
Hubert Berger : La Bourse, c’est Hubert !
Secrétaire général adjoint de la Bourse du travail de Paris, Hubert Berger connaît cette institution sur le bout des doigts. Parmi ses combats ? Veiller à la reconnaissance de ce haut lieu du syndicalisme parisien mais aussi installer la CFDT à la place qu’elle mérite.

Stéphanois d’origine, Hubert Berger a un parcours pour le moins surprenant. Élève « pourri », comme il se qualifie, mais amoureux de la littérature et de la langue française, il intègre le Conservatoire national d’art dramatique de Saint-Étienne où il obtient un premier prix de diction, avant de partir, en 1967, pour son service militaire en Algérie, dans le désert du Tanezrouft. « C’était le bout du monde ! À mon retour, Mai 1968 a éclaté. Avec tout ce que j’avais vu et vécu là-bas, j’ai eu du mal à en comprendre les enjeux. »
Débuts dans l’assurance
Ce « gros fêtard curieux de tout » intègre la Macif à Lyon en 1978 en tant que gestionnaire de sinistres. « Je restais dans mon coin. Comme je n’arrivais pas toujours à l’heure, je n’ai eu aucune promotion. Je partageais le bureau du secrétaire du CE CFDT et j’ai donc adhéré, même si je regardais les choses de loin. » En 1987, la Macif se régionalise et il est muté sur le site d’Élancourt (Yvelines). « On manquait de monde dans les nouvelles instances représentatives du personnel et on m’a sollicité, mais je fuyais le “trop politique”, alors je me suis engagé au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. »
Responsabilités syndicales
Il exerce son mandat pendant sept ans. « Les sections syndicales, dans le milieu de l’assurance, ont des moyens humains et matériels importants, il est facile de rester isolé, mais je me suis quand même rapproché de mon syndicat. » Il devient représentant syndical puis intègre la commission exécutive du syndicat parisien des assurances, dont le secrétaire général était Régis Versavaud. « La Macif a été l’un des tout premiers groupes mutualistes à rejoindre ce syndicat », souligne-t-il. Il s’implique également au niveau territorial et devient membre de la commission exécutive de l’union départementale de Paris.
Un gestionnaire scrupuleux
En 1995, Michel Devacht, secrétaire général de l’Union départementale de Paris, lui propose un mandat à la Bourse du travail. Il se retrouve rapidement secrétaire général de la commission administrative. « Cette commission gère l’utilisation de la Bourse. Elle est composée de délégués désignés par les organisations syndicales représentatives. Mais jusqu’à la fin des années quatre-vingt, elle était contrôlée par la CGT qui détenait 80 % des locaux et des subventions. Il a donc fallu mettre un pied dans la porte. »
Le premier mandat d’Hubert est particulièrement difficile. « J’ai eu l’impression d’entrer dans un champ de mines avec en permanence la menace d’un coup de poignard dans le dos. Mais je m’en suis sorti car j’ai géré l’institution de façon sérieuse et respectueuse, je crois, en associant tout le monde. »
Une institution parisienne
Avec ses trois immeubles, ses 400 bureaux et 26 salles de réunion dont deux de plus de 500 places, la Bourse du travail est un haut lieu du syndicalisme parisien. « Dans la salle historique Ambroise-Croizat, à côté du buste de Jean Jaurès, on trouve la cloche “des séances”, qui servait à ramener le calme lors des réunions syndicales un peu trop animées. Jaurès lui-même l’aurait utilisée, s’enthousiasme Hubert. Sur la façade, on peut encore voir les impacts de balles lors de la Libération… Elle a parfois été occupée, comme par les sans-papiers en 2008. La Bourse, c’est aussi l’histoire de Paris ».
Outre la gestion des salles et d’un budget important, Hubert travaille d’arrache-pied pour faire fructifier l’héritage de la Bourse auprès de la Ville. « Il y a un côté solennel, une image institutionnelle à préserver et une représentativité du monde syndical parisien, raison pour laquelle il est impératif que la CFDT y occupe toute sa place. » Hubert, qui a reçu la médaille de la Ville de Paris, est également assesseur au pôle social du tribunal judiciaire, qui gère les litiges entre les salariés, les employeurs, la Sécurité sociale… « Gérer la bourse est un investissement personnel, une reconnaissance syndicale et un acte politique. Tout cela est passionnant. » À tel point que pour la CFDT, mais pas seulement semble-t-il, « la Bourse, c’est Hubert ! ».