[Dossier] Les mobilités en Île-de-France

Publié le 22/03/2018

Alors que le gouvernement a annoncé le report partiel du projet de Grand Paris Express, jamais les questions liées aux déplacements des Franciliens n’ont été aussi prégnantes dans les débats sur l’aménagement de l’Île-de-France de demain. La CFDT Île-de-France veut faire entendre ses revendications à tous les niveaux, dans les entreprises et administrations, mais également auprès des instances de gouvernance des transports. Solidaires revient sur la stratégie décidée lors du dernier congrès de l’Union régionale.

Crédit photo : Rea © Gilles Rolle

Paradoxe de l’Île-de-France : malgré un maillage routier structuré, des dessertes de transports collectifs en amélioration, notamment en petite couronne, les réseaux de transports franciliens sont saturés. Pendant longtemps, on s’accordait à dire que rien n’avait été fait durant des décennies pour l’amélioration, la modernisation et la création de nouvelles infrastructures, mais aujourd’hui, cette seule explication ne suffit plus. En effet, l’Île-de-France Encadré chiffres mobilites IDFse développe sous l’effet de la mondialisation, le monde du travail se transforme, et les nouvelles organisations temps de travail/temps de vie n’ont pas été suffisamment prises en compte.

Une évolution de la mobilité dans une région en mutation
Tout cela a un impact direct sur les déplacements des travailleurs et donc sur l’organisation des transports. Les périodes dites « de pointe » ont tendance à s’allonger. L’évolution des besoins de la population francilienne complexifie aussi le déplacement des usagers. Bien souvent, les salariés effectuent des trajets domicile/travail (12 millions par jour !) entrecoupés par des arrêts liés à une activité annexe : dépose d’enfants, courses, loisirs, multi-activité…

De la même manière et compte tenu des besoins à venir, le secteur des services à la personne va se développer et devrait intensifier les trajets de salariés de l’est de l’Île-de-France, lieu de résidence, vers les territoires plus aisés de l’ouest, lieu de travail. Un allongement du temps de transport est à prévoir pour les travailleurs ne pouvant se loger à proximité de leur travail. C’est donc bien toute une conception des mobilités qui doit être repensée, et plus globalement un aménagement du territoire francilien plus équilibré et solidaire comme le demande l’Union régionale depuis de nombreuses années.

Les transports, élément de cohésion sociale
Si globalement, le réseau des transports collectifs, routier ou ferroviaire est performant en Île-de-France, il recoupe néanmoins des situations différentes selon les territoires. Un décalage conséquent existe entre le cœur de l’agglomération francilienne et la grande couronne, mais aussi au sein même de chacun de ces territoires. Avec le Grand Paris Express (GPE), les dessertes au sein de la métropole du Grand Paris et des zones urbaines limitrophes vont s’améliorer.

Il est vraisemblable que l’accueil des Jeux Olympiques de 2024 va dynamiser la réalisation des infrastructures, mais tous les Franciliens en bénéficieront-ils ? « L’enclavement de villes ou de quartiers classés prioritaires doit faire l’objet de toutes les attentions, souligne Lahouari Boubekeur, secrétaire régional en charge des questions d’aménagement du territoire. « Une société se doit de développer des infrastructures de transports efficaces maillant tous les territoires. Les citoyens ne peuvent vivre dans des territoires enclavés en raison de l’absence de transports et se retrouver sans accès facile aux zones d’activité, d’emploi, de formation, de services, de commerces, de loisirs ou de culture. Par ailleurs, la mobilité est un facteur majeur d’intégration ».

Qu’en est-il par exemple des territoires périurbains ou ruraux de l’Île-de-France qui ne sont pas concernés par le Grand Paris Express (voir encadré ci-dessous), mais où résident de nombreux salariés confrontés quotidiennement à des difficultés de déplacements, qu’ils soient routiers ou ferroviaires ? C’est toute la responsabilité d’Île-de-France Mobilités (voir interview plus bas) et des collectivités territoriales que dorganiser la mobilité de tous les Franciliens, quel que soit le lieu de leur domicile.


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La mobilité au service de l’emploi
La CFDT Île-de-France l’a rappelé lors de son récent congrès de juin 2017 : la question de l’emploi ne peut être complètement dissociée des conditions de transport et de logement. « Avec un logement financièrement accessible et une offre de transport de qualité, les salariés augmentent leurs chances de trouver un emploi, a ainsi rappelé Diego Melchior, secrétaire général adjoint, dans sa présentation de la résolution d’orientation générale. Avec l’émergence de nouveaux métiers comme dans le secteur du numérique, le développement de nouvelles formes de travail et d’espaces de travail (coworking) ou encore l’augmentation du travail précaire (contrats à durée déterminée, intérim, temps partiels parfois subis, horaires atypiques), l’organisation de la mobilité des travailleurs devient plus complexe. Dans cette période de transition entre deux modèles, la question de la mobilité des travailleurs est plus que jamais d’actualité.

Une transition écologique qui bouleverse les usages
Les préoccupations environnementales ont, par ailleurs, entraîné un changement de pratiques dans les modes de déplacements. Afin d’améliorer la qualité de l’air et réduire l’émission de gaz à effet de serre, des alternatives à l’utilisation de véhicules polluants se développent. La place de la voiture diminue, alors que le vélo, la marche, sont en progression essentiellement à Paris et en petite couronne. Ainsi, le développement des modes de transports alternatifs trouve aujourd’hui ses limites pour les usagers habitant en grande couronne. Si l’auto-partage ou le covoiturage sont des solutions séduisantes, permettant de réduire le nombre de voitures et les coûts de transport, il faut néanmoins relativiser leur succès qu’on constate essentiellement pour les trajets de moyennes et longues distances.

L’Union régionale dans le débat
La CFDT Île-de-France, depuis de nombreuses années, a publiquement fait connaître ses exigences en matière de transport. Dans sa contribution au schéma directeur régional d’Île-de-France en 2006, puis ses « cahiers d’acteurs » lors des débats publics sur les projets du Grand Paris et Arc Express en 2011, elle a constamment rappelé sa revendication de favoriser un aménagement du territoire équilibré et solidaire, dont les transports sont un élément structurant. La CFDT Île-de-France a toujours revendiqué « des transports pour tous ». Lors de son dernier congrès, elle a décidé de la mise en place d’un groupe de travail « Mobilité » chargé de réfléchir sur diverses thématiques comme la tarification des transports ou les transports durables. Ce groupe sera composé de militants issus de différents champs professionnels, de retraités et de mandatés.

L’Union régionale entend également accompagner les équipes syndicales dans les entreprises et administrations en leur proposant un soutien et des outils pour mener leurs actions, notamment lors de l’élaboration des Plans de déplacement d’entreprise (PDE), plans de déplacements inter-entreprises (PDIE) ou Plans de déplacement d’administration (PDA). Depuis le 1er janvier 2018, ces plans qu’on appelle à présent plans de mobilité, sont devenus obligatoires dans les entreprises de plus de 100 salariés.

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Pour relever les défis qui s’annoncent en matière de mobilité, un indispensable travail collectif devra mettre les Franciliens au cœur des décisions. Ce qui est sûr, c’est que la CFDT est prête à assumer sa part de responsabilité.

Dossier carte-GPE fev2018 © sté Grand Paris
Crédit photo : © Société du Grand Paris

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