Ukraine : une conférence et des actions pour la paix
Organisée par la CFDT Île-de-France et animée par Olivier Clément, secrétaire régional en charge de l’international, la conférence « Pour une Ukraine libre ! » s’est tenue le 15 mars devant une centaine d’adhérentes et d’adhérents. Elle a permis de revenir sur les enjeux de cette guerre qui, comme le rappelait le secrétaire général de l’Union régionale, Diego Melchior, « bafoue les règles du droit international et a déjà provoqué plusieurs milliers de morts civils ».

La conférence pour une Ukraine libre s'est tenue le 15 mars dernier. De gauche à droite, Dmitry Rodin, Maher Tekaya, Volodymir Kogutyak, Anne Dujin et Olivier Clément
20 jours après le début de l’offensive russe sur l’Ukraine et alors que le conflit, à l’issue de plus en plus incertaine, s’enlise, cette conférence a aussi permis de manifester le soutien sans faille de la CFDT pour la paix, le dialogue, la liberté et la démocratie. L’organisation syndicale œuvre main dans la main avec la Confédération européenne des syndicats, pour apporter un soutien financier au pays et à ses résidents et les aider à circuler librement en Europe. De nombreuses initiatives sont lancées : appel à dons, soutien scolaire et cours de français, outils pour mieux accueillir les réfugiés et événements, tels que cette conférence, pour mieux comprendre. Car le savoir est le meilleur rempart contre les extrémismes, la désinformation et la manipulation.
Volodymir Kogutyak, de l'Association des Ukrainiens de France
La guerre de Poutine
La conférence a débuté par le témoignage particulièrement émouvant de Volodymyr Kogutyak, activiste franco-ukrainien, membre de l’Association des Ukrainiens de France : « De nombreux Ukrainiens ne sont pas partis. Ils défendent la démocratie mais plus le temps passe, plus ils sont fragilisés. » Et d’ajouter : « Comment en est-on arrivés là ? » Pour l’activiste, une chose est sûre cependant : « cette guerre n’est pas celle des peuples russes et ukrainiens, mais bel et bien celle de Vladimir Poutine ».
Dmitry Rodin, de l'ONG Russie-libertés
Des propos confirmés par Dmitry Rodin, responsable de l’ONG Russie-libertés, qui voit dans les mobilisations actuelles des Russes le signe d’un grand changement sociétal. « Nos ennemis sont les dictatures russe et biélorusse. Et ce qu’a fait la journaliste russe, Marina Ovsiannikova, en prenant la parole sur la chaîne 1, très pro-Poutine, est un véritable acte de bravoure », explique-t-il.
Accueillir avant tout
Au centre, Maher Tekaya, chef du service international-Europe de la confédération
La question de l’asile politique et de la protection internationale des déplacés a également été soulevée. « Tous les résidents ukrainiens doivent pouvoir bénéficier de la protection temporaire, qu’ils soient ressortissants ukrainiens ou pas. Rappelons, par exemple, qu’il y a beaucoup d’étudiants africains en Ukraine », a noté Maher Tekaya, chef du service international-Europe à la confédération. Dans un contexte où plus de trois millions d’Ukrainiens n’ont eu d’autre choix que de quitter leur pays, l’urgence est sans aucun doute de les recevoir dans les meilleures conditions possibles. « Pour autant, il est normal que la question de la différence de traitement entre réfugiés se pose. Nous n’avons pas été aussi solidaires avec les Syriens ou les Afghans et nous devrons nous interroger là-dessus plus tard. »
Ne pas oublier
Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit
Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit, à l’origine de l’appel « Pour une Ukraine libre ! » a, de son côté, mis en garde une certaine catégorie d’intellectuels qui a été sensible à la stratégie d’influence et au relais d’opinion de Moscou : « Attention aux offensives de désinformation et de falsification de l’histoire portées par la Russie. Poutine mène de front deux guerres : une guerre militaire et une guerre idéologique. » Cette vision centrée sur la géostratégie et l’idée d’un impérialisme contre un autre impérialisme, n’interroge pas la nature du régime ni la répression de la société. Or, « les sociétés civiles existent, il ne faut pas laisser les gouvernements monopoliser le discours sur la géopolitique. » Pour Anne Dujin, ce moment va peut-être permettre de créer une brèche pérenne qui « fragilise la pensée vitrifiée depuis l’annexion de la Crimée et rompe définitivement avec la complaisance à l’égard d’un pouvoir qui écrase pays voisins et société ». Une guerre qui dure et qui ne doit, en aucun cas, être oubliée. « Jour après jour, ce sont des maternités ou des théâtres qui sont bombardés et des civils qui meurent. Mais l’indifférence est une menace pour l’Ukraine », conclut Volodymyr Kogutyak. Des civils qui vivaient en paix et qui, se retrouvent aujourd’hui dans ce tourbillon tragique de l’histoire.