Établissement Français du sang : avis de tempête

Publié le 05/07/2022

Salaires gelés depuis 14 ans, trois métiers rémunérés en dessous du SMIC, conditions de travail qui se dégradent, l’Établissement français du sang (EFS) peine à recruter, et pour cause. Plus de 400 postes, sur les 9 500 existants, sont aujourd’hui à pourvoir : techniciens de laboratoires, infirmières, médecins, chauffeurs assurant le transport de sang… Une situation qui nuit à tout le monde : si les travailleurs de l’EFS sont en souffrance, la pénurie d’effectifs a également des effets très concrets sur le stock de poches de sang, qui est dans le rouge.

« La qualité de la prise en charge et de la sécurité des donneurs et des patients n’est plus assurée. Les donneurs sont là, mais nous ne sommes pas assez nombreux pour les recevoir, alors ils partent, certains d’entre eux ne reviendront plus », explique Benoît Lemercier, délégué syndical central de la CFDT-EFS. Plusieurs collectes ont déjà été annulées cette année : cela se traduit par des milliers de poches en moins et des phénotypes en tension, qui ne vont pas permettre de passer l’été, une période où les besoins en sang sont supérieurs, sereinement.

IMG 2549 

Alors, que faire pour éviter qu’un établissement d’excellence comme l’EFS se dégrade et, plus loin encore, que la dépendance de la France en médicaments dérivés du sang provenant de l’étranger s’accentue ? « Il est impératif de recruter, mais nos salaires ne sont pas attractifs, nous n’avons pas eu droit à des revalorisations, ni au Ségur de la santé. Nous sommes des salariés du privé, mais l’Etat est notre employeur. Il est au courant de notre situation, mais nous renvoie constamment vers les négociations annuelles obligatoires, qui n’ont jamais lieu sous différents prétextes », poursuit Benoît Lemercier.

Lasse de tirer la sonnette d’alarme, la CFDT a appelé à la grève le 30 juin dernier. Soutenue par l’Union régionale Île-de-France, la fédération CFDT Santé sociaux, les syndicats départementaux, la mobilisation avait pour objectif de mettre le dialogue social à nouveau au programme face à une direction qui, pour l’instant, fait la sourde oreille. Affaire à suivre.

IMG 0314