"Duos de demain": relance du parrainage citoyen

Publié le 14/03/2022

L’Union régionale CFDT Île-de-France a organisé le 11 janvier dernier un webinaire de présentation du dispositif de parrainage et marrainage de réfugiés, « Duos de demain ». Objectif ? Relancer, cinq ans après sa mise en place, ce partenariat entre France terre d’asile et la CFDT, difficile à faire vivre en temps de confinement.

Depuis son lancement fin 2015 par France terre d’asile, ce sont plus d’une cinquantaine de militants CFDT Île-de-France qui se sont engagés dans le dispositif de parrainage citoyen « Duos de demain ». « La photo d’Aylan, enfant kurde retrouvé mort sur une plage turque le 2 septembre 2015, a créé un choc qui a entraîné un véritable élan de solidarité envers les réfugiés. Nous avons transformé cet élan en projet de parrainage. La CFDT s’y est ralliée immédiatement, ce qui nous a permis de le structurer. L’idée était de laisser la place au citoyen dans l’accueil des réfugiés », explique Fatiha Mlati, directrice de l’intégration à France terre d’asile. Mission accomplie : « Duos de demain », financé par le ministère de l’Intérieur et la Fondation SNCF, a permis en effet, à ce jour, de constituer 819 duos. Plus de 2 000 personnes en ont été bénéficiaires.

 

Un dispositif simple

L’idée de « Duos de demain » est d’établir une relation privilégiée entre un résident en France et une personne bénéficiant de la protection internationale. « Il ne s’agit pas de se substituer aux dispositifs d’aide sociale mais d’apporter un plus », poursuit Fatiha Mlati. Rencontrer des résidents français dans un cadre privé permet notamment de rompre l’isolement de certains réfugiés. « Cela a facilité leur intégration grâce à la pratique du français et à une meilleure connaissance de la société française et de ses codes. Les parrains et marraines, eux, découvrent de nouvelles cultures et réalités », note pour sa part Emma Barriquand, chargée de mission à France terre d’asile.

 

Des liens magiques

Les témoignages des deux parties impliquées montrent bien que « Duos de demain » est une aubaine pour tout le monde. « Des liens magiques se créent. Les soirées organisées par la CFDT Île-de-France, par exemple, ont toujours été vivantes, pleines d’émotion. Très souvent, les anciens Duos restent en contact », souligne Sylvie Polvèche, à l’origine du partenariat entre la CFDT Île-de-France et France terre d’asile. Un vécu confirmé par Sébastien Picaud Roux, parrain d’Erfan, un jeune Afghan : « J’ai rencontré Erfan en juillet 2019. La première fois, c’est comme un rendez-vous amoureux, on a un peu le trac, on se demande si le courant va passer. » À ce premier rendez-vous, d’autres, nombreux, succèdent. « Je l’ai reçu en famille, nous avons cuisiné ensemble, partagé les repas. Les échanges culinaires sont une bonne porte d’entrée pour discuter. Erfan avait d’ailleurs un très bon niveau de français. »

 

Une période difficile

Sébastien Picaud Roux se montre d’ailleurs attristé d’avoir perdu contact aujourd’hui avec son « filleul ». « Nous avons renouvelé le Duo et nous nous sommes revus souvent jusqu’au mois de mars 2020. Lors du confinement, nous avons maintenu un contact à peu près régulier par WhatsApp mais je n’ai plus eu de nouvelles à partir d’avril 2021 et le retour des talibans en Afghanistan. » Même constat chez Marc Van De Putte, parrain, lui, d’Ousmane, un jeune Érythréen. « Nous vivons en Essonne tous les deux, alors nous avons fait des visites culturelles dans le coin : le château de Dourdan, le musée Caillebotte… Nous discutions sur le trajet et nous prenions un café après. Il cherchait du travail et je me suis inquiété pour lui avec le Covid. J’ai d’ailleurs perdu sa trace lors du premier confinement. »

 

Relancer une machine qui fonctionne

Rien de très surprenant selon les responsables de France terre d’asile : le parrainage de « Duos de demain » se base sur la rencontre, qui n’était simplement pas possible à cette période. Or elle l’est à nouveau et le dispositif a fait ses preuves. Raison pour laquelle Patrick Labboz, secrétaire régional en charge des sans-papiers et des réfugiés, a décidé de relancer ce partenariat. « Au vu des discours démagogiques et faux particulièrement en période électorale, il est d’autant plus important de contribuer à ce projet citoyen », a-t-il conclu. Avis aux futurs parrains et marraines !