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[Portrait] Isabelle, l'écoute et le bon conseil

Publié le 06/11/2023

Les expériences de vie et professionnelles ont permis à cette militante enthousiaste et chevronnée de connaître sur le bout des doigts le fonctionnement et les dispositifs d’aide aux personnes en situation de handicap. Depuis quelques années, elle met ses connaissances au service du groupe ressources handicap créé par la CFDT Île-de-France 2005 et assure en parallèle une permanence d’information à Créteil.

Aînée de trois enfants, Isabelle grandit en Seine-Saint- Denis. « Mes parents se sont rencontrés dans une association d’accueil de migrants des pays de l’Est. Mon père y était très engagé. L’accueil des réfugiés des dictatures de l’Est lui tenait particulièrement à coeur, lui qui, après avoir été emprisonné en Italie, avait fui la Yougoslavie de Tito en 1958. Il n’a pu retourner en Croatie que vingt ans après. »

Débuts professionnels

Celle qui a rêvé d’être professeure d’histoire ou styliste – car elle adore dessiner – finit par passer un BEP sanitaire et social. « J’ai obtenu un diplôme d’auxiliaire de puériculture à Meaux et commencé ma vie professionnelle à la maternité de l’hôpital de Montfermeil. » Mais quand elle a le sentiment de ne plus apprendre, elle s’ennuie. « Mon mari ne travaillait pas du tout dans le même secteur. Nous avions des horaires de travail décalés. J’ai alors postulé à la Ville de Paris et obtenu un poste dans une crèche pilote dans le 9e arrondissement. » Un emploi très intéressant dans un lieu où des dispositifs innovants sont testés.

Premiers engagements

À l’entrée à la maternelle de son fils, elle commence à faire des remplacements dans d’autres crèches. C’est au
cours de ses remplacements qu’elle est pour la première fois confrontée à des problématiques de maltraitance et de harcèlement pointés par certains collègues. Elle en est elle-même victime. « En 2000, je me suis syndiquée à la CFDT qui correspondait à mes valeurs et à ma façon de voir les choses. J’avais également rencontré des collègues adhérents avec qui je m’entendais bien. » Elle n’est plus seule pour défendre sa cause auprès de ses employeurs. Et à son tour, elle accompagne certains salariés.

Parcours militant

« Dès 2004, le syndicat Interco Valde- Marne m’a demandé de me présenter aux élections mais j’ai commencé par refuser car je ne voulais pas me faire remarquer », note-t-elle. Échaudée par une succession d’expériences de management inadapté dans les crèches, Isabelle décide de se reconvertir en 2007. « Après un bilan de compétences obtenu grâce à une lettre de motivation envoyée au maire de Charenton, j’ai été embauchée en 2008 comme agent d’accueil au centre communal d’action sociale (CCAS) de la ville. » C’est en 2013 qu’elle accepte de monter une section syndicale, puis d’assurer différents mandats dans sa collectivité (Comité technique, CHSCT, commission de réforme) et au conseil de son syndicat, Interco Val-de-Marne.

Une expertise en santé au travail et handicap

Isabelle développe rapidement des compétences sur les questions de handicap : « grâce à mon travail d’agent au CCAS mais aussi du fait de mes propres problèmes de santé, je connais tous les dispositifs légaux, les déclarations de handicap, maintien dans l’emploi… J’ai souhaité apporter mon expérience à qui en aurait besoin. » Elle finit par découvrir l’existence du groupe ressources par l’entremise d’une militante avec qui elle siège en commission de réforme. Et elle s’y engage immédiatement.
Dans son travail au sein du groupe ressources handicap, elle constate que les salariés ont souvent une grande méconnaissance de leurs droits, surtout lorsqu’ils sont malades : ils ne savent pas, par exemple, que dans le privé on peut demander une pension d’invalidité tout en continuant à travailler et à cumuler des droits à la retraite. Ils ne savent pas non plus comment partir de leur entreprise, lorsqu’ils le souhaitent, dans de bonnes conditions. Isabelle, qui assure aussi des permanences à Créteil, attache une grande importance à cette mission. « L’écoute et l’orientation sont essentiels. D’ailleurs, ajoute-t-elle malicieusement, et si nous commencions par changer les mots et parler d’un salarié avec des problématiques de santé plutôt que de personne en situation de handicap ? J’y tiens car cela pourrait changer la vision générale d’une personne en situation de handicap. »