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[Portrait] Daniel ou la passion du rail

Publié le 07/06/2017

Cheminot retraité, Daniel Rabardel représente la CFDT au Conseil économique, social et environnemental régional (CESER). Un mandat grâce auquel il a pris part aux grands projets d’aménagement qui ont façonné notre région. Itinéraire d’une figure emblématique de la CFDT en Île-de-France.

La mine joviale. Un pin’s du drapeau européen – qui ne le quitte jamais – épinglé à la boutonnière. Daniel nous reçoit à l’Union confédérale des retraités (UCR) dont il est le trésorier, dans un bureau avec vue sur les Buttes-Chaumont. Avec à l’horizon, Paris et sa région : un territoire qu’il connaît si bien et qu’il a vu se transformer au fil du temps…

« J’ai toujours aimé les trains »
Né à Paris en 1942, Daniel a 16 ans quand il obtient son BEPC et intègre, sur concours, l’école de la SNCF. « J’ai toujours aimé les trains, lâche-t-il, comme une évidence. Petit déjà, depuis la maison de mes parents de Boussy-Saint-Antoine (91), j’aimais regarder passer les trains à vapeur de la ligne Paris-Lyon », se souvient-il. Du fait de sa myopie, Daniel est déclaré inapte aux postes de sécurité et se voit orienté vers les métiers de bureau (vente de billets, acheminement des marchandises, etc.). À la gare de Bondy d’abord, puis à Saint-Mandé. En 1962, le jeune homme est appelé pour effectuer son service militaire en Algérie. Mais il est retenu – par un drôle de hasard – grâce à… une grève à la SNCF, survenue juste avant les accords d’Évian ! S’il part finalement, il voit toutefois son service réduit de 28 à 18 mois.

Nous nous battions pour la gratuité des transports et pour que le temps de transport soit compris dans le temps de travaiL
« Me libérer du poids de la hiérarchie »
Daniel rejoint la CFDT en 1965. « J’avais autour de moi des adhérents sympas du syndicat de la ligne de Vincennes. J’ai adhéré aussi pour me libérer du poids de la hiérarchie », se remémore-t-il. Très vite, il devient délégué du personnel, trésorier puis secrétaire général de l’Union régionale des cheminots Paris-Est et de l'Union des cheminots de la direction générale. « La CFDT avait des propositions
fortes, rappelle-t-il. Nous nous battions pour la gratuité des transports et pour que le temps de transport soit compris dans le temps de travail ». Une première revendication qui se concrétisera partiellement quelques années plus tard quand, en 1975, la carte Orange fut créée, avec une prise en charge financière pour moitié par l’employeur. En 1969, fraîchement marié, Daniel obtient un poste à la gare de Reuilly. « J’y travaillais souvent le dimanche et en soirée et, pour me sortir de cette situation, j’ai commencé à passer tous les concours », explique-t-il. Il réussit le concours d’inspecteur commercial et devient, en 1976, adjoint au chef de l’agence commerciale d’Aulnay-sous-Bois.

Le projet de canal Seine-Nord Europe, dont la mise en service est prévue pour 2023, c’est aussi une façon de raccrocher l’Île-de- France à l’Europe du Nord
« La CFDT avait une vision novatrice »
En 1979, il est détaché à l’Union régionale parisienne (URP). « Jean-Pierre Bobichon, alors secrétaire général, m’a proposé un mandat à la commission transport du Comité économique et social régional, créé quelques années auparavant (en 1972, NDLR), explique Daniel. À l’époque, c’était le Préfet qui saisissait le Comité car la région n’avait pas d’autonomie. Mais nous donnions notre avis sur tout ! ». Il travaillera par la suite sur les questions de planification et d’aménagement urbain. « La CFDT avait une vision novatrice, promouvant la décentralisation et la création de villes nouvelles », éclaire-t-il. Plus tard, Daniel siégera douze ans au Conseil économique et social national et neuf ans au comité des partenaires du Syndicat des transports d’Île-de-France. Toujours mandaté au CESER, où il a rendu au total 18 rapports et avis (sur les transports, l’aménagement urbain, les finances, l’agriculture), Daniel a participé activement aux grandes évolutions qu’a connues la région. Sa plus grande fierté ? Un rapport, présenté en 1994, sur l’intégration des voies navigables d’Île-de-France au réseau national et européen. « Ce rapport visait à limiter le développement du transport routier pour favoriser le fluvial, avec la création d’un canal à gabarit européen allant de Compiègne à Cambrai, explique-t-il. Le projet de canal Seine-Nord Europe, dont la mise en service est prévue pour 2023, c’est aussi une façon de raccrocher l’Îlede- France à l’Europe du Nord ». Ou comment cet amoureux du rail a fini par se passionner par les voies navigables… Et s’il a pris sa retraite à 55 ans, Daniel n’a en fait jamais cessé de militer. Au point qu’il est devenu une figure emblématique du CESER, où il est parti – avec la même énergie et la même droiture – pour s’engager dans un nouveau mandat.

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