Fonction publique 2026 : rassembler, convaincre et développer
Toute la CFDT se mobilise pour le scrutin de décembre 2026, moment clé pour la représentativité dans les trois versants de la fonction publique – État, hospitalière et territoriale. En Île-de-France, la campagne interprofessionnelle s’organise autour d’un plan d’action construit collectivement, qui vise à renforcer la proximité, la coordination et le développement syndical sur tout le territoire francilien.
En 2022, la CFDT, en Île-de-France avait consolidé sa place de deuxième organisation syndicale dans la fonction publique territoriale francilienne, progressant dans plusieurs départements, comme la Seine-et-Marne et les Hauts-de-Seine. Elle était également en forte dynamique dans l’hospitalière, où elle a pris la deuxième place occupée auparavant par Sud-Solidaires. Les résultats ont été plus contrastés dans la fonction publique de l’État, avec quelques réussites, notamment dans les CSA d’universités. Les défis à relever sont donc nombreux : abstention importante, besoin de visibilité, développement des implantations. L’ambition régionale est claire : faire progresser la CFDT dans tous les versants de la fonction publique et devenir première organisation en Île-de-France.
Un plan construit collectivement
Pour bâtir ce plan d’action, l’Union régionale a réuni les syndicats franciliens afin d’échanger sur le bilan, sur les actions menées dans le passé et sur les bonnes pratiques. « Nous sommes partis du terrain, des attentes des équipes vis-à-vis de l’interprofessionnel », explique Nathalie Hocdé, secrétaire régionale et responsable de la campagne. « Les priorités sont claires : agir en complémentarité avec les équipes de terrain, les fédérations, la CFDT Fonctions publiques et la confédération, développer la visibilité et renforcer la proximité. »
En 2022, plus de 100 000 électrices et électeurs franciliens n’avaient pas pu voter CFDT faute de listes déposées. L’objectif : accompagner les équipes pour que chaque agente, chaque agent puisse voter CFDT, en apportant un soutien concret, de la formation et des moyens adaptés.
Villes orange et mobilisation
Les opérations Villes orange restent au cœur de la stratégie francilienne. Ces journées d’action réunissent militants du public et du privé autour de cités administratives, hôpitaux et administrations locales. Il s’agit d’aller à la rencontre des agents, créer du lien et montrer une organisation solidaire et visible. Pour cette campagne, le camion CFDT Île-de-France accompagnera ces temps forts comme outil mobile de présence et de dialogue. Des rencontres trimestrielles des équipes auront aussi lieu dans les territoires.
Soutien à la campagne
Le public des agents techniques d’accueil et de service dans les lycées franciliens constitue un volet particulier du plan régional (cf. interview ci-dessous de Martial Meziani). Comme en 2022, l’Union régionale s’engage aux côtés de la coordination « lycées » des syndicats Interco pour soutenir leur campagne auprès de ces agents employés par le Conseil régional en charge de la propreté, des cantines, de l’accueil, souvent dispersés et isolés sur le territoire. « L’appui de l’interprofessionnel vise à renforcer le réseau de militants mobilisés sur l’ensemble des territoires de la région », précise Nathalie.
Formation et communication
La formation syndicale constitue un appui concret : elle permet aux militants de mieux dialoguer avec les agents, de comprendre les enjeux des fonctions publiques et de se sentir confiants dans leur rôle. L’Union régionale a conçu un programme dédié, en complément des formations fédérales. Des rencontres seront également organisées dans le cadre du dispositif ARC, avec le cabinet Syndex et le réseau d’avocats Avec, sur des thèmes tels que retraites, contractuels, handicap ou reclassement.
L’appui proposé en matière de communication viendra en soutien de la stratégie des équipes et apportera des outils, comme des vidéos ou supports valorisant leurs actions et candidats.
Renforcer la représentativité et le développement
La campagne francilienne reste avant tout tournée vers les agents et le terrain. Chaque action vise à soutenir les équipes et à rapprocher la CFDT des agents. « L’enjeu est clair : renforcer notre représentativité et développer notre organisation dans les trois versants de la fonction publique conclut Badiaa Souidi, secrétaire générale de la CFDT Île-de-France. En étant présents, visibles et proches des agents, nous pouvons réellement faire la différence. »
Entretien
Martial Meziani, coordinateur “Lycées” pour la section du Conseil régional d’Île-de-France
Quelle était la situation lorsque tu as débuté il y a 4 ans ?
Le Conseil régional emploie près de 10 000 agents : 2 000 au siège et environ 8 000 dans les lycées franciliens – cuisiniers, magasiniers, agents d’entretien, d’accueil ou de maintenance. Ceux-ci dépendent administrativement de la Région, mais leur travail quotidien est encadré par les gestionnaires d’établissements issus de l’Éducation nationale. Cette double hiérarchie entraîne souvent un manque de reconnaissance, des conditions de travail difficiles et parfois des situations de harcèlement ou de non-respect des restrictions liées à la santé. Quand on a commencé, la CFDT était la 4e organisation à la Région Île-de-France, peu connue des agents des lycées. Notre priorité a été de redonner de la visibilité et recréer du lien avec ces personnels.
Quel rôle a joué l’Union régionale dans cette dynamique ?
L’Union régionale a été un vrai point d’appui. Elle nous a aidés à structurer notre démarche et nous a accordé une subvention qui a notamment permis aux militants de se déplacer là où la CFDT était peu présente. Nous avons ainsi multiplié les heures d’information, en axant notre intervention sur les conditions de travail concrètes des agents plutôt que la présentation de notre organisation. Cette approche de la proximité a changé notre image : les agents nous disent souvent « vous posez les vraies questions », signe qu’ils se sentent enfin écoutés. L’Union régionale nous a aussi soutenus dans la communication, en réalisant de courtes vidéos des candidats. Les agents se sont reconnus, car ils partagent les mêmes réalités.
Quels résultats avez-vous obtenus et quelles sont les prochaines étapes ?
Les résultats sont là : la CFDT est passée de la 4e à la 2e place aux dernières élections professionnelles. Nous avons gagné en visibilité grâce à nos actions de terrain et à des supports concrets – goodies CFDT et tracts revendicatifs – qui ont ouvert un vrai débat sur le rôle de la Région comme employeur.
Pour la campagne 2026, nous voulons poursuivre sur cette lancée : multiplier les déplacements des militants sur le terrain, développer nos outils de communication et notamment les vidéos. Notre objectif reste le même : défendre les agents des lycées, leur donner toute leur place et rappeler à la Région qu’elle doit pleinement assumer ses responsabilités d’employeur.
Entretien
Sophie Lambert, Secrétaire générale du syndicat Santé-Sociaux des Yvelines
La Ville orange de Versailles a été un temps fort de la campagne 2022. Qu’est-ce que cette initiative a représenté pour vous ?
Ça a été un moment vraiment marquant. Une centaine de militantes et militants issus de 17 syndicats, du public comme du privé, ont sillonné les rues de la ville pour aller à la rencontre des agents et des salariés. Nous sommes notamment passés par les services du centre hospitalier, où travaillent plus de 3 000 agents. Montrer la force collective de la CFDT sur le terrain a permis de convaincre, de créer du lien et de donner envie de s’engager. Faire valoir les droits des agents, c’est aussi ça : être présent, aller vers eux, même quand on n’a pas toutes les réponses. Le terrain, ça paye toujours.
Tu évoques la complémentarité entre militants. En quoi a-t-elle compté pour cette campagne ?
On a une vraie richesse collective. À l’époque, j’étais secrétaire de la section de l’hôpital de Meulan-les-Mureaux et militante au comité de gestion des œuvres sociales de la fonction publique hospitalière. Le fait de rassembler des militants venus d’horizons différents – hôpital, privé, Interco… – change tout ! On apprend les uns des autres, on échange, et ça crée une véritable entraide. Quand je suis devenue secrétaire générale, je connaissais déjà des militants de l’interprofessionnel à Trappes et de plusieurs secteurs : cette expérience m’a aidée à m’intégrer.
L’interprofessionnel a aussi participé à la conception de vos affiches. Comment ce travail commun s’est-il concrétisé ?
Les affiches, illustrées avec humour par le dessinateur Wingz, ont eu beaucoup de succès ! Les agents s’y sont reconnus, elles parlaient d’eux. Une militante de mon syndicat a participé au groupe de travail piloté par l’Union régionale, et chacun a apporté son regard. Le résultat nous ressemblait : des thèmes concrets – gestion des plannings, télétravail, droits des contractuels, bilan du Ségur, polyvalence sauvage – et un ton accessible. Tout le monde a eu envie de les distribuer, et on en était fiers. Pour la prochaine campagne, je veux qu’on garde cette dynamique et qu’on renforce nos implantations, notamment à Versailles.