcer le vivre-ensemble dans la région et de lutter contre les discriminations. Elle a aussi assuré qu’elle s’emparerait davantage du sujet de l’école au cours de la mandature ; « une véritable question de société qui ne concerne pas que les acteurs de l’éducation ». Un amendement allant dans ce sens, porté par lesyndicat Énergie-Chimie Île-de-France, a d’ailleurs été intégré à la résolution d’orientation générale.

S’adapter aux nouveaux emplois
Pour développer son nombre d’adhérents mais aussi sa représentativité, la CFDT Île-de-France a donné rendez-vous aux équipes en 2018. L’année sera marquée par la campagne des élections professionnelles dans les trois fonctions publiques, où la CFDT a pour objectif de progresser encore. La CFDT Île-de-France a aussi l’ambition de se préoccuper davantage au cours de la mandature d’un public nouveau et de plus en plus nombreux dans la région : les travailleurs indépendants, en portage salarial et autres auto-entrepreneurs.

De même, dans les TPE, l’action de la CFDT Île-de-France se poursuivra pour renforcer sa présence et sa représentativité. « C’est nécessaire notamment pour contrecarrer l’absence de négociation telle que prévue dans les ordonnances. À défaut de laisser les syndicats négocier avec l’employeur dans les TPE, faisons en sorte qu’une majorité de ces salariés soient adhérents à la CFDT pour qu’ils puissent défendre leurs droits ! », a lancé Diego Melchior.
congres uri cfdt idf encadreEn pièce-jointe, retrouvez l'ensemble du dossier avec des interviews de secrétaires généraux de syndicats (HTR, Santé-sociaux 92), la présentation du nouveau secrétariat régional, un résumé des débats avec Laurent Berger et des interventions de syndicats, des extraits des discours de délégations étrangères ou encore un entretien avec Gershon Gelman, secrétaire général du syndicat Histadrout de la région de Tel Aviv-Jaffa (Israël).
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Le nouveau Bureau régional. organe directeur de l'Union régionale. Il est composé de 33 membres, issus de 3 collèges : secrétariat régional, unions départementales, syndicats.