A Saclay, qu'est devenue la parole de l'État ?

Publié le 24/10/2017

Qu'est devenue la parole de l'État à Saclay quand elle fut engagée en 2008 pour faire advenir une université capable de s'inscrire dans la grande concurrence mondiale du savoir ? La CFDT a depuis le début fait savoir qu'elle soutenait ce projet ambitieux à la condition que l'État assume son rôle. La nécessité de rebâtir un nouveau projet est le signe du peu de conséquence des pouvoirs publics à Saclay.

communique saclay
Aujourd'hui, est posé, sous la pression de quelques institutions, de quelques ministères et associations, le principe non seulement d'une séparation entre les partenaires d'un projet que l'État avait voulu solide mais encore celle entre des enseignements de premiers cycles accessibles à tous les étudiants du territoire et une institution regroupant l'enseignement de deuxième et de troisième cycle. Au coeur de cette logique, il y a la sélection des étudiants, ce qui est problématique parce que ce choix a un impact sur le territoire que personne ne souhaite penser.

On ne refuse pas le principe d'une orientation active des étudiants si elle offre un droit à l'erreur et la possibilité de composer des parcours car cela permet la réduction de l'échec en même temps que la créativité, source d'innovation. Les étudiants doivent pouvoir circuler entre les cursus. Il faut refuser une segmentation faite trop tôt et trop rigide.

Il y a donc des conditions : l'institution de premier cycle serait-elle membre de Saclay, ses diplômes seront-ils ceux de Saclay ? Ses enseignants seront-ils communs ? Séparer pour mieux gérer est cohérent, séparer pour reléguer est impertinent et contre-productif. Quand comprendra-t-on qu'une université suppose la constitution d'une communauté académique durable ? Pour chaque institution, il faut une direction efficace mais une direction qui soit aussi capable d'organiser la confiance de toute la communauté et la transparence de ses choix quand ils engagent l'avenir. Et force est de constater que cette marche n'a pas été atteinte jusqu'ici. Cette capacité est nécessaire car elle conditionne la réalisation du projet universitaire et donc une partie des financements au-delà de la crédibilité même de l'institution vis-à-vis des autres partenaires académiques.

Par la suite, imagine-t-on une université de rang mondial qui n'ait pas autour d'elle un environnement favorable? Quel sera l'engagement patronal ? En effet, si toutes les organisations, toutes les entreprises sont concernées, quels sont leurs efforts pour faire advenir un projet aussi viable que durable ? À quand, enfin, des engagements solides, cohérents et fermes sur le transport, sur l'aménagement du territoire ? Il n'y a pas de recherche, d'enseignement, de développement et d'innovation hors sol.

Il faut des engagements précis et surtout les garanties qu'ils vont être tenus jusqu'au bout et que la puissance publique ne va pas encore faillir.
Faire d'un territoire un espace de science, de créativité, d'innovation et de croissance, suppose beaucoup de technique et d'expertise mais n'a-t-on toujours pas entendu la demande des citoyens français ? Ils ne veulent plus être les spectateurs d'un mandat vague, ils veulent être associés : l'expertise nécessaire à chaque projet ne peut être la raison d'une diminution de la citoyenneté !

L'expérience nous apprend que les présidences et les gouvernements précédents ont échoué à Saclay faute de faire émerger un débat de fond. Ils s'étaient laissés entraîner par des querelles futiles de structures entre clans, partis, factions et lobbys sans jamais aborder les vrais enjeux intellectuels du sujet. On ne peut qu'être assuré que si cette Présidence et ce gouvernement n'ont pas le courage de poursuivre, en profondeur, les objectifs de leur politique, leurs successeurs à l'Elysée comme à Matignon devront, dans cinq ans, faire la même critique envers leurs prédécesseurs que celle qu'ils font en ce moment.

L'Union régionale CFDT Île-de-France