T.Dallard (Société du Grand Paris) « Le nouveau réseau participe à la transformation urbaine de la région »

Publié le 03/03/2020

Le Grand Paris Express (GPE) va métamorphoser le visage de l’Île-de-France. Quel sera son impact sur l’emploi, le logement et la vie des Franciliens ? Quels défis pose-t-il ? Thierry Dallard, président du directoire de la Société du Grand Paris, maître d’ouvrage du futur métro, nous répond.

Crédit photo : Société du Grand Paris / Marco Castro

Où en est l’avancement des travaux ?
Le GPE poursuit son industrialisation. 17 tunneliers ont été baptisés et sont pour la plupart en cours de déploiement, près de 150 chantiers de gares ou d’ouvrages sont actuellement entamés. Au total, 21 tunneliers seront opérationnels d’ici la fin de l’année sur les lignes 14 Sud, 15 Sud, 16 et 17. Nous n’avons jamais connu un tel volume de travaux souterrains en Europe.

Tiendrez-vous les délais pour les lignes desservant les sites des JO de 2024 ?
Nous mettons tout en oeuvre avec les entreprises de travaux qui ont gagné les appels d’offres pour tenir les calendriers qui restent contraints. Sur un chantier de cette ampleur, le chemin est long et les aléas multiples. Le rythme d’avancée des tunneliers sera déterminant. Sur le tronçon olympique, nous avons franchi plusieurs étapes décisives pour la tenue de l’objectif : choix des entreprises, réalisation des travaux préparatoires, travaux de creusement des gares et du site de maintenance d’Aulnay, démarrage d’un premier tunnelier et installation de trois autres récemment. Un cinquième tunnelier est également attendu avant l’été.

Quel est l’impact attendu du GPE en termes d’emplois ?
Lorsque les travaux atteindront leur point culminant, ce sont 15 000 emplois qui seront mobilisés chaque année. À ce jour, plus de 6 500 personnes travaillent sur les chantiers du GPE, dont près de 1 500 en insertion. Nous avons intégré dans nos marchés des clauses qui imposent que 5 % au moins des heures de travail sur les chantiers du GPE soient réservées à des personnes éloignées de l’emploi. Aussi, plus de 3 700 entreprises bénéficient de nos commandes dont 2 100 franciliennes. Et au minimum, 115 000 emplois supplémentaires seront créés au cours des 25 prochaines années par les effets d’externalités liés au GPE.

Ce nouveau réseau peut-il contribuer à réduire les inégalités territoriales ?
Le GPE est un projet utile à la France parce que les retombées économiques seront considérables : 10 à 20 milliards d’euros de PIB supplémentaires seront générés par an par la mise en service du réseau. Ce surplus de croissance profitera à toutes les régions puisque si l’Île-de-France produit 32 % du PIB de la France, elle n’en consomme que 22 %. Je rappelle que le GPE est financé par une fiscalité uniquement francilienne et un recours à l’emprunt. Mais tout le monde est concerné. Concrètement, un chercheur étranger arrivant à Orly pour se rendre au centre européen de lutte contre le cancer à Villejuif mettra 10 minutes contre 39 aujourd’hui. Les Français qui viennent à Paris, pour voir de la famille ou aller à un spectacle, pourront se déplacer plus facilement. De plus, grâce à la qualité de l’interconnexion au réseau existant, beaucoup d’habitants de la grande couronne auront facilement accès aux soins médicaux, aux équipements sportifs, aux lieux culturels et aux quartiers d’affaires. Par exemple, un habitant de Saclay qui travaille à La Défense mettra 40 minutes au lieu d’1h04 aujourd’hui.

Comment maîtriser les coûts du foncier autour des nouvelles gares ?
Tous les acteurs de la ville doivent avoir conscience de la fonction urbaine du GPE qui est bien plus qu’un réseau de transport. Les gares du GPE sont des vecteurs de nouvelles centralités et en ce sens, le nouveau réseau participe à la transformation urbaine de la région. Il est aussi une réponse pour désenclaver certains quartiers mal desservis. Ce processus de transformation doit s’accompagner d’une capacité à créer une offre de logements à des prix abordables. Plus de logements accessibles permettra de freiner la croissance des prix des loyers. La Société du Grand Paris (SGP) porte une grande attention à la valorisation des fonciers qu’elle acquiert pour la construction du métro. C’est un enjeu économique pour l’entreprise mais aussi pour apporter notre contribution à la construction de logements à l’échelle de l’Île-de-France. Notre objectif est de produire au total 1 million de m2 de logements sur les terrains acquis par la SGP.