[Enjeux] Transports publics : zone unique, tarif unique.

Publié le 03/03/2015

Le dézonage intégral du réseau de transport public d’Île-de-France figurait dans la « feuille de route » du Conseil régional suite aux élections de 2010. Ce sera chose faite en septembre prochain, le STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France) venant de décider l’application de cette importante réforme tarifaire.

À la prochaine rentrée, il n’existera donc plus qu’une zone de tarification pour les abonnements « Navigo » en lieu et place des cinq existantes et ce pour un tarif unique de 70 € par mois. Cela représentera ainsi pour un abonné 5 zones un gain annuel de l’ordre de 500 € ! En ce qui concerne les abonnements dits de proximité (zones 2-3, 3-4, 4-5) dont le tarif actuel est inférieur à 70 €, leur prix sera figé jusqu’au 31 décembre 2016. Le prix des tickets « au détail » quant à lui demeure inchangé. Bien entendu, le remboursement du Navigo, à hauteur de 50 % par les employeurs, continuera à s’appliquer.

Une mesure d’équité
Pour l’Union régionale CFDT Île-de-France, cette nouvelle tarification est une mesure d’équité sociale et territoriale qu’elle réclamait notamment dans sa contribution au Schéma directeur de la région Île-de-France en 2006. En effet, il était anormal que les Franciliens les plus éloignés du centre de la métropole avec les temps de transport les plus longs supportent un coût plus conséquent. Cependant avec la mise en place du tarif unique, qui constitue une réelle avancée pour les usagers franciliens, toutes les situations n’ont pu être réglées : les salariés qui travaillent en Île-de-France et habitent dans une région limitrophe ne peuvent pas toujours bénéficier du Navigo. Certains sont aussi contraints d’utiliser leur voiture alors que le coût de stationnement aux abords des gares est prohibitif dans certaines villes. L’Union régionale souhaite à cet égard que des accords puissent être trouvés entre le Conseil régional d’Île-de-France et les collectivités territoriales concernées.

Un financement majoritairementassuré par les entreprises
Sans doute était-ce là le principal écueil à la mise en place du dézonage. La tarification unique a un coût pour la RATP, la SNCF et les sociétés de cars du réseau Optile. Estimé à 181 millions d’euros pour 2015 et en année pleine à 485 millions d’euros, il n’aurait pas été acceptable de le faire supporter aux ménages. Le surcoût sera finalement financé aux 2/3 par les entreprises dont la contribution obligatoire au versement transport sera majorée dans les limites prévues par la loi de finances. Mais cette augmentation reste minime et quasiment compensée par la baisse arithmétique du montant du remboursement des abonnements aux salariés. Enfin, le tiers restant sera assuré par le Conseil régional pour financer entre autres le dézonage des abonnements « Imagin’R » destinés aux étudiants et scolaires, ainsi que la tarification sociale pour les personnes en situation de précarité, celle-ci pouvant aller jusqu’à la gratuité pour les chômeurs titulaires de l’Allocation de solidarité spécifique et de la Couverture maladie universelle, ce que revendiquait déjà la CFDT dans les années 90.

Une offre et une qualité de service inégales entre territoires
L’Union régionale ne cesse de le répéter : en Île-de-France, les inégalités territoriales sont importantes en matière d’emploi, de logement mais également de transports. D’après la dernière enquête sur la mobilité des Franciliens, si l’utilisation des transports collectifs est en forte augmentation (+21 % entre 2001 et 2010), elle se concentre essentiellement sur la petite et moyenne couronne de l’agglomération parisienne. Cette croissance est essentiellement constatée parmi les actifs ayant un emploi. A contrario, la grande couronne de l’Île-de-France est la seule qui voit l’usage de la voiture augmenter, principalement dans les zones peu denses, mal desservies par les réseaux de transports collectifs. Il va de soi que la baisse des tarifs du Navigo est positive et procurera un gain financier indéniable pour les usagers. Les déplacements en transports collectifs à l’intérieur de l’Île-de-France devraient augmenter. Mais il n’en demeure pas moins vrai que des efforts importants sont encore à réaliser pour que les transports, éléments structurants des territoires, répondent aux besoins des usagers et salariés travaillant en Île-de-France.

► Les transports et la CFDT Ile-de-France, une longue histoire
Daniel Rabardel, délégué régional entre 1980 et les années 2000, a été vice-président  de la commission transports du Conseil économique et social régional où il siège toujours. Il y a conduit un rapport adopté en 1991 sur la qualité des transports en Île-de-France.

" Après avoir réalisé, dès 1971, avec la CGT et la FEN, une plaquette sur la situation des transports en commun en Île-de-France, l’Union régionale développe ses positions au début des années 80 : « pour une véritable politique des transports », avec une revendication phare : le titre unique de transport payé par l’employeur - qui avait déjà un air de Navigo à zone unique. A l’époque, c’était une revendication très originale ! Elle a ensuite fait son chemin et s’inscrivait dans la volonté d’une politique globale des transports franciliens avec entre autres la suppression de la première classe, le développement des tramways, la mise en place de couloirs d’autobus, la construction de rocades afin de limiter les passages par Paris, une meilleure information des usagers des transports... Une vision de la situation et une mobilisation qui ont porté leurs fruits. Bien sûr, pour faire avancer les choses, il a fallu agir que ce soit par les traditionnelles manifestations mais aussi par d’autres formes plus originales. Je me souviens par exemple que la CFDT a participé à une opération consistant à dessiner un couloir d’autobus sur le sol de la rue Lafayette à Paris."


Retrouvez en pièce jointe l'article de Solidaires avec l'interview de Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d'Ile-de-France.