Aéroport de Roissy : la CFDT se positionne sur le T4

Publié le 08/10/2019

Dans le cadre d’une consultation du Conseil économique, social et environnemental régional d’Île-de-France, la CFDT a posé ses conditions au projet d’aménagement du terminal 4 de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle.

Construit sur une surface de 167 ha, le terminal 4 prendra la place du terminal 3 (qui sera démoli), de parkings et de quelques autres bâtiments. Crédit photo : Alain Leduc - groupe ADP

Deuxième aéroport européen en termes de trafic derrière celui de Londres-Heathrow (72 millions de passagers accueillis en 2018 contre 79 millions), l’aéroport Charles de Gaulle fait l’objet d’un projet d’aménagement dont les travaux pourraient commencer en 2021 et s’achever en 2037. Financé intégralement par le groupe Aéroports de Paris (ADP), le coût du futur terminal 4 est estimé entre 7 et 9 milliards d’euros. Selon le groupe, le projet permettrait à ADP de « capter une partie du développement du trafic aérien mondial, qui double en général tous les 15-20 ans », tout en solutionnant le problème de la saturation des aérogares, prévue à l’horizon 2023-2025.

Pour promouvoir le projet, le groupe met en avant le développement du tourisme, la création d’emplois et d’infrastructures ou encore le renforcement du tissu d’entreprises internationales. Concrètement, ADP estime que le terminal 4 pourrait induire jusqu’à 50 000 nouveaux emplois directs et 225 000 nouveaux emplois soutenus (avec notamment le développement du tourisme).

Des questions encore sans réponse
À l’horizon 2037, le terminal 4 pourrait accueillir entre 35 et 40 millions de passagers par an. Soit un peu plus qu’à Orly ! Des estimations qui semblent toutefois surévaluées pour le Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) qui, dans sa contribution écrite rendue en mai dernier, interroge : « Les nouveaux modes de vie, la croissante prise de conscience environnementale et les changements de mentalités qui vont en découler ne sont-ils pas de nature à infléchir les estimations ? »

Autre questionnement formulé par l’assemblée consultative de la société civile régionale : « L‘avenir du projet n’est-il pas compromis par la perspective de la privatisation d’ADP ? ». Enfin, si certains documents relatifs au bruit ou à la qualité de l’air ont été fournis pour la concertation, le Ceser regrette que toutes les études d’impact n’aient pas été formalisées et intégrées dans le dossier.
T4 dates clés
Le Ceser favorable… sous conditions
Pour autant, dans cette contribution élaborée par une commission spécialisée composée de membres des quatre collèges de l’assemblée (employeurs, organisations syndicales, associations, personnalités qualifiées), l’intérêt économique du projet n’est pas contesté. Le Ceser estime même qu’« il est indispensable de conforter le hub aérien de Roissy-Le Bourget et sa compagnie nationale Air France ». La contribution souligne aussi les atouts du projet qui « ne grignote pas directement de terres agricoles et forestières », « est autofinancé par le groupe ADP » et « devrait améliorer les conditions d’accueil et de confort pour les passagers ». Ce qui n’empêche pas le Ceser de poser ses conditions. Au premier rang desquelles la réalisation effective des infrastructures de transport programmées, « en veillant à assurer le maintien de la qualité de service des équipements actuels dès le début des chantiers ». Une mise en garde pour que les travaux n’impactent pas durablement le quotidien des travailleurs et passagers.

La contribution appelle aussi à « une maîtrise de la consommation d’espaces naturels et agricoles que pourrait engendrer ultérieurement la dynamique de développement indiquée » et invite à « la recherche d’un aménagement équilibré mettant en valeur les autres atouts du territoire ».

 

La CFDT entendue
Des conditions portées en grande partie par la CFDT. « Notre position a été de dire que nous ne serions favorables au projet que si nous y ajoutions des exigences fortes, résume Marie Leprêtre, alors cheffe de file de la délégation CFDT au Ceser. Les débats ont été rudes mais nous avons finalement été écoutés », se félicite-t-elle.

À l’issue de la concertation, la direction d’ADP semble avoir entendu les exigences de la société civile, en publiant une liste de 29 engagements. Le groupe propose ainsi de premières mesures concernant le bruit (création d’un numéro vert pour faciliter la prise en charge des dossiers d’insonorisation, remplacement progressif des avions les plus bruyants), l’orientation et la formation (ouverture d’une Cité des métiers fin 2019), l’économie (accès facilité aux marchés pour les PME du territoire), l’aménagement (soutien au développement de la ligne 17 de métro) ou encore l’environnement (participation au repeuplement de la forêt de Montmorency). Des réponses complémentaires seront également apportées au moment de l’enquête publique en 2020.

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