Violences sexistes et sexuelles au travail : la CFDT 91 s’invite à la fac

Publié le 26/10/2017

Le 6 octobre à l’Université d’Évry, la CFDT Essonne a co-organisé avec la préfecture et le conseil départemental un colloque sur les violences sexistes et sexuelles au travail. L’occasion de faire le point, entre autres, sur les actions de prévention et les bonnes pratiques à mettre en place dans l’entreprise.

L’amphithéâtre regorge d’étudiantes et d’étudiants. C’est dire si, en cette semaine de l’égalité professionnelle, et alors que le scandale Weinstein a éclaté la veille, le sujet interpelle. Après le discours de Josiane Chevalier, Préfète de l'Essonne, Marie Becker, rapporteure au Conseil supérieur de l’égalité professionnelle, se lance dans une définition des notions d’agissement sexiste, d’agression et de harcèlement sexuel. Un rappel salutaire, quand on sait que trois Français sur quatre ne perçoivent pas bien la différence entre séduction et harcèlement, selon une enquête de 2014 du défenseur des droits.

Après la table ronde sur les procédures judiciaires et celle sur la prise en charge des victimes de violences, le troisième temps d’échanges, auquel participe la CFDT, est centré sur la prévention. « Longtemps, les élus d’entreprise ne considéraient pas ce sujet comme prioritaire car les victimes ne venaient pas les voir, contextualise Christophe Dague, secrétaire général de la CFDT Paris en charge de ce dossier. De leur côté, les victimes ne s’adressaient pas aux élus car ils n’étaient pas identifiés comme les bons interlocuteurs. »

Former et informer
Pour casser ce cercle vicieux, la CFDT Paris initie, en 2009, la campagne « Respecté-e-s ». Les premières journées de sensibilisation à la prévention de ces violences, en partenariat avec l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), voient ainsi le jour. Elles bénéficieront, en huit ans, à quelque 2 500 élus CFDT d’Île-de-France ! « Nous agissons sur la prise en charge des victimes mais, pour mieux prévenir ces violences, nous cherchons aussi à créer des relais dans les entreprises pour développer les bons réflexes », éclaire Laetitia Bernard, juriste spécialisée à l’AVFT. Cendrine Chapel, à la tête d’une PME parisienne, est justement l’un de ces relais. « L’égalité professionnelle fait partie de notre ADN. Mais, après avoir fait passer un questionnaire aux salariés, quelle n’a pas été notre surprise de découvrir que beaucoup de femmes avaient subi du harcèlement au travail ! » L’entreprise cherche alors à libérer la parole et lance – parmi d’autres actions – une application (« Respect Me ! ») qui permet d’actionner, en cas de propos sexiste, « un genre de buzzer, qu’on utilise en réunion notamment ». Réjane Vallée, maître de conférences, souligne quant à elle les « crispations observées » lors de la grande enquête menée par l’Université d’Évry et qui court jusqu’au 13 novembre. « Il y a encore beaucoup de travail, auprès des jeunes notamment », note-t-elle.

Et si la sensibilisation et la formation se développent dans les entreprises et administrations, Christophe Dague pointe toutefois la difficulté de valoriser les actions de prévention : « À la différence d’une négociation annuelle obligatoire sur les salaires, une campagne de prévention est plus difficilement valorisable en termes de résultats. Et pourtant, nous savons qu’elle permet de freiner les agresseurs. Rappeler l’employeur à ses obligations – en termes d’affichage notamment – n’est pourtant pas compliqué, assure-t-il, avant de conclure. Si chacun mène des actions là où il est, l’agrégation de celles-ci fera reculer fortement ces violences ». Et la CFDT compte bien y prendre sa part, en Essonne et dans toute l’Île-de-France.
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