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[Interview] Caroline Perriot, directrice régionale Île-de-France d'Action Logement Services

Publié le 09/01/2024

Acteur majeur du logement social et intermédiaire, Action Logement gère paritairement la Participation des employeurs à l’effort de Construction (PEEC). Caroline Perriot, directrice régionale, fait le point sur l’action de ses équipes face à la situation actuelle du logement.

Quelle analyse faites-vous de la situation ?

La crise du logement s’intensifie. De nombreuses données l’attestent. Sur le terrain, nous constatons une paupérisation, y compris des classes moyennes, mais aussi plus de violence, de situations de nécessaires mises à l’abri… Le taux de rotation dans le parc de logement est en baisse. L’inflation et la hausse des taux d’intérêt freinent aussi l’accession à la propriété. Par ailleurs, le nombre d’agréments de nouvelles constructions sera probablement inférieur, cette année, à celui de 2020, en pleine période de Covid.

Quelles sont les principaux indicateurs de votre action ?

Action Logement Services (ALS) Île-de-France réalise la moitié de la collecte nationale de fonds et loge près de 30 000 ménages par an. L’objectif, cette année, est d’atteindre le nombre de 35 400, ce qui sera difficile dans la situation complexe que nous vivons. 230 millions d’euros sont consacrés chaque année aux aides et prêts directs pour accompagner plus de 165 000 ménages – avance Loca-Pass, aide Mobili-Jeune, prêts d’accession
à la propriété, prêts travaux. 66 000 Franciliens bénéficient de la garantie Visale, garantie des loyers impayés. ALS propose aussi des solutions d’hébergement et un accompagnement social pour des personnes en difficulté (2 730 en 2023).
Par ailleurs, ALS finance 70 % de la rénovation urbaine et investit dans la construction de logements en Île-de-France à hauteur de plus d’un milliard d’euros en 2022 (dont 127 millions d’euros pour la rénovation urbaine).

Près de 30 000 ménages logés par an

Action Logement a fait le choix de la dématérialisation via la plateforme AL IN. Qu’en est-il pour les salariés en difficulté avec le numérique ?

Notre plateforme est ouverte à tous, sans sélection à l’entrée. La digitalisation répond à la nécessité de faire face à l’augmentation des demandes. Elle vise aussi à placer le demandeur au centre du dispositif. Mais nous réfléchissons aussi à l’amélioration de la qualité de notre accueil en agence, en déployant de nouveaux moyens : gestion des files d’attente, parfois trop longues ; organisation d’un premier accueil pour la mise à jour d’un dossier par exemple puis rendez-vous avec un conseiller capable de répondre et d’orienter. Pour les personnes en rupture numérique, nous développons des partenariats avec des structures relais, tels les points d’info médiation multiservices ou les maisons France services.

Comment s’organise l’échange avec les élus du personnel et les commissions d’information et d’aide au logement ?

Nos chargés des relations avec les entreprises sont les interlocuteurs privilégiés. Ils proposent de participer aux commissions ou autres réunions, pour présenter les outils, faciliter la prise en main d’AL IN, promouvoir le rôle de proximité des agences – il en existe une par département – ou encore rendre compte du bilan d’intervention d’ALS pour l’entreprise. Il est aussi tout à fait possible, pour les élus, de signaler telle ou telle situation difficile d’un salarié pour qu’il soit accompagné. Les entreprises peuvent aussi prendre en main leur espace sur AL IN pour définir, par exemple, des règles de priorité dans l’attribution de logement…

Quelle est votre action face à la lutte contre le réchauffement climatique ?

Action Logement est concerné au premier chef : nos résidences représentent 1,1 % du bilan carbone national, 1,5 % de la consommation de gaz et 0,7 % de la consommation d’électricité. En 2022, nous avons lancé un vaste plan pour les économies d’énergie et la décarbonation. Il porte à la fois sur la construction, la réhabilitation et l’exploitation. Sans oublier un rôle pédagogique vis-à-vis de nos locataires. Nous souhaitons baisser de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, avec 100 % d’étiquettes énergie en classe C minimum. D’ores et déjà, les classes F et G ont été éradiquées dans le patrimoine. La moitié de la production dans le neuf devra être bas-carbone en 2028 avec l’ambition de la neutralité carbone en 2040. C’est un objectif ambitieux qui va au-delà de l’objectif national de la stratégie bas carbone.