Victor, la prévention au service des travailleurs

Publié le 30/12/2022

Victor Montalvao a la sécurité chevillée au corps. Technicien en mécanique et réparation automobile, préventeur et formateur au centre d’essais de Renault à Lardy (Essonne), il a toujours suivi les normes à la lettre, « parce qu’elles protègent le travailleur ». Une position qu’il défend en entreprise et dans les organismes de prévention au sein desquels il est mandaté.

Né à Corbeil-Essonnes en 1968 et Francilien dans l’âme, c’est pourtant au Portugal que Victor Montalvao passe son enfance. « Mes parents ont fui la dictature mais aussi la misère. Après ma naissance, ils m’ont renvoyé au pays, chez mes grands-parents, pour que je baigne dans leur culture », explique-t-il. Il a douze ans lorsqu’il revient en France et ne parle pas notre langue. « Je me suis retrouvé en cours préparatoire, avec des enfants de six ans, c’était dur », s’exclame-t-il. De là, il atterrit en section d’éducation spécialisée, structure créée pour la scolarisation des « enfants inadaptés ». Mais, coup de chance, Victor est accepté peu de temps après, dans une formation en alternance – dispositif expérimental à l’époque – en mécanique et réparation automobile : « J’étais quinze jours à l’école et quinze jours dans une petite entreprise, à l’ancienne. Tous les midis, je déjeunais avec le patron. »

Respect des règles

Après son service militaire, il fait de l’intérim et répare des bateaux au Club Med de Cancún au Mexique, où il est témoin d’un premier accident de personnes pour non-respect du règlement. « Nous n’avions pas le droit de faire monter à bord des passagers alcoolisés. Je refusais systématiquement, mais comme ils avaient de l’argent… La direction n’a pas renouvelé ma mission, sans explication. »

Rien qu’il n’ait jamais regretté : à son retour en France, il est embauché à Lardy, au centre d’essais et de développement de Renault, en tant que testeur d’endurance, puis trois ans plus tard, dans la mise au point du démarrage à froid, « un boulot que j’adorais ! ».

Brûler des pneus ne sert à rien

Dans les années 1990, les mouvements sociaux se multiplient chez Renault. Très vite, Victor prend position et se fait remarquer. « Je ne supporte pas l’injustice, mais je suis persuadé qu’on n’arrive à rien en brûlant des pneus ou en caillassant avec des écrous toutes les grosses voitures que l’on rencontre au passage. » Le syndicalisme est pour lui une affaire de valeurs et de personnes : « Je m’entendais très bien avec l’élu CFDT au comité d’entreprise. Il m’a invité à une réunion. C’est là que j’ai découvert que tous mes copains y étaient et qu’ils partageaient mon point de vue. » Victor adhère en 2004 – « nous étions 4 000 salariés à Lardy » – et prend des mandats deux ans après. « Je suis d’abord devenu délégué du personnel, ce qui est bien pour commencer, mais c’est le mandat au CHSCT qui m’a passionné. ».

Prévention des risques

« Mon travail a d’abord été de convaincre mon employeur de l’importance de la sécurité. C’est en cherchant des informations pour mon CHSCT que j’ai rencontré un mandaté interprofessionnel CFDT de la Caisse régionale d’assurance maladie de l’Île-de-France (Cramif), en charge de la prévention des risques professionnels », poursuit Victor. Le courant passe à merveille et, quelques mois plus tard, il prend un mandat dans l’organisme : « Ce lieu permet notamment d’échanger avec les représentants du Medef. Ils sont beaucoup plus détendus qu’en entreprise et on obtient des choses. La plupart du temps, ils partagent nos constats ». Victor œuvre à la Cramif pour faire connaître les droits et en obtenir de nouveaux, « d’abord pour les grandes entreprises mais ça finit par déteindre sur les petites dans lesquelles les consignes de sécurité sont beaucoup moins respectées ».

Il est également coordinateur de l’équipe des mandatés CFDT dans les comités techniques régionaux (CTR) et, depuis moins d’un an, administrateur à la caisse primaire d’assurance maladie de l’Essonne. « C’est passionnant de voir toutes les évolutions en matière de sécurité. La féminisation des métiers techniques a par exemple contribué à la mise au point d’outils plus ergonomiques, beaucoup de progrès sont faits, mais beaucoup reste à faire », conclut-il en souriant. Si tout le monde y met une telle énergie, on ne pourra que progresser !