Télétravail : la crise rebat les cartes

Publié le 26/10/2020

Déployé massivement pendant le confinement, pour le meilleur comme pour le pire, le télétravail fait actuellement l’objet d’une négociation nationale entre patronat et syndicats. En Île-de-France, l’Union régionale appelle à des concertations territoriales par bassin d’emploi.

En Île-de-France, une enquête menée par Médiamétrie estime que 39 % des Franciliens ont eu recours au télétravail pendant le confinement, contre 18 % avant. © Illustration : Marina Pen

C’est l’un des grands enseignements à tirer de la pandémie de Covid-19 qui a bousculé le monde du travail : du jour au lendemain, des millions de salariés se sont mis – de gré ou de force – au télétravail. Une évolution aussi rapide que sans précédent par son ampleur et qui a touché de très nombreux secteurs d’activité (enseignement, médecine, médias, finances, comptabilité, etc.). Selon une étude de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), 88 % des actifs qui en ont fait l’expérience pendant le confinement aimeraient pouvoir continuer à travailler à distance.

Dans le détail, 45 % d’entre eux souhaitent pouvoir télétravailler de manière occasionnelle ou ponctuelle ; 43 % de manière régulière. « La crise a montré aux plus réticents que le télétravail peut être aussi efficace que le travail en présentiel », constate Olivier Clément, secrétaire régional en charge du dossier. En bref, contrairement aux peurs des uns et des autres, le télétravail, ça marche ! À condition toutefois qu’il soit mis en place de manière concertée et encadrée. Et c’est là, souvent, que le bât blesse…


Un enjeu de négociations

Après plusieurs mois de discussions, le patronat a finalement accepté l’idée d’ouvrir une négociation, à partir du 3 novembre, en vue d’un webinaire télétravailAccord national interprofessionnel (ANI). Charge de travail, garde des enfants, droit à la déconnexion, prise en charge de matériel, égalité femmes-hommes, protection des données… De nombreux sujets sont mis sur la table. « Plus de 600 accords ont déjà été signés cette année en France, dont la plupart dans des grandes entreprises, rappelle Olivier Clément. En demandant que les grandes lignes négociées dans l’ANI soient reprises dans la loi, nous voulons inciter les employeurs et directeurs de ressources humaines de petites et moyennes entreprises à négocier ce type d’accords », argue-t-il.

 Au niveau régional, la CFDT a demandé à ce que des concertations territoriales s’amorcent. « Nous voulons pouvoir discuter des questions de télétravail et de lissage des horaires par bassin d’emploi », défend Diego Melchior, secrétaire général de la CFDT Île-de-France. Une demande restée pour l’heure… sans réponse. Quant à la charte des bonnes pratiques lancée par le Conseil régional, la CFDT Île-de-France a surtout insisté sur l’importance d’associer, en plus des DRH des grandes entreprises, les directions des TPE et PME, pour faciliter la négociation d’accords dans ce type d’entreprises.

L’enjeu sera, à l’avenir, de former les équipes syndicales pour qu’elles puissent négocier des accords collectifs protecteurs pour les salariés
et au plus près de leurs besoins. Un impératif d’autant plus fort que le gouvernement appelle à privilégier ce mode d’organisation avec la reprise de l’épidémie.

Témoignages d'équipes syndicales CFDT

 

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