Retour

Inégalités de santé entre les femmes et les hommes

Publié le 01/08/2023

Organisée en début d’année dans les locaux de la CFDT de l’Ouest francilien à La Défense, la matinée « Inégalités de santé entre les femmes et les hommes : et si on en parlait ? » a dressé un panorama des causes et des conséquences de ces inégalités et apporté des pistes pour s’emparer du sujet dans les négociations.

Priscilla Gabourg, Isabelle Taniou, Badiaa Souidi et Dominiqué Hédon

«Des inégalités de santé existent entre les hommes et les femmes. On n’y pense pas d’emblée, compte tenu de leur espérance de vie supérieure, mais c’est pourtant le cas, pour des raisons sociologiques – les femmes sont en moyenne plus pauvres que les hommes – mais aussi culturelles », expliquait Isabelle Taniou, secrétaire régionale, en introduction à cette matinée-débat. Dans un contexte de mobilisation contre la réforme des retraites, particulièrement injuste vis-à-vis des femmes, la matinée a mis en lumière une autre forme d’inégalité, pas toujours visible. Outre un accès moindre à l’éducation ou à une bonne alimentation, les femmes doivent faire face à des stéréotypes qui leur portent préjudice. « Le médecin ne reçoit pas la parole des femmes de la même manière, par exemple. On tient moins compte de leur douleur, car les femmes sont “faibles” dans l’imaginaire collectif. C’est ce qu’on appelle un diagnostic genré », expliquait Dominique Hénon, ancienne membre du Conseil économique et social au titre de la CFDT et auteure, en 2010, d’une communication sur la santé des femmes en France.

Face à la maladie

Des propos confirmés par Marylène Khouri et Priscilla Gabourg, du groupe mutualiste Vyv : « Il ne faut pas confondre l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé. Les femmes subissent le chômage ou les temps partiels davantage que les hommes, elles ont une rémunération plus faible, acquièrent moins de droits sociaux ou sont cheffes de familles monoparentales… Leurs maladies sont sous-diagnostiquées : les symptômes d’une crise cardiaque passent inaperçus chez 53 % des femmes. » Au travail, la santé des femmes est encore une question peu abordée qui nécessite de prendre en compte leurs besoins dans l’aménagement des espaces et du temps professionnel. « Dans les négociations annuelles obligatoires, on peut négocier par exemple l’installation d’un distributeur de protections hygiéniques, le droit au congé menstruel, de l’information pour lutter contre les stéréotypes…Seule une prise de conscience réelle pourra contribuer à réduire les inégalités en matière de santé entre les hommes et les femmes dans notre société », concluait Badiaa Souidi, secrétaire générale de la CFDT de l’Ouest francilien.

PRÉCARITÉ ET CONGÉS MENSTRUELS
Un focus a été fait sur la question des règles par Juliette Dequaire, de Règles élémentaires, une association qui lutte contre la précarité menstruelle par des actions de sensibilisation et la collecte de produits d’hygiène intime de première nécessité pour des femmes dans le besoin. La précarité menstruelle désigne les difficultés économiques rencontrées pour se procurer ces produits, ce qui peut conduire à des troubles physiques et psychologiques. 20 % des femmes y ont été confrontées au moins une fois dans leur vie. Le coût des protections hygiéniques jetables et des sous-vêtements de rechange, des antidouleurs et des visites médicales dans l’ensemble d’une vie est estimé, quant à lui, à environ 8 000 euros.

La lutte contre la précarité menstruelle pourrait être complétée par un débat autour du congé menstruel. Une enquête réalisée en 2022 par Plan international montre qu’une jeune fille sur deux a déjà manqué l’école à cause de ses règles. Cela place les femmes en position d’inégalité. « Changer les règles » passe au travail par « plus de temps d’information et de sensibilisation sur le sujet, ainsi que par l’adoption d’une posture bienveillante avec les collègues concernées », concluait Juliette Dequaire.