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[Interview] Laurent Berger : "Le WTF a l’ambition de donner une autre image du syndicalisme"

Publié le 06/03/2015

Deux mois avant le grand rassemblement du 1er mai à Paris destiné aux moins de 36 ans, Laurent Berger revient pour Solidaires, le magazine de l'Union régionale, sur les raisons qui ont motivé ce choix.

Pourquoi avoir placé ce 1er mai sous le signe de la jeunesse et du sport ?
La CFDT a décidé de rassembler le 1er mai, à Paris, 5 000 jeunes de moins de 36 ans pour le Working Time Festival (WTF). L’objectif de cet évènement est d’associer jeunes militants, mais aussi salariés, adhérents ou non, aux ambitions de la CFDT. Le WTF a l’ambition de donner une autre image du syndicalisme. Il exprime la volonté de la CFDT de donner une place aux jeunes et de les mettre en valeur. C’est un symbole fort d’organiser ce 1er mai festif à la place du traditionnel défilé. Cette journée s’inscrit dans le prolongement de ce que la CFDT affirme depuis des années : les jeunes ont toute leur place dans le syndicalisme. Elle peut être décisive et se concrétiser par des adhésions. À terme, c’est le renouvellement générationnel de l’organisation qui se joue. Toute la journée, les participants pourront mieux connaître, via des ateliers, des animations ou des forums, l’action de la CFDT, le rôle de l’Europe et échanger sur de nombreux sujets qui les concernent directement comme l’emploi, l’accès au logement ou la qualité de vie au travail. Et comme il s’agit d’un festival, cette journée se finira par un concert. Cette journée se placera aussi sous le signe du sport, avec la signature d’une convention avec Handisport. Respect, travail d’équipe, goût de l’effort, autant de valeurs en commun entre nos deux univers.

Plusieurs débats porteront sur l’Europe. Pourquoi est-ce important ?
Notre attachement à l’Europe a clairement été mis en avant dans la résolution générale lors du Congrès de Marseille, l’année dernière. La CFDT voit dans l’Europe un levier pour aboutir à une autre façon de gouverner les États, mais aussi les entreprises. La Confédération Européenne des Syndicats (CES) ainsi que 100 jeunes européens venus d’autres pays seront présents au Working Time Festival. L’Europe a mis en place des dispositifs pour les jeunes, comme la garantie jeune européenne. C’est un appui supplémentaire pour lutter contre le chômage des jeunes, en particulier les plus touchés par la crise. Mais il faut changer la vision que les jeunes ont de l’Europe. À travers les propositions de la CFDT, les jeunes pourront voir l’Europe comme une nouvelle dimension vers leur émancipation.

La CFDT a toujours su se dégager des carcans idéologiques. C'est bien d'avoir des valeurs et des principes, mais c'est encore mieux d'essayer de les concrétiser.

Comment faire face au chômage des jeunes dans notre pays ?
Beaucoup de difficultés rencontrées par les jeunes s’expliquent par l’état du marché de l’emploi. Pour la CFDT, aucun jeune ne doit être laissé sans solution. La CFDT veut changer concrètement leur situation sur le marché du travail. Elle s’est fortement engagée dans la négociation de l’ANI sur le contrat de génération pour favoriser l’emploi des jeunes en CDI, mais aussi dans le déploiement des Emplois d’avenir. La CFDT a également obtenu, à la dernière conférence sociale, 100 000 garanties jeunes d’ici 2017. Les structures de la CFDT, et la vôtre notamment, ne sont pas en reste et organisent régulièrement des forums pour l’emploi. Les jeunes salariés du public et du privé aussi ont besoin d’être accompagnés, informés et soutenus. Ils ont besoin d’avoir les bonnes clefs et bons repères par rapport au monde du travail. La CFDT est près d’eux, sur le terrain. Mais les jeunes doivent aussi faire face à d’autres réalités dans les domaines du logement ou de la santé, par exemple. Il reste encore beaucoup à faire !

Dans une période de repli identitaire, de montée du communautarisme, mais aussi de crise économique, comment convaincre les jeunes du rôle du syndicalisme, et au-delà, d’adhérer à la CFDT ?
C’est justement dans cette période et pour toutes ces raisons que le syndicalisme doit se renforcer et prendre tout son sens. La CFDT a toujours su se dégager des carcans idéologiques. C’est bien d’avoir des valeurs et des principes, mais c’est encore mieux d’essayer de les concrétiser. La CFDT est toujours et partout présente sur le terrain, proche des salariés et de leurs préoccupations. Elle n’a de cesse d’améliorer leur quotidien et de mener des combats pour l’intérêt général. Être force de proposition, avoir la volonté de faire face aux enjeux d’aujourd’hui, c’est tout cela le rôle du syndicalisme. C’est l’avenir qu’il faut préparer et l’avenir, c’est les jeunes !

Crédit photo : Info-Com CFDT