[Interview] Audrey Richard, présidente de l'association nationale des directeurs de ressources humaines

Publié le 30/12/2022

Représentants de l’employeur lors des négociations en entreprise, les directeurs de ressources humaines portent leur propre regard sur le dialogue social. Audrey Richard, présidente de l’ANDRH et DRH du groupe Up, nous en livre l’essentiel.

Quelle est votre conception du dialogue social ? Quel message portez-vous auprès des chefs d’entreprise sur la place qu’il occupe ?

Le dialogue social représente un pan entier de notre quotidien de DRH. Pour nous, c’est un sujet d’intérêt et de préoccupation permanents. Notre association défend l’idée qu’il n’est que meilleur quand il est réalisé au niveau local, au plus près du terrain. Les responsables RH, les managers et les partenaires sociaux sont ceux qui connaissent le mieux les problématiques de leur entreprise. Un dialogue social de qualité, qui s’instaure durablement, s’organise le plus souvent au niveau local. La signature d’accords, au plus près du terrain doit d’ailleurs être davantage valorisée.

Comment agissez-vous pour développer et renforcer le dialogue social ?

Nous commençons par nous assurer du partage de bonnes pratiques entre responsables. Nos 5 500 membres, DRH, RRH, experts RH de tous les secteurs, sont issus d’entreprises représentant 12 millions de salariés au total, en majorité de PME ou d’entreprises de taille intermédiaire. Au sein de nos 70 groupes locaux, actifs sur le terrain, nous partageons nos expériences sur les accords signés et nous échangeons les « bons tuyaux » pour faire avancer les politiques sociales.

Selon nous, le dialogue social peut aussi être renforcé si l’entreprise qui s’efforce de le porter et de signer des accords majoritaires est valorisée, et pas uniquement symboliquement. Une réduction de charges, par exemple ? La négociation nécessite beaucoup de temps et d’énergie. Si la forme que doit prendre cette valorisation reste à réfléchir, je crois qu’il faut envisager sérieusement la question.

Un dialogue social de qualité, qui s’instaure durablement, s’organise le plus souvent au niveau local 

Comment renforcer les compétences des représentants des employeurs en matière de dialogue social ?

L’ambition de notre association, qui n’est pas un organisme de formation, est d’aider les DRH de manière opérationnelle. Nous analysons précisément les lois, nous créons des fiches mémo pour simplifier, nous organisons des webinaires pour atteindre l’ensemble des responsables… Il y a tellement de sujets nouveaux dans nos domaines de compétence… Bien entendu, il ne faut pas négliger la formation de l’ensemble des parties prenantes. On pourrait d’ailleurs même imaginer des formations en commun.

La transparence est par ailleurs un élément essentiel au dialogue social. Cela permet de mieux se comprendre, de saisir les difficultés et les enjeux des négociations, et, au final, d’avoir une vision globale de la situation.

Que pensez-vous du territoire comme lieu de dialogue social ?

Le dialogue social au niveau territorial est intéressant sur certaines problématiques, notamment sur les questions d’emploi, qui sont profondément liées au territoire. Des solutions à mettre en œuvre collectivement peuvent être imaginées : même si le dispositif de transitions collectives n’a pas vraiment fonctionné car il était compliqué, il faut poursuivre la démarche et la simplifier. L’ANDRH a la volonté d’être un facilitateur, d’aider à mettre en mouvement les bons acteurs, pour tenir compte des problématiques de pénurie de main-d’œuvre.