Les mouvements sociaux s’intensifient en Île-de-France
L’Île-de-France connaît depuis quelques mois une intensification des mouvements sociaux, protestations, préavis de grève et journées de mobilisation… Le tout se déroule dans un climat tendu, marqué par des restrictions budgétaires, des coupes dans les services publics et une forte demande de revalorisation des salaires. La CFDT Île-de-France s’est tenue aux côtés des équipes mobilisées.
• Grève à l’établissement français du sang • Mobilisation des salariés de la propreté devant l’hôpital Bichat • Action de la CFDT Propreté devant le siège de TotalEnergies
Colère, ras-le-bol… depuis quelques mois et en particulier depuis juillet, où le gouvernement a présenté un projet de budget pour 2026 prévoyant des économies significatives dans plusieurs secteurs clés (santé, éducation, fonction publique…), le sentiment d’injustice chez les travailleuses et les travailleurs grandit. Parmi les mesures controversées : doublement des franchises médicales, pression accrue sur les effectifs hospitaliers, précarisation dans certaines fonctions publiques, fin des abattements pour les retraités…
À ces tensions se sont ajoutées des difficultés croissantes, voire des blocages, dans le dialogue social au sein de nombreuses entreprises et administrations. Face à ces impasses, les mobilisations collectives ont pris le relais. La CFDT Île-de-France a répondu présente, en soutien aux équipes qui l’ont sollicitée.
L’information en danger
Les salariés de Radio France, l’INA et France Télévisions avec l’appui de nombreuses organisations dont la CFDT, se sont mobilisés, le 30 juin contre le projet de fusion de l’audiovisuel public porté par Rachida Dati, ministre de la Culture. « Ce projet soulève de vraies inquiétudes : gouvernance trop centralisée, réductions de moyens, précarité croissante et menace sur la liberté de l’information », explique Renaud Dalmar, délégué syndical central de Radio France. Si le projet a été suspendu grâce à une motion de rejet déposée par Europe-Écologie — les Verts adoptée à l’Assemblée nationale le 30 juin, il reste en suspens et pourrait revenir à l’Assemblée nationale… une fois les urgences traitées (PLFSS, budget…).
Le secteur de la presse et de l’information traverse de manière générale une période de fortes turbulences : plans d’économies, suppressions d’emplois, les menaces sur la pérennité de certains titres préoccupent tout autant que la question de l’indépendance éditoriale, fragilisée par des rachats de médias par des millionnaires ne cachant pas des orientations politiques d’extrême droite.
Dernier exemple en date : la rédaction du Parisien, mobilisée contre une possible revente à Vincent Bolloré. Affaire à suivre de près.
Salariés et agents de la santé
Les équipes de l’établissement français du sang (EFS), en grève depuis le 24 juin dernier à l’appel d’une l’intersyndicale, ont obtenu grâce à leur mobilisation des avancées notables : une prime exceptionnelle et l’ouverture de négociations pour un nouvel accord d’intéressement. La CFDT, très impliquée dans ce conflit, a été force de proposition. « L’objectif était d’obtenir du concret avant le 15 juillet, date de fin de notre préavis – et c’est gagné ! », a déclaré Benoît Lemercier, délégué syndical CFDT de l’EFS.
Fin août, les syndicats de l’AP-HP, dont la CFDT, ont déposé un préavis de grève pour le 10 septembre, en réaction à un plan d’économies du gouvernement. Ils dénoncent les réductions budgétaires, le doublement des franchises médicales et, plus globalement, la dégradation du service hospitalier et des conditions de travail. Ce mouvement s’est inscrit dans une mobilisation plus large contre l’austérité.
Prestataires de la propreté
Dès le 1er juillet, plus de 80 salariés de la société Arc en Ciel, transférés vers Elior Santé à l’hôpital Bichat (AP-HP), ont entamé une grève, à l’appel du syndicat francilien de la propreté. Les revendications : maintien des droits existants après transfert (conditions de travail, représentation syndicale, acquis sociaux), refus des mutations imposées unilatéralement et mise en demeure de la direction pour engager des négociations. Cette mobilisation aura mis en lumière les failles des contrats de délégation ou externalisation de services, tout en montrant la capacité de la CFDT à fédérer les salariés autour d’enjeux concrets : après deux jours de grève, ceux-ci ont obtenu gain de cause.
La CFDT Propreté Île-de-France a également accompagné les salariés de Samsic, prestataire de nettoyage de TotalEnergies, dans une mobilisation initiée avant leur transfert vers Onet, le 1er octobre. Le mouvement de grève entamé quelques jours avant ce transfert a connu un taux un taux de participation de 70 %. Les salariés demandaient le maintien des avantages acquis et des engagements écrits de la part de Onet, en particulier quant à leur reprise dans le futur site de TotalEnergies, la tour « The Link », appelée à regrouper l’ensemble des sites actuels. Ils ont également vu leurs revendications satisfaites.
Le fort taux de mobilisation aussi bien à Bichat que chez TotalEnergies montre que le respect des droits lors des transferts d’employeurs et plus largement la considération des travailleuses et travailleurs issus des entreprises prestataires par les grandes entreprises donneuses d’ordre, représentent aujourd’hui des enjeux importants.
Ces mouvements sociaux en plein été puis à la rentrée, période qui n’a jamais été propice à la mobilisation, reflètent une impatience et une inquiétude grandissantes aussi bien des agents publics que des salariés qui ne veulent plus attendre, surtout dans un contexte où le coût de la vie augmente, et où les annonces gouvernementales, à de rares exceptions près, sont perçues comme des reculs.