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Le développement syndical à l’heure de la crise sanitaire

Publié le 19/03/2021 (mis à jour le 23/03/2021)

Augmenter le nombre d’adhérents de 10 % d’ici le prochain congrès confédéral de 2022 est l’objectif de toute la CFDT. Si la CFDT a progressé dans notre région depuis trois ans, la crise sanitaire puis économique, a contribué à freiner la dynamique. Face à cette situation, les équipes s’organisent pour maintenir le lien.

En Île-de-France, au 31 décembre 2020, la CFDT comptait 107 714 adhérentes et adhérents. « C’est une légère baisse par rapport à l’an passé, constate Nadia Bosc, responsable du développement à l’Union régionale en Île-de-France. Avant la crise, nous étions sur une très bonne dynamique, fin 2019, nous avions rempli près de 50 % de l’objectif. » De fait, la période n’aura pas été propice au développement syndical. « Entre les confinements, les fermetures d’entreprise et l’explosion du télétravail, l’année aura été compliquée », analyse Nadia Bosc.

Certains champs professionnels ont été plus impactés que d’autres, comme celui des Services, qui a déjà toutefois atteint son objectif de +10 % dans la région ! La CFDT progresse néanmoins dans quelques champs comme la métallurgie, la formation, l’Éducation nationale et l’enseignement privé ou encore les finances.

3 600 adhérents en plus depuis 2018

Si l’on fait le bilan, la CFDT a pour l’heure enregistré 3 626 nouveaux adhérents en Île-de-France depuis 2018. « On va se mobiliser pour que le nombre d’adhésions reparte à la hausse, prévient Nadia Bosc. Dans la période, les salariés et agents des fonctions publiques vont avoir plus que jamais besoin de se syndiquer pour faire valoir leurs droits ». Au-delà de l’impact de la situation économique elle-même, avec son lot de licenciements et de fermetures d’entreprises, la difficulté a été de maintenir le lien avec les salariés, dans un contexte où le terrain naturel du syndicalisme, l’échange direct, le face à face, n’est plus toujours possible. Il faut donc redoubler d’efforts, trouver de nouvelles solutions, parfois contourner l’obstacle pour faire vivre le syndicalisme de proximité et de résultats de la CFDT.

Des pratiques renouvelées

Visio-conférences, permanences téléphoniques, organisation des rendez- vous en présentiel via de nouvelles plateformes, envoi de mails quotidien, groupes WhatsApp… La période aura été propice pour développer de nouvelles pratiques pour rester en contact avec les adhérents et salariés. Elle a été aussi l’occasion de (re) négocier des accords en matière de communication syndicale. « La très forte diminution des salariés sur site dans certains secteurs nécessite, pour les équipes syndicales, de négocier ou mettre à jour des accords consacrés aux moyens de communication et de diffusion de l’information syndicale », précise Nadia. Les équipes ont besoin d’avoir accès à l’intranet, à des espaces syndicaux virtuels ou aux messageries électroniques des salariés.

À travers notamment le dispositif d’accompagnement des sections syndicales « Multipl’Ad » ou encore la permanence CFDT au coeur du quartier des Halles du 15 au 21 mars, la CFDT Île-de-France entend bien redoubler d’efforts dans les prochains mois pour contribuer à booster les adhésions !

                                                                          

Sandrine Prigent, responsable développement au syndicat CFDT de l'AP-HP

Sandrine APHP

Quelle est la situation du syndicat en matière de développement ?


De fin 2019 à fin 2020, nous sommes passés de 2 326 à 2 511 adhérents (+185). Si on prend de la hauteur, nous avons gagné plus de 500 adhérents depuis 2016 ! Certaines de nos sections syndicales sont particulièrement dynamiques. À Avicenne ou Ambroise Paré, la CFDT a enregistré respectivement 83 et 117 nouvelles adhésions l’an passé.


Comment expliques-tu ces bons résultats ?


C’est un travail collectif et de longue haleine. Au niveau du syndicat, nous avons lancé un challenge développement pour motiver les sections. Nous offrons des lots – livres, places de cinéma, cartes cadeaux, etc. – aux adhérents qui arrivent à faire adhérer leurs collègues. Il y a aussi un trophée pour les trois sections qui progressent le plus. Sur le terrain, les équipes ont fait un super boulot avec la mise en place des « Mardis de la CFDT » et l’organisation de journées thématiques d’information, comme sur l’égalité pro’ par exemple. Ainsi, en mars 2020, la CFDT a mis sur pied une petite pièce de théâtre à l’hôpital Saint-Louis, reprenant les saynètes de la BD « D’égale à égal ? » sur l’égalité entre les sexes.

Plus globalement, nos divers tracts ont été appréciés. Lancée il y a deux ans, notre offre à destination des étudiant.es infirmier.es (adhésion à 20 €/an) commence aussi à porter ses fruits puisque nous en avons fait adhérer une quinzaine cette année !

Quels sont vos objectifs pour 2021 ?


Pour nous, l’objectif de +10 % est déjà atteint ! Mais nous tâcherons de continuer à progresser cette année, en travaillant sur la fidélisation des adhérents et l’accueil des nouveaux embauchés. Nous allons par ailleurs remettre en place nos commissions métiers pour produire un cahier revendicatif en vue des élections professionnelles de 2022. Nous poursuivrons aussi nos journées d’information autour des avancées obtenues avec le Ségur. Enfin, nous prévoyons d’autres rencontres thématiques, notamment autour de la prise en charge des addictions (alcool, écran, etc.)

                                                                          

Betty Soudet, secrétaire générale du Syndicat interdépartemental du commerce CFDT (SI.CO) Betty SICO

Quelles sont les professions couvertes par ton syndicat ?

Elles sont très variées et vont du commerce de détail et de gros, aux salons de coiffure en passant par les chocolateries, les instituts de beauté ou l’import-export. De la multinationale à la TPE. Bref notre secteur est très hétérogène et nécessite, du point de vue syndical, d’adapter notre action et nos pratiques. Les employeurs du commerce de détail sont souvent mal structurés, peu informés, notamment au niveau juridique. Les problématiques relèvent donc des droits, des rémunérations, du temps de travail et des conditions de travail. Dans le commerce de gros, les salariés sont plutôt nomades et soumis à une pression sur leurs objectifs et à des problématiques organisationnelles autour de la prise en compte de leur temps de trajet ou de leurs primes.

Quels sont vos résultats en matière de développement syndical ?

Nous étions 3 600 adhérents en 2018, 4 200 en 2019 et, nous venons de passer la barre des 5 000 adhérents fin
2020 ! Ceci est le résultat du travail de nos sections. Notre rôle à nous est de les accompagner, de leur fournir des outils de communication ou encore d’organiser des rencontres d’informations. Avec la crise sanitaire, nous avons amplifié nos contacts avec les militants et adhérents.

Les rencontres avec vos adhérents sont-elles régulières ?

Oui, elles ont lieu le jeudi, tous les quinze jours. La dernière en date portait sur les discriminations en entreprise. Pour organiser ces rencontres, nous nous appuyons aussi sur notre réseau, d’avocats, d’abord, mais aussi de chercheurs et d’experts. Nos permanences permettent par ailleurs à nos adhérents de comprendre comment on peut les accompagner et aux non adhérents d’avoir une première information. L’important, c’est de donner envie. Envie de venir échanger, autour d’un café, envie de participer à des rencontres… C’est comme ça que nous avons finalement peu de turnover et que nous arrivons à fidéliser nos adhérents. Grâce à un programme de fidélisation construit avec notre fédération, nous réduisons aussi temporairement la cotisation de ceux qui rencontrent une situation difficile.