
Brigitte, conviction et tenacité
Ses yeux brillent lorsqu’elle évoque son parcours. Après une scolarité chaotique, Brigitte Fourgereau intègre la Mutualité française et s’engage dans le syndicalisme. Grâce à la formation, à sa curiosité et sa détermination, cette coureuse de fond devient conseillère prud’homale puis présidente d’audience au conseil des prud’hommes de Paris. Elle anime et conçoit aussi des stages pour l’IREFE et la Confédération.

Issue d’une famille modeste – son père est peintre en bâtiment et sa mère aide-soignante –, Brigitte Fourgereau rêvait de devenir vétérinaire. Hélas, en fin de troisième, la filière scientifique lui est refusée. « Je ne connaissais même pas l’existence des conseillers d’orientation… Alors j‘ai suivi une copine au lycée agricole dans la Sarthe pour préparer mon brevet d’études professionnelles agricoles. Après l’obtention de ce diplôme, j’ai poursuivi pour obtenir le brevet de technicien agricole option secrétariat mais j’ai abandonné au bout d’un an pour ne pas être une charge financière pour mes parents. »
Logée chez sa soeur puis chez son frère, elle travaille dans une usine de parfum, puis dans un centre d’emballage de disques. En parallèle, elle se présente à tous les concours sans en réussir aucun. Brigitte, de nature pourtant optimiste, perd peu à peu confiance en elle.
Entrée à la mutualité
En 1983, Brigitte est embauchée comme décompteuse au service des professions libérales de la Mutualité française où elle trie et saisit les feuilles de soins, puis s’occupe du contrôle des demandes médicales. Au milieu des années 2000, elle évolue en tant qu’aide documentaliste, puis documentaliste, et enfin chargée de veille. Parallèlement s’amorce son parcours syndical : « Mon compagnon jouait au tennis avec le délégué syndical CFDT qui, en 1990, cherchait des candidats pour les élections. J’ai accepté sans rien connaître en pensant que je ne serais pas élue. » Déléguée du personnel, Brigitte participera aux négociations sur l’aménagement du temps de travail et les 35 heures. Quand elle découvre qu’elle a des droits à la formation, Brigitte s’inscrit pour obtenir une capacité en droit au Cnam. « J’ai été frustrée de ne pas finir mes études et je voulais faire une formation pour obtenir une équivalence du bac. Comme j’ai beaucoup apprécié ce premier cursus, j’ai enchaîné sur d’autres formations en cours du soir, qui m’ont permis d’obtenir un diplôme de niveau III. » Dans la foulée, elle apprend qu’elle peut être conseillère prud’homale. « Je voulais ce mandat. On peut défendre les gens dans un cadre plus large que celui de sa propre entreprise. Notre délégué syndical a proposé mon nom à notre syndicat. » Elle est élue en 2002.
Présidente d’audience et formatrice
On lui propose très vite de devenir présidente d’audience. « J’y suis allée la boule au ventre. Je ne me sentais pas suffisamment prête. Maintenant j’adore. Les situations sont très variées et enrichissantes. » Son mandat lui permet également, dans son entreprise, d’être en charge d’une veille documentaire en matière juridique et sur la formation.
En 2007, l’IREFE la contacte pour lui proposer d’animer des stages de préparation au mandat de conseiller prud’homal. « J’ai dit oui sans trop savoir où ça menait. J’ai suivi la formation d’animateurs qui était excellente. J’ai ensuite animé « Découverte de la CFDT » pour les nouveaux adhérents, et j’ai instauré mes propres règles comme les chouquettes à la charge de ceux qui arrivent en retard. » Brigitte devient tutrice puis élargit son champ aux formations des délégués du personnel puis aux mandats juridiques. « J’y consacre 100 % de mon temps syndical. Je dois beaucoup à la CFDT, mais je crois que je le lui rends bien ! »
Une affaire de rencontres
Lors d’un rassemblement des conseillers prud’hommes au château de Bierville (Essonne), Brigitte rencontre les responsables de la Confédération, qui lui demandent également d’animer. De fil en aiguille, elle se lance dans la conception de modules de formation (bureau de conciliation, rédaction de décisions, rupture du contrat de travail…). Elle obtient aussi son diplôme de conceptrice et, infatigable, prépare désormais un certificat d’« euroformateur » au sein de l’Institut syndical européen.