[Interview] Michel Cadot, délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques 2024

Publié le 03/11/2022

Les Jeux olympiques vont transformer durablement notre région. Retour sur les investissements programmés et les perspectives avec Michel Cadot, porteur institutionnel du projet.

Quels sont les enjeux économiques et sociaux des JO, notamment pour la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine ? Comment garantir la pérennité des emplois ?

La décision d’organiser les JO en France a été considérée dès le départ par l’ensemble des parties prenantes comme une opportunité de développement économique et d’emploi. Elle portait l’ambition d’un rééquilibrage des territoires, notamment au bénéfice de la Seine-Saint-Denis. Ce département, au cœur du concept des Jeux, accueillera notamment le village des athlètes et plusieurs sites de compétition et bénéficiera de la majorité des investissements publics engagés. Dès la phase de candidature, le projet a été construit pour contribuer à la transformation de ce territoire et à la réduction des inégalités.

L’impact des Jeux sur l’emploi global est encore difficile à chiffrer. Nous avons de premiers indicateurs encourageants issus des données sur les emplois d’insertion créés dans le BTP, grâce aux obligations sociales introduites dans les marchés par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) : réserver 10 % des heures travaillées à l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi, alternantes ou résidentes des quartiers prioritaires de la politique de la ville et rendre accessible 25 % du montant des marchés aux TPE, PME et structures de l'ESS. Ainsi 1 542 personnes ont pu accéder à un emploi au titre de ces dispositifs, représentant plus d’un million d’heures de travail au début de l’été 2022. L’objectif est de 2,4 millions d’heures au total. À ce jour, près de la moitié des contrats sont conclus avec des résidents de Seine-Saint-Denis.

 La Seine-Saint-Denis est au cœur du concept des JO

Le comité Paris 2024 partage les mêmes ambitions d’insertion pour les emplois qui seront créés pour la livraison des Jeux, essentiellement dans les secteurs qui connaissent des difficultés de recrutement comme la sécurité privée, la propreté, l’hôtellerie-restauration et la logistique. Pôle emploi a, par ailleurs, ouvert une plateforme spécifique, « Emplois 2024 », pour augmenter la visibilité des offres d’emplois en Île-de-France.

 

En tant qu’ancien préfet de l’Île-de-France, vous connaissez bien les problématiques d’aménagement de la Région. Que peuvent apporter les JO ?

 

Les projets d’aménagement portés dans le cadre des Jeux se situent en majorité en Seine-Saint-Denis. La construction du village des athlètes s’effectue par la requalification d’une très vaste friche industrielle sur les communes de Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine et L’Île-Saint-Denis. Ce projet laissera en héritage un quartier urbain innovant et ambitieux, écoquartier mixte d’habitat social, intermédiaire et libre comprenant plus de 6 000 logements ainsi que des bureaux, au milieu de 7 hectares d’espaces verts. Neutre en carbone, ce nouveau quartier incarnera l’urbanisme du XXIe siècle. Dès 2025, il a vocation, tout comme le village des médias construit à Dugny, à renforcer l’attractivité de ce département et à répondre aux carences importantes en logements de cette partie de l’Île-de-France.

 

Les JO s’inscrivent dans une démarche de transition écologique. Comment cela se traduit-il ?

Le projet Paris 2024 est aligné sur l’Accord de Paris sur le climat. Le comité d’organisation dispose d’un budget deux fois inférieur aux éditions précédentes et s’engage notamment à consommer 100 % d’énergie renouvelable, à permettre à tous les spectateurs de se rendre en transports en commun sur les sites et à réduire de moitié l’impact carbone de la restauration durant les Jeux. Outre ses promesses climatiques, Paris 2024 fait aussi de la préservation de la biodiversité et du développement de l’économie circulaire des enjeux majeurs.

Les stratégies environnementales de la Solideo et de l’État sont tout aussi ambitieuses. Elles fixent l’objectif de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre issues des chantiers, de décarboner la flotte de bateaux sur la Seine ou de développer la part modale du vélo dans les transports du quotidien. Les Jeux devront être à la fois un exemple et un levier de notre adaptation au changement climatique dans la manière de préparer et concevoir des grands événements plus durables, notamment au plan énergétique.