Retour sur les hommages à Samuel Paty

Publié le 17/12/2020

Le 2 novembre, toutes les écoles ont rendu hommage à Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie décapité par un fanatique islamiste après un cours sur la liberté d’expression. Fanny Brune et Sylvie Coquille, professeures de lycées en Île-de-France et adhérentes au Sgen-CFDT, nous racontent cette journée.

Fanny (Cergy-Pontoise). « Le lundi 2 novembre, avec une quinzaine de collègues, nous avons dû nous mettre en grève juste avant l’hommage pour pouvoir nous retrouver et discuter. Nous avons pu organiser collectivement la minute de silence. Ces moments solennels ne sont pas toujours faciles à gérer avec des adolescents. Tout le monde s’est retrouvé dehors à 11h pour lire la lettre de Jean Jaurès. Le silence s’est installé, c’était un moment nécessaire. Depuis, les séances d’éducation citoyenne ont pu reprendre avec des temps d’échange, un partage des émotions et la volonté de faire face, en prenant en compte que les élèves aussi sont du côté des victimes. »

Sylvie (Les Mureaux). « Cette journée a été une épreuve : les enseignants n’ont pas eu le sentiment de pouvoir organiser l’hommage dans de bonnes conditions. Psychologiquement ébranlés, ils ont dû assurer ce temps de recueillement le matin même sans pouvoir échanger suffisamment. Ils ne se sentaient pas capables non plus de revivre les dérapages de certains élèves en 2015 après Charlie hebdo et le Bataclan. Débrouille et partage d’idées ont donc prévalu. Les collègues souhaitaient être deux par classe, ce qui n’a pas toujours été possible. La grève a été envisagée pour exprimer colère et désarroi mais il était important d’échanger avec les élèves qui ne peuvent pas toujours le faire en famille.

Certains sont très perméables à ce qui circule sur les réseaux sociaux. Ils ont ressenti le malaise des enseignants et ce fut un soulagement de constater l’absence de toute manifestation hostile. La réflexion va se poursuivre dans les classes pour comprendre les événements, ce qui fonde la laïcité, la liberté de la presse, déconstruire le complotisme, la radicalisation, aborder l’usage des réseaux sociaux… »