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[Dossier] Emploi et insertion de jeunes: une priorité pour la CFDT

Publié le 02/11/2023

Plus de 20 % des Franciliens ont entre 15 et 29 ans. Leur taux de chômage, bien qu’en baisse, reste très élevé et disparate en fonction des territoires. Favoriser l’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi des jeunes a toujours été une priorité pour la CFDT Île-de-France. Au-delà de coordonner ses mandatés dans les instances paritaires de l’emploi, elle organise, depuis 2014, avec ses partenaires institutionnels, un salon annuel de l’emploi spécifiquement dédié aux jeunes en recherche d’emploi ou de contrats d’apprentissage.

L’Île-de-France est une région jeune : 20,1 % de ses habitants ont entre 15 et 29 ans en 2023 (contre 17,3 % en France). Or, le taux de chômage de cette catégorie de population est de 12,2 %, soit presque le double de la moyenne régionale (6,7 %, selon la Drieets). Au deuxième trimestre 2023, sur 1 056 405 demandeurs d’emploi des catégories ABC – tenus de rechercher un emploi, sans activité ou avec activité réduite – en Île-de-France, 130 441 avaient moins de 26 ans selon les chiffres de Pôle emploi. « La crise du Covid a renforcé la précarité des jeunes franciliens et compliqué l’accès au premier emploi de toute une génération, toutes situations confondues. Ces difficultés sont aggravées par un accès au logement difficile pour les jeunes franciliens et une entrée durable dans l’emploi déjà largement mise à mal pour les moins de 30 ans », peut-on lire dans la contribution « Note d’alerte sur l’emploi des jeunes en Île-de-France », réalisée en décembre 2020 par la commission emploi du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser).

Un léger mieux

On est loin des chiffres de la fin des années quatre-vingt-dix : en 2017, 55 % de la génération entrée sur le marché du travail en 2010, était dans une situation qualifiée de stable, « en emploi à durée indéterminée », contre 64 % pour la génération 1998 (Céreq, 2019). Depuis 2022, la situation semble s’améliorer légèrement, avec un taux de chômage en baisse – mais fluctuant – pour les jeunes franciliens. Par exemple, le taux de chômage des moins de 26 ans en Île-de-France a baissé de 4,9 % du premier au deuxième trimestre 2023 mais a augmenté de 4,7 % sur un an (contre -1,2 % de chômage sur un an en Île-de-France pour l’ensemble des demandeurs d’emploi). Une éclaircie face aux + 15 % d’augmentation des jeunes demandeurs d’emploi en Île-de-France en 2021, même si des progrès restent à faire.

Déséquilibres

Quand on regarde dans le détail, il existe de fortes disparités de taux de chômage des moins de 26 ans. Au niveau territorial d’abord. Celles-ci sont très importantes d’un département à un autre. À titre d’exemple : le taux de chômage des jeunes dans le centre de la Seine-et-Marne est de 16,6 % alors qu’il est de 9 % à Paris. Il est de 16,3 % dans le sud de l’Essonne contre 9,5 % à Paris-Ouest- La Défense. « Ces disparités territoriales sont souvent accompagnées d’autres inégalités, sociales, liées à l’origine… », explique Hassan Mohamed, secrétaire régional en charge de l’emploi à la CFDT
Île-de-France.

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Un déséquilibre existe également entre les offres d’emploi et les demandes, avec une hausse générale des besoins de main-d’oeuvre depuis 2021. Selon Pôle emploi, on compte, en 2023, 524 000 projets d’embauches dans la région. Dans le top 20 des métiers les plus recherchés par les employeurs, les professions artistiques – une particularité de l’Île-de-France – mais aussi les ingénieurs dans le numérique, les professions médicales, les métiers de bouche en général et ceux des transports. Tout ceci sans tenir compte des besoins liés aux Jeux Olympiques et paralympiques.
Mais parmi les métiers les plus recherchés par les demandeurs d’emploi de moins de 26 ans en Île-de-France, on trouve plutôt des emplois peu ou pas qualifiés : magasiniers, vendeurs de vêtements et accessoires, techniciens de mise en rayon, personnel d’accueil et de caisse…

Indispensable orientation

Dans ce contexte et dans celui de la loi de plein-emploi, adoptée en première lecture au parlement, un travail d’orientation et d’accompagnement digne de ce nom des jeunes semble indispensable. Depuis 2018, la réforme « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » puis le développement du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) et sa déclinaison régionale, le Plan régional d’investissement dans les compétences (PRIC), sont conçus comme des leviers pour lutter contre ces inégalités et favoriser l’emploi de tous les jeunes.
« Sur le papier, la Région peut s’appuyer sur un large panel de dispositifs pour accompagner les jeunes vers l’emploi et l’insertion professionnelle », poursuit Hassan Mohamed ; « mais c’est la théorie. Dans la pratique, les instances ne fonctionnent pas correctement et les conflits entre Région et État sont trop prégnants. » Exemple : le comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (Crefop) – instance quadripartite qui assure le suivi du PRIC ou donne son avis sur les subventions octroyées au CEP Paritaire (association délivrant le conseil en évolution professionnelle) et sur les politiques régionales d’orientation – tient de moins en moins compte de l’avis des partenaires sociaux. Dans une déclaration liminaire du 18 avril 2023, les sept organisations syndicales représentées dans le Crefop ont ainsi dû faire part de leurs « inquiétudes au regard de la place qui nous semble dévolue dans la conception, la conduite et l’évaluation de la politique régionale de l’emploi, la formation et l’orientation professionnelle. » 

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Agir sur le terrain

Si la CFDT Île-de-France participe, au travers de ses mandatés aux instances paritaires régionales pour l’emploi (voir encadré ci-dessous), et oeuvre pour améliorer – ou du moins émettre son avis – sur la politique régionale de l’emploi, elle agit aussi sur le terrain. En particulier, elle organise, chaque année, un forum de l’emploi des jeunes auquel elle associe les acteurs publics et privés de l’emploi dans les territoires et notamment Pôle Emploi, les missions locales, les maisons de l’emploi, des associations, les entreprises ou encore des structures de l’économie sociale et solidaire.

 

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Cette année, le forum de l’emploi des jeunes a eu lieu à la maison des syndicats d’Évry, le 5 octobre. « L’idée est d’organiser chaque année le forum dans une ville où le taux de chômage est élevé », explique Hassan Mohamed. Pour faire connaître cette initiative, la CFDT Île-de-France s’appuie à la fois sur ses équipes syndicales et sur ses partenaires.

 

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Stands au Forum de l'emploi des jeunes, Évry, 5 octobre

 

« Pour cette 8e édition, nous avons co-organisé l’événement avec Cap Emploi, Pôle Emploi, la fédération Handisport, l’Agefiph, le FIPHFP, le Medef et la maison de l’emploi et de la formation de Grand Paris sud. Nous avons eu presque 200 jeunes visiteurs. » Plus de vingt entreprises étaient là pour proposer des offres d’emploi, dont le descriptif était affiché à l’entrée du salon. « Une trentaine de promesses d’embauche ont été signées sur place et plus de 100 CV ont été déposés », note Hassan Mohamed. Pour la CFDT Île-de-France, la clé de l’insertion se trouve précisément dans ce travail de proximité en collaboration avec les acteurs de l’emploi. « Aider les jeunes à rencontrer des entreprises, leur faire bénéficier de notre réseau mais aussi leur faire connaître les structures sur lesquelles ils peuvent s’appuyer est fondamental. Cela contribue à réduire les inégalités territoriales dans notre région », conclut Hassan Mohamed.