étienne, zèle, audace et intégrité
Président de la section commerce du conseil des prud’hommes (CPH) de Paris et président d’audience, président du CPH de Paris en 2019, expert en droit du travail et formateur à l’IREFE, Étienne Colas est sérieux et rock and roll à la fois. Père de trois enfants, exerçant son mandat avec passion, il est aussi amateur de bons vins et, à ses heures perdues, danseur de… Lindy Hop.
Né à Thionville, dans le bassin lorrain, Étienne Colas grandit en Île-de-France, à Saint-Quentin-en-Yvelines. Plutôt bon élève, il intègre, après son bac C, une grande école de commerce. Alors qu’il semblait destiné à de longues études, il décide de tout arrêter : « Je trouvais que ça rendait con. » Il enquille alors de multiples petits boulots : vendeur sur les férias en Espagne, rédacteur de biographies à la Bibliothèque nationale, déchargeur de camions en banlieue…
Il est ensuite embauché, en intérim d’abord, puis en CDI, dans une agence de France Télécom. C’était en 1997. « C’est un peu le boulot qui m’a trouvé, finalement. J’ai tout de suite apprécié le contact avec les gens. Certains de mes clients sont devenus de bons amis. »
Volontariste par nature
Très vite, il intervient en faveur d’une collègue sortie du bureau de son responsable en pleurant. À cette époque, on recrute à tour de bras à France Télécom. « Il n’y avait pas de représentants du personnel pour les contrats de droit privé, de plus en plus nombreux. On m’a fait comprendre que, pour défendre mes collègues, je devais être syndiqué, alors j’ai foncé. » Il rejoint la CFDT, dont il apprécie la manière d’aborder les problèmes. « Lors des grandes grèves dans les centres d’appel, la position de la CFDT était de se battre pour transformer les contrats intérim en CDI, quand d’autres syndicats disaient qu’on volait le travail des fonctionnaires. Et on a obtenu gain de cause ! » Il devient délégué du personnel en 2000 et accompagne les salariés notamment dans les procédures de licenciement. Son syndicat lui propose alors de devenir conseiller prud’homme : « Comment refuser ? », sourit-il.
Pour une justice humaine
Après une campagne électorale intense où il se retrouve à tracter à la sortie du métro avec François Chérèque, Étienne Colas est élu au conseil des prud’hommes de Paris en 2008. Il y prend goût et se découvre une vraie vocation : « J’aime beaucoup la matière, le rôle ; j’ai l’impression d’apporter de la plus-value. Pour concilier le fait d’être juge impartial et militant CFDT, il faut exercer son mandat avec sérieux, rendre une justice humaine et prendre le temps d’être compréhensible. Toute l’histoire des luttes sociales est inscrite dans le droit du travail. » Fondées de manière claire et précise, les décisions n’en ont pas moins une dimension symbolique, qu’il ne faut pas oublier : « La réparation n’est pas que financière. Dans les cas de harcèlement et de discrimination notamment, il est important de faire savoir. Les salariés ont besoin d’une reconnaissance de la faute. »
Transmettre son savoir
Pour Étienne, on apprend partout, on apprend toujours. Les connaissances acquises au tribunal, par exemple, il s’en sert aussi en entreprise, et vice versa : « Nous nous battons au CSE d’Orange pour mettre en place des actions de prévention contre le harcèlement. » Mais cela ne suffit pas, il faut se former constamment, ce qu’il fait à l’IREFE, au CNAM. Il obtient même un Master 2 de juriste de droit social à La Sorbonne, à l’issue de son parcours. Désormais, il anime aussi des formations et coordonne le groupe de conseillers CFDT – 113 sur les 416 conseillers salariés – tout en observant attentivement l’évolution de cette institution. « Il y a de vraies marges d’amélioration dans la justice paritaire. Avec les ordonnances Macron, les saisines sont de plus en plus complexes et ce sont les plus démunis qui en pâtissent. » Mais Étienne adore ce qu’il fait et il en est fier. Aujourd’hui, il met toute son énergie dans le recrutement des conseillers du prochain mandat qui débutera en 2023. Une affaire de transmission.
