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Christophe, la beatbox de la CFDT

Publié le 07/08/2023

Élu au comité technique de La Poste du Val-d’Oise, c’est plutôt micro à la main et chapeau orange sur la tête que les militants ont découvert Christophe Mery cette année dans les cortèges de la CFDT Île-de-France, lors des manifestations contre la réforme des retraites. Champion de beatbox, pratique qui consiste à faire de la musique en imitant des instruments uniquement avec sa bouche, il a, depuis le 19 janvier 2023, intégré l’équipe d’animation de l’Union régionale et contribué à apporter une dimension joyeuse et festive aux manifestations.

Né à Saint-Denis (Seine-Saint- Denis) en 1979 d’une mère aide-soignante et d’un père peintre en bâtiment, Christophe se décrit comme un ancien « jeune de banlieue », pas très porté sur les études. « Je me suis quand même inscrit à Paris-VIII où j’ai obtenu un Deug en administration économique et sociale mais je n’étais pas
fait pour la fac. En 2001, j’ai passé le premier concours qui se présentait à moi pour devenir fonctionnaire et c’est ainsi que je suis devenu facteur à Goussainville », explique-t-il.

Le facteur idéal

Bingo ! Le métier lui sied à merveille. « Dès que j’ai commencé à faire les tournées, j’ai adoré. J’aime discuter avec les gens, croiser les collègues. Pour évoluer, j’ai « acheté » une, puis deux, puis trois tournées (« acheter » une tournée permet au facteur d’y être affecté et d’en devenir le titulaire, NDLR) par la suite. » Le vent en poupe, Christophe prend la responsabilité d’une équipe de douze personnes à Roissy. « Au final, je préférais être sur le terrain et en 2013, je suis revenu à Goussainville à la suite d’une réorganisation. Un an plus tard, j’ai eu une hernie discale à cause du port de charges pendant toutes ces années et j’ai été arrêté pendant huit mois. »

Repérage

Faute d’information, Christophe ne fait pas reconnaître ses problèmes de santé comme maladie professionnelle: « Je ne pouvais plus faire de tournées et j’étais trop qualifié pour être au guichet. Coup de chance, Séverine, la responsable de la CFDT de La Poste du Val-d’Oise, m’avait repéré quelques années auparavant suite aux nombreux échanges que nous avions eus. Elle m’a proposé de devenir permanent syndical. » Christophe, qui adhère aux valeurs de la CFDT et qui a la fibre syndicale – il avait déjà organisé une grève pour empêcher le non-renouvellement du CDD d’un collègue, pourtant là depuis trois ans – y voit une opportunité pour continuer à rencontrer ses collègues et les écouter. Il accepte la proposition.

Faire adhérer

À partir de 2016, Christophe devient ainsi l’un des piliers de son syndicat. Il circule volontiers dans les services, écoute ses collègues. « J’avais du mal au départ à proposer l’adhésion mais maintenant j’y arrive facilement car je peux me baser sur ce que la CFDT fait réellement pour défendre les droits des agents », explique-t-il. Logiquement, il n’hésite pas une seconde lorsque Bernard Martin, secrétaire général du Syndicat francilien Communication, conseil, culture (SF3C), lui propose de rejoindre l’équipe d’animation des manifestations organisées à Paris. « Bernard savait que je faisais de l’human beatbox – mon nom de scène est Mic Spawn. Il m’a demandé de l’aider à animer les cortèges avec d’autres militants musiciens. »

Une passion de longue date

Christophe est même un pro de cette technique vocale : « Ça m’a pris assez jeune. À 17 ans, j’ai monté le groupe Ekip d’Arthifis, avec lequel j’ai fait beaucoup de scène mais aussi en solo, d’abord dans des MJC puis dans des salles plus grandes. J’ai par exemple gagné le championnat de France de 2007 et participé au championnat du
monde. » Il y atteint toujours, aussi bien en solo qu’avec son groupe, la finale… Il a même l’espoir d’en vivre. « La vie de famille nous a rattrapés, soupire-t-il. Je ne fais plus de scène mais j’essaye de ne pas lâcher complètement. » C’est alors que les manifestations sur la réforme des retraites ont ravivé sa passion. « On m’a donné un micro et j’y suis allé ! C’est un peu comme être sur scène. » Aujourd’hui très soudée, l’équipe d’animation se lance sur TikTok. « Un autre syndicat avait cartonné alors que l’ambiance de ses cortèges n’avait rien à voir. Alors on s’est dit que nous ne pouvions pas en faire moins ! », conclut Christophe, souriant. Et, de fait, le succès est au rendez-vous.