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[Dossier] Agir pour l'emploi et le travail des personnes handicapées

Publié le 22/12/2016

Alors que les entreprises de plus de 20 salariés sont tenues d’employer 6 % de travailleurs handicapés, leur part en équivalent temps plein dans les effectifs des entreprises d’Île-de-France n’est que de 2,5 % (contre 3,3 % au niveau national). Face à ce constat, comment agir syndicalement en faveur de l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés ? Comment favoriser leur maintien dans l’emploi ? Solidaires passe au crible les leviers d’action.

En 2015, le taux de chômage des personnes déclarant disposer d’une reconnaissance administrative de handicap était de 18 %, soit près du double du taux de chômage tout public. En Île-de-France, fin juin 2016, on comptait 57 300 demandeurs d’emploi en situation de handicap ; soit une augmentation de 7 % par rapport à 2015. Par ailleurs, les personnes handicapées connaissent une forte ancienneté d’inscription au chômage, également supérieure à la moyenne nationale. Mais si le nombre de personnes reconnues handicapées augmente, c’est surtout les difficultés d’insertion qui expliquent l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi.

Agir dans les instances régionales
L’action de la CFDT Île-de-France en faveur de l’insertion professionnelle et du maintien dans l’emploi des salariés handicapés s’est renforcée ces dernières années. Comment cela se traduit-il ? D’abord en participant aux débats sur les politiques régionales en matière de handicap, que ce soit au Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle (Crefop), lors de l’élaboration du Plan régional d’insertion des travailleurs handicapés ou encore du Plan régional santé-travail 3. La CFDT Île-de-France a ainsi pu porter des revendications en matière d’accès à l’emploi et à la formation, de sécurisation des parcours professionnels ou encore de prévention de la désinsertion professionnelle en lien avec la santé au travail des personnes en situation de handicap.

INITIATIVE SUR LE MAINTIEN DANS L’EMPLOI

Le 8 décembre, la rencontre annuelle handicap de la CFDT Île-de-France portait sur le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés. L’occasion d’abord d’évoquer cette question à travers le regard d’équipes syndicales et d’acteurs de la Prévention de la désinsertion professionnelle (PDP). Georges Vigier, directeur d’établissement de réadaptation professionnelle, a insisté sur l’importance de repérer le plus tôt possible les salariés en situation de risque car les arrêts de travail, surtout de longue durée, rendent le retour à l'emploi difficile. Fanny blanc, médecin au sein d’un service de santé au travail, a rappelé de son côté le rôle de la médecine du travail dans le maintien du travailleur handicapé à son poste de travail en proposant des aménagements, voire des reconversions professionnelles. Le second débat de la matinée a porté sur la vision du maintien dans l’emploi d’acteurs institutionnels. Patrice Chrétien, ingénieur conseil à la Caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France, a mis en avant quelques solutions techniques et organisationnelles pour réduire la gravité et la fréquence des accidents du travail et maladies professionnelles. Tandis que Nicolas Bessot, directeur « santé et sécurité » à la Direccte d’Île-de- France, a détaillé le troisième plan régional de santé au travail qui devrait créer un guichet unique du maintien dans l’emploi pour les salariés et les entreprises. Enfin, Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT, a posé un regard critique sur la façon dont on prend en charge le handicap en France : « Arrêtons de penser en silo et regardons comment agir de manière plus transversale », a-t-il plaidé. La journée s’est conclue autour de cinq ateliers thématiques visant à sensibiliser les participants à différents types de handicap ou encore à tester leurs connaissances sur la question du maintien dans l’emploi.


Négocier un accord
Au sein des entreprises, d’autres moyens d’action existent. On pense en premier lieu à la négociation d’accords handicap, permettant aux équipes syndicales d’obtenir des engagements de l’employeur sur un certain nombre de points précis (embauche de travailleurs handicapés, adaptation de postes et d’horaires, etc.). Pour les employeurs qui ne remplissent pas ou que partiellement leur obligation d’emploi de travailleurs handicapés, l’intérêt est aussi financier. La signature d’un accord leur permet de se libérer de la contribution versée à l’Agefiph. « À la suite de la table ronde sur la négociation collective handicap de février 2016, la CFDT a poussé pour que l’Agefiph, dans le cadre de ses nouvelles orientations, s’engage plus largement dans l’accompagnement, la formation et l’outillage des partenaires sociaux en matière de négociation d’accords, précise Diego Melchior, secrétaire régional en charge du handicap et administrateur à l’Agefiph. Nous avons là un véritable levier pour permettre une meilleure insertion des travailleurs handicapés et favoriser la détection précoce des situations pouvant entraîner de la désinsertion professionnelle », poursuit-il.

Accompagner les équipes
Grâce à son partenariat avec l’Agefiph, la CFDT Île-de-France organise chaque année une grande initiative pour sensibiliser les adhérents et militants à la prise en charge syndicale du sujet du handicap. Avec, à chaque fois, un thème défini. En 2015, les militants ont ainsi pu débattre des stratégies syndicales pour négocier des accords handicap ambitieux, tandis que l’année 2016 a été consacrée au lien entre santé au travail et handicap (voir encadré p.12).

Par ailleurs, l’Union régionale peut s’appuyer sur l’expertise acquise par le Groupe ressource régional handicap (GRH), composé d’une vingtaine de militants, pour sensibiliser et accompagner les équipes tout au long de l’année. « Ce groupe intervient directement auprès des sections syndicales
pour leur offrir un appui à la négociation d’accords handicap, à l’organisation d’actions pour maintenir un travailleur handicapé en emploi ou pour lutter contre les discriminations au travail, souligne Éric de Chateauvieux, chargé de mission sur le handicap. C’est un appui très apprécié des équipes ». Récemment par exemple, à l’hôpital de Coulommiers (77), le groupe ressources, à la demande de la section CFDT, a tenu un stand pour renseigner les agents sur la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) et répondre à leurs questions. La CFDT Île-de-France propose aussi aux équipes des formations syndicales conçues par l'Irefe et de nombreux outils : guide handicap, fiche pratique sur la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, affiches pour les panneaux syndicaux…

Pour une approche globale
Au-delà de son action déjà importante en matière de sécurisation des parcours professionnels, la CFDT entend participer à une meilleure prise en compte de la personne handicapée dans son parcours de vie : accès à l'éducation, à la culture, au logement, aux transports, aux minimas sociaux…Des passerelles plus fluides vers l’emploi, vers la formation mais aussi entre milieu protégé et milieu ordinaire sont encore à développer. La question de l’autonomie de la personne handicapée ou du rôle des aidants sont des thématiques d’avenir que la CFDT Île-de-France veut porter, notamment dans les futurs Conseils départementaux de la citoyenneté et de l’autonomie ou encore avec les Maisons de l’autonomie, évolution probable des Maisons départementales des personnes handicapées.

La CFDT Île-de-France vient de créer un blog pour faire connaître ses outils et les actions sur le handicap : www.handicap-iledefrance-cfdt.fRetrouvez en pièce jointe l'ensemble du dossier avec des interviews d'une militante et d'une mandatée CFDT et du directeur de Cap emploi 91.