
A comme accompagnement
En 2018, la CFDT a fait le choix de venir en appui de ses équipes, militants et adhérents, en se dotant d’un dispositif innovant, ARC (accompagnement, ressources, conseil). La CFDT Île-de-France a pris ce projet à bras-le-corps pour le faire vivre dans la région. Regard sur le volet accompagnement, ses méthodes et ses actions.
«Aucune section, aucun militant, ne doit rester seul avec des questions sans réponses. Aucune militante, aucun militant ne doit rester en difficulté face à une situation dont il n’a pas la maîtrise». Tel était le credo affirmé par les initiateurs de ce vaste projet de toute la CFDT. En Île-de-France, l’Union régionale a mis en place un pilotage adapté et a construit peu à peu son réseau d’accompagnants. En quatre ans, ce sont près de 80 équipes qui ont bénéficié de ce dispositif, pour des résultats tangibles.
Une méthode qui a fait ses preuves
«Les demandes d’accompagnement sont variées, explique Géraldine Cornette, secrétaire générale adjointe, responsable du dossier ARC. Les syndicats font appel à nous pour accompagner une section face à un plan social, pour aborder une négociation difficile ou, plus souvent, pour améliorer son fonctionnement ou sa structuration.»
La méthode est ensuite toujours la même. «Tout commence par une ren-contre entre le ou les accompagnants, la section syndicale et le responsable du syndicat explique Yann Frioux, pilote du dispositif pour la CFDT Île-de-France. Parfois, il faut repérer une demande pas toujours exprimée. La durée de l’accompagnement varie, ensuite, en fonction des besoins et des souhaits de l’équipe. La plupart du temps, on travaille en dehors de leur lieu de travail, dans un local interpro-fes-sionnel de proximité par exemple. Souvent il faut les aider à se redonner des perspectives.»
Un référentiel commun
Les accompagnants CFDT sont formés pour acquérir une vision commune de la pratique d’accompagnement. L’Union régionale organise deux sessions chaque année. «Dans le travail avec les équipes, on n’arrive pas en disant : c’est comme ça qu’il faut faire, précise Yann Frioux. En revanche, nous travaillons à partir de la même méthode. Il faut de la régularité. Nous formalisons les rencontres, nous les préparons… À chaque fin de réunion, les membres de la section rédigent un compte rendu.» Lors des séances, la plupart du temps en sous-groupe, l’objectif est de travailler sur les pratiques syndicales et de proposer des pistes d’amélioration. «La phase de bilan est tout aussi cruciale.» La CFDT Île-de-France a fait le choix de conclure l’accompagnement par une assemblée générale d’adhérents, moment fédérateur qui permet aussi de revenir sur l’importance de cette mission. «L’accompagnement doit avoir un début et une fin, ajoute Yann Frioux. Car l’accompagnant travaille d’emblée à sa propre disparition. L’AG est une bonne façon de terminer la mission, de façon mobilisatrice et conviviale !»
Le réseau d’accompagnants de sections francilien est aujourd’hui composé de près de 50 militants réunis chaque trimestre pour faire le point sur leurs missions, réfléchir aux solutions à mettre en œuvre face aux situations rencontrées et répondre aux sollici-tations de plus en plus nombreuses des syndicats. Ceci d’autant qu’avec la création d’un onglet «J’active mon droit à l’accompagnement» sur l’espace réservé aux adhérents du site internet de la CFDT, la demande devrait croître encore.
Trois lettres, trois objectifs
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A Accompagner les équipes et militants grâce à un réseau d’accompagnants formés.
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R Mettre à disposition toutes les ressources de la CFDT au travers d’un espace dédié sur le site Internet cfdt.fr
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C Conseiller les équipes grâce à un réseau de militants ou pouvoir recourir aux services d'experts et d'avocats.

Témoignages
Marc Francon, Secrétaire général adjoint de la CFDT de l’Est francilien et accompagnant ARC
Quand as-tu décidé de devenir accompagnant ?
En Seine-et-Marne, nous voulions pouvoir avoir un référent capable de porter le dispositif auprès des équipes. J’ai participé à la toute première formation de l’Union régionale, sans vraiment savoir à quoi m’attendre ! Petit à petit, j’ai pu comprendre le fonctionnement du dispositif. Après avoir participé à l’accompagnement de deux sections, je comprends mieux le mode opératoire, l’organisation des séquences de travail. Et le fait qu’il faut savoir prendre le temps pour certaines étapes.
Peux-tu nous donner un exemple de votre accompagnement ?
À la suite du départ assez brutal de son secrétaire de section, l’équipe du groupement hospitalier de l’Est francilien (GHEF) s’est retrouvée démunie. Le travail était peu partagé, avec un risque fort d’épuisement, et avec un collectif qui n’avait que peu de temps pour se réunir.
Nous avons commencé par aborder la question de ce qu’était le travail de section. Les militants ont ensuite listé tout ce qu’ils avaient à faire, y compris les coups de balai. Ils se sont pleinement engagés dans cette séquence ! Et cela a permis ensuite de découvrir les envies de chacune et chacun, de révéler aussi certains d’entre eux et de les aider à la prise de responsabilité. Bref, de répartir la charge de travail et construire un collectif où chacun trouve sa place.
Qu’est-ce que cela t’apporte personnellement ?
C’est fascinant de voir comment un collectif se construit, parfois sous nos yeux. Avec le GHEF, à peine avions nous abordé un nouveau sujet, que, entre deux séances, l’équipe avait mis en place des actions pour le prendre en compte. Il faut aussi, et j’espère réussir à savoir le faire, être capable de sentir à quel moment on peut les laisser poursuivre seuls le travail.

Emmanuelle Vino Ngonda, Secrétaire de la section CFDT de l’hôpital Simone Veil à Eaubonne
Dans quel contexte es-tu arrivée à la CFDT ?
J’ai adhéré en 2019 et j’ai commencé à militer en 2021, après le Covid. J’ai repris la section à l’été 2022 à la suite du départ brutal de l’ancienne secrétaire de notre section en pleine campagne électorale de la fonction publique. Nous nous sommes retrouvés à onze adhérents. Avec mes deux collègues, nous avons mené un travail de terrain acharné et sommes finalement arrivés deuxième, avec cinq sièges.
Pourquoi avoir sollicité cet accompagnement ?
C’est un véritable défi d’animer une section qui compte aujourd’hui 60 adhérents et six militants. L’implication de tous est importante. Il faut aussi gérer les problèmes relationnels. J’avais tendance à tout faire, je risquais l’épuisement. Alors j’ai demandé à mon syndicat d’être accompagnée dans le cadre du dispositif ARC que je connaissais pour avoir moi-même été formée. L’objectif était de répondre à nos multiples questions sur le fonctionnement de la section, la place et le rôle de chacun et la manière de porter nos revendications vis-à-vis des agents et de la direction.
Comment se déroule l’intervention des accompagnants ARC au sein de ta section ?
Nous nous rencontrons en moyenne tous les deux mois en présence de l’ensemble des membres du bureau de la section. La parole est libre. Nous travaillons beaucoup en petits groupes, ce qui favorise une communication apaisée et une écoute active. Nous avons longuement échangé sur la répartition des missions et la responsabilité des militants et créé trois binômes autour de la gestion de la section, la communication et le développement syndical. Pour chaque thème, nous avons pris soin de lister les tâches à réaliser.
L’accompagnement, qui se termine, a été très bénéfique. Il nous a permis de comprendre les enjeux du fonctionnement de la section, d’améliorer l’animation du collectif, de mettre en place une permanence et des tournées de services, de préparer collectivement nos instances ou encore d’être plus efficaces dans la conception de nos tracts.
À titre personnel, j’ai mieux compris mon rôle de secrétaire de section, mais aussi celui de mon syndicat. J’ai appris qu’il fallait prendre du recul, organiser le travail tout en sollicitant les autres pour éviter le stress dû à la surcharge de travail. Une belle expérience qui va me conduire à accompagner à mon tour une section ou des militants qui en expriment le besoin.