[Portrait] William Gardey, l'homme fort de l'Assurance maladie

Publié le 08/07/2015

Président de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Paris pendant 13 ans et à la tête de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) depuis fin 2014, William Gardey est un fin connaisseur du système de protection sociale français. Pour "Solidaires", il retrace les grandes étapes de son parcours.

Il nous reçoit dans son bureau de la Porte de Montreuil. Face à l’horloge. Car William a précisément une heure à nous consacrer. Une heure durant laquelle il évoquera ses débuts à la CFDT, ses fiertés ou encore les sujets chauds qu’il a à traiter. Une heure durant laquelle s’esquisse aussi le portrait d’un homme pragmatique et conscient de sa mission de premier défenseur des assurés.

La CFDT et le nucléaire
Né en Bourgogne, William obtient un DUT en finances et comptabilité en 1977. Après quelques années à cumuler fac et petits boulots à Dijon, il s’envole pour Djibouti - dans la corne de l'Afrique - où il effectue son service national en coopération. À son retour, ce fils d’artisan rêve alors d’un autre horizon que celui de comptable. Il sera finalement embauché, en 1983, au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) dans une unité de production où il a en charge les finances et les ressources humaines. Une mission de quelques mois, pense alors le jeune homme à la fibre écolo, qui a des envies de voyage plein la tête. C’est là qu’il découvre, au milieu des années 80, la CFDT. « J’ai tout de suite aimé le discours des militants cédétistes sur les énergies alternatives, se rappelle-t-il, avant de livrer une anecdote. Après la catastrophe de Tchernobyl, nous avions réalisé un vrai boulot d’information des salariés sur les risques du nucléaire civil ». À la suite de quoi, il prend son premier mandat syndical à la commission formation du CE. Et se lance, à la même époque, dans une formation de quatre ans en ressources humaines. En 1989, « après avoir fait le tour du boulot » et « appris - en formation interne - à repérer les espions russes » (sic), William rejoint finalement Paris pour un poste de cadre dirigeant au comité d’entreprise du CEA.

La « prise » de la Caisse de Paris
Peu après son arrivée, il suit une formation syndicale à l’Union départementale (UD) de Paris. Et très vite, il fait part de sa volonté de s’investir dans l’interprofessionnel. « J’avais proposé naturellement d’être conseiller prud’hommes, indique-t-il. Mais comme il fallait attendre pour les renouvellements, Joseph Le Corre, alors secrétaire général de l’UD de Paris, m’a confié un autre mandat : celui d’administrateur de la CPAM de Paris. » Dans la foulée, il siège aussi à la CNAM. Et vivra donc de l’intérieur la secousse de 1995. « Nicole Notat, la secrétaire générale de la CFDT, avait dit ‘Chiche !’ au plan Juppé (pour sécuriser le financement de la Sécu, NDLR). Ce qui avait provoqué une vague de départs en interne mais aussi une profonde réorganisation de l’assurance maladie, avec notamment le départ de FO de la CNAM, après 30 ans de gestion », relate-t-il. C’est donc dans ce contexte que William, alors âgé de 40 ans, se voit confier la présidence de la caisse de Paris. Une caisse exceptionnelle de par l’ampleur de la population qu’elle couvre (près 2 millions d’assurés sociaux en 2014). De cette présidence, qu’il quittera en 2009 pour rejoindre l’Ugecam Île-de-France (organisme qui gère 18 établissements de santé), il gardera des souvenirs forts. Et un sentiment de fierté d’avoir défendu « bec et ongles » les centres de santé, alors considérés comme une exception ‘parisianiste’ et menacés de disparition. « À Paris, nous savions ce qu’étaient les dépassements d’honoraires. Et ces centres - inscrits quinze ans plus tard dans la loi Bachelot - constituaient une offre de soin vitale pour de nombreux habitants », insiste-t-il.

Au service des assurés
Conservant un pied en entreprise tout au long de sa carrière, William a donc connu de nombreux mandats dans la protection sociale. Lors des rencontres d’administrateurs organisées par la CFDT Île-de-France, il a d’ailleurs partagé maintes fois son expérience. Pour parachever en beauté son parcours : il prendra – peu après l’Ugecam - la présidence de la CNAM, mandat qui court jusqu’en 2017. Avec un sens aigu des responsabilités, l’homme assume parfaitement ce nouveau costume. Un costume qui lui permet de prendre part aux grands arbitrages politiques en matière de santé. « Dans le contexte, mon objectif est bien sûr de faire des économies mais pas sur le dos des assurés, affirme-t-il. Autrement dit, nous faisons tout pour qu’il n’y ait pas de déremboursement. »