Marie-Christine, l’ADN militant
Mandatée à la CPAM de Seine-et-Marne, Marie-Christine a été la première femme cheffe de file de notre région pour ce mandat. Institutrice de métier, cette militante passionnée met toute son énergie au service des autres : assurés sociaux, mandatés de la protection sociale, mais aussi militantes et militants de l’interprofessionnel… Elle ne compte ni ses heures, ni ses convictions.
Chez les Oudart, le militantisme est une histoire de famille. Le grand-père de Marie-Christine, typographe à la Voix du Nord, était syndicaliste CFTC, son père technicien PTT et président, dans les années soixante-dix, de l’union départementale CFDT des Côtes-d’Armor, engagé à l’Action catholique ouvrière. À Lannion, Marie-Christine grandit entre tracts, affiches, occupations d’usines et soupes populaires. « Avec mon frère et ma sœur, on jouait dehors pendant que les adultes s’organisaient ; en 72, on a beaucoup ri en chantant : Au Joint français, les ouvriers bretons disent merde au patron ! », se souvient-elle. Revendications et convivialité allaient de pair : les luttes sociales se terminaient souvent en danses bretonnes.
Avec les jeunes
Après un début d’études de droit à Rennes, elle s’oriente vers l’animation socio-culturelle, puis part à Paris préparer un diplôme en carrière sociale. « J’étais la plus jeune de la promo, le diplôme d’État n’existait même pas encore ! » Très vite, elle réussit le concours d’institutrice et débute à l’établissement régional d’enseignement adapté de Chamigny, auprès de jeunes en difficulté. « Je ne connaissais personne. Pendant un an, j’ai dormi à l’infirmerie », sourit-elle. Deux ans plus tard, elle termine sa formation à l’École normale avec un double mémoire sur les déficiences visuelles et auditives, alliant pédagogie et intérêt pour les jeunes à besoins spécifiques.
L’interpro, une richesse
La CFDT n’est jamais loin. Dès sa première affectation à Melun, Marie-Christine adhère et commence à militer : élue aux élections professionnelles, dans les commissions paritaires, elle devient responsable du SGEN de Seine-et-Marne puis siège au conseil fédéral. Et bien sûr, elle rejoint aussi très vite le conseil de l’union départementale et prend des responsabilités dans l’interprofessionnel. « Ça a été un vrai coup de cœur, découvrir d’autres métiers, d’autres réalités… C’est une vraie richesse ! » En 2001, elle accepte un mandat à la caisse primaire d’assurance maladie. En 2005, elle devient cheffe de file et explore tous les leviers souvent méconnus de ce mandat qui offre la possibilité de peser sur les choix en matière de subventions aux associations, critères d’attribution ou encore publics bénéficiaires. Par exemple, sa caisse propose des aides pour prendre en charge les frais de transport de personnes isolées ne pouvant emprunter les transports en commun pour se rendre à un rendez-vous médical ou accéder aux soins.
Faire collectif
Pas simple de tout concilier, reconnaît la responsable interpro : « Je me demande parfois comment j’ai pu passer tant de soirées en réunion tout en élevant mes deux enfants… » Lucide sur les combats menés, elle rappelle aussi celui de la place des femmes : « On a trop tardé. Certaines d’entre nous n’ont pas eu ma chance et ont dû renoncer. » L’échange est, pour elle, le moteur de l’action militante : « Prendre le temps d’écouter, de comprendre, débattre, c’est essentiel. Et s’accorder des temps conviviaux, des parenthèses pour souffler un peu, aussi. Sans oublier, toujours, de mettre les mains dans le cambouis ! » dit-elle en repensant aux heures passées à plier le journal du syndicat pour l’envoyer aux adhérents.
À l’approche de la fin de son mandat en 2026, Marie-Christine prépare la relève avec soin. « J’ai tenu à faire un tuilage. Mes débuts ont été difficiles, je ne veux pas que ça se reproduise. » En Bretagne, où elle prévoit de repartir s’installer, difficile de l’imaginer inactive. Elle sourit : « pour l’instant, je ne sais pas encore ce que je ferai. Mais je trouverai bien. »