L.Dunne (British Council) : "Avec le Brexit, beaucoup de professeurs s’inquiétaient de ne plus pouvoir travailler"

Publié le 03/09/2019

Déléguée syndicale CFDT chez British Council France, Louisa Dunne nous parle du rôle de l'agence, de sa situation syndicale et de l'impact du Brexit.

Pouvez-vous nous présenter British Council France ?
Le British Council est un peu l’équivalent de l’Alliance française. C’est une institution, présente dans 110 pays, en charge de la formation linguistique, des échanges culturels et plus généralement, du pays à l'étranger. En France, nous avons formé à l’anglais l’an passé près de 8000 personnes – jeunes ou moins jeunes – via nos cours et stages. Le British Council fait aussi passer des examens d’anglais, comme l’IELTS (équivalent britannique du TOEFL) et porte des projets artistiques et éducatifs avec des partenaires institutionnels. Entre autres, nous organisons des ateliers scientifiques en anglais dans les collèges et les lycées de France et d’Outre-mer.

D’un point de vue syndical, j’ai monté la section CFDT en 2010. Au départ, il y avait trois  adhérents et il y en a aujourd’hui près d’une quarantaine (pour 320 salariés, NDLR). Nous sommes la seule organisation syndicale de l’entreprise et nous recueillons aux élections près de 95% des voix. Avec la direction, le dialogue est de qualité même si certaines décisions sont parfois prises en Angleterre, le British Council étant financé en partie par le gouvernement britannique.

Comment avez-vous développé la section ?
Il y avait auparavant beaucoup de CDD d’usage et les professeurs n’étaient pas comptés dans l’effectif de l’entreprise. Avec l’aide du Syndicat parisien de l’enseignement privé (Spep-CFDT),  nous avons réalisé un gros travail pour faire reconnaître la précarité de leurs conditions de travail. En 2011, nous avons ainsi négocié un accord pour les professeurs à temps partiel.  La plupart d’entre eux sont désormais en CDI, avec un temps de travail partiel annualisé.

Aussi, de 2013 à 2015, nous avons négocié et signé de nouveaux accords pour que tout le monde – professeurs compris – puissent bénéficier des mêmes droits et conditions de travail dans l’entreprise. Concrètement, par exemple, les heures supplémentaires sont désormais payées avec la même compensation pour tout le monde, tandis que les droits aux congés payés ont été harmonisés entre les différentes catégories de personnel.

Le Brexit aura-t-il des conséquences pour vous ?
Pour nos dirigeants, le Brexit va conduire à donner encore plus d’importance au British Council, qui reste un organisme dédié aux relations internationales, y compris en Europe. Il en va du rayonnement du pays ! Au niveau du comité d’entreprise européen, nous avons poussé pour savoir qui va être impacté. Car nous avons des salariés européens en Angleterre et des ressortissants britanniques dans plusieurs pays d’Europe. En France, où ces ressortissants représentent près des trois quarts des effectifs de professeurs, beaucoup s’inquiétaient de ne plus pouvoir travailler. Mais nous les avons rassurés et les collègues français les ont soutenus moralement.

Quoi qu’il arrive, le British Council sera toujours présent en France après le 31 octobre, date butoir pour trouver un accord sur le Brexit. D’ailleurs, les ressortissants britanniques se sont vus payer leur titre de séjour par British Council. Certains ont par ailleurs obtenu la nationalité française. Pour ceux qui arrivent, l’enjeu est de les aider dans les démarches ; que ce soit pour la Sécurité sociale, le logement ou autre…