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Une organisation centenaire

Publié le 07/08/2023

100 ans de la CFDT Île-de-France ! C’est avec une fierté compréhensible que l’organisation a fêté son anniversaire le 22 juin à la Bourse du travail de Paris, en parallèle de son congrès extraordinaire sur l’évolution de l’interprofessionnel.
Au programme, une exposition et un après-midi pour évoquer, par le biais d’une vidéo documentaire et d’une table ronde, les moments forts du syndicalisme CFDT dans la région.

De gauche à droite, Frank Georgi, Philippe Antoine, Claude Roccati et Diego Melchior lors de la table ronde. Photo: Simone PEROLARI

Créée par les syndicats professionnels de la région parisienne en 1923, l’Union régionale parisienne (URP) CFTC devient, en 1964, l’URP CFDT puis, une quinzaine d’années plus tard, l’Union régionale des syndicats CFDT d’Île-de-France. Consciente que peu d’organisations peuvent fêter 100 ans d’histoire en restant totalement fidèles à leurs valeurs, la CFDT Île-de- France a voulu marquer le coup en organisant une exposition (voir encadré) et un après midi de projection et de débats autour d’une table ronde d’experts. Invités pour l’occasion, des anciens responsables de l’Union régionale, secrétaires généraux et membres de l’équipe, ont par la suite pu échanger autour d’un cocktail avec les militants.

Grands témoins

La vidéo conçue et réalisée par l’Union régionale recueille les témoignages des anciens secrétaires généraux, introduits par Diego Melchior, le secrétaire général actuel. Depuis Guy Gouyet, qui a exercé cette fonction de 1971 à 1979, jusqu’à Philippe Lengrand (de 2013 à 2020), la vidéo donne à voir quelques grandes batailles menées par la CFDT dans la région : depuis la prise de position pour la paix en Algérie ou le soutien à Solidarnosc, le syndicat polonais, pendant l’état de siège de 1981, jusqu’à la défense des travailleurs du Sentier ou l’appui aux nettoyeurs du métro lors de leur grande grève de 1980, évoquée par Jean-Pierre Bobichon, secrétaire général de 1979 à 1984, en passant par l’implantation du syndicalisme dans l’ensemble du territoire d’Île-de-France.

Si pour Christian Cottet, secrétaire général de 1985 à 1987, l’un des faits marquants est la revendication autour des 35 heures, Jacky Bontems, secrétaire général de 1987 à 1992, met en avant la structuration de l’URP en interne – qui lance notamment le premier numéro de Solidaires – et la consolidation de son réseau de mandatés.
Pour Joseph Le Corre (mandat 1992 à 1998), il s’agit de donner à l’ensemble des revendications de l’Union régionale un contenu syndical (régularisation des travailleurs sans papiers, prise en charge des frais de transport pour les chômeurs...).
Les témoignages de Françoise Lareur, secrétaire générale de 2007 à 2013, et de Philippe Lengrand, insistent quant à eux sur les contextes économiques et politiques de leurs mandats : des restructurations très dures et des batailles difficiles sous la présidence de Sarkozy ; l’acquisition de certains droits nouveaux, inspirés par la CFDT, dans certaines étapes du mandat Hollande.

Un temps de débat

Dans toutes ces phases, « la constance des valeurs portées par la CFDT a été remarquable », a souligné Diego Melchior. Le secrétaire général participait aux côtés de Frank Georgi, professeur à l’université d’Évry et spécialiste de l’histoire de la CFDT et Claude Roccati, enseignante-chercheuse en histoire et autrice de l’ouvrage sur les 50 ans d’histoire de la CFDT de Paris, à une table ronde animée par Philippe Antoine, ancien secrétaire confédéral, suivie d’un débat avec les militants présents.
Plusieurs aspects ont été mis en avant : d’abord l’importance des origines idéologiques de la CFDT, issue du christianisme social et de l’humanisme, contrairement « à la CGT, marxiste d’origine, dont il était important de se distinguer », expliquait Frank Georgi. D’où un retour sur l’étape de « l’Évolution » – c’est-à-dire le passage de la CFTC à la CFDT avec la déconfessionnalisation. Claude Roccati a souligné de son côté l’engagement de l’interprofessionnel pour un cadre de vie décent pour les travailleurs. « Cela implique de s’intéresser au logement, à l’aménagement du territoire, aux transports – ce qui a conduit la CFDT Île-de- France à revendiquer une carte unique des transports pour les salariés, la carte orange… ». Et Diego Melchior de conclure : « Nous conservons les mêmes axes revendicatifs : travailleurs invisibles, transition écologique et mobilités douces, logement et transports, égalité et mixité… »
Une constance qui porte ses fruits : la CFDT Île-de-France, forte de ses 111 000 adhérents, est le premier syndicat dans la région depuis 2018.

encadré expo